Plus discrètement que les partis à la gauche de Gérard Collomb, l'UMP et l'UDI mènent actuellement des négociations pour tenter de monter une liste commune dès le premier tour. À l'heure actuelle, les tractations de couloirs sont dans l'impasse. L'UDI ne se sent pas respectés par Michel Havard.
"Un coup, on avance, un coup on recule", sourit un élu centriste lyonnais. Les négociations entre l'UMP et l'UDI s'enlisent depuis quelques jours. Les centristes de Christophe Geourjon reprochent à Michel Havard de leur proposer un accord inacceptable. L'UMP s'insurge devant les demandes exagérées de leur hypothétique partenaire. Les troupes du candidat de la droite s'étranglent aussi sur les réelles intentions de l'UDI. Tour d'horizon des principaux points de blocage
- Broliquier sème la zizanie
Comme pour le MoDem de 2008, de nombreux courants et tout autant de stratégies traversent le centre lyonnais. D'un côté leur chef de file, Christophe Geourjon, prône pour une alliance dès le premier tour avec Michel Havard. Denis Broliquier adopte lui une attitude plus ambivalente. "Tout se passait bien jusqu'à son arrivée dans les négociations", peste un proche de Michel Havard. "La vraie négociation doit avoir lieu en interne à l'UDI. Broliquier, un jour il adhère à l'UDI, le lendemain, il s'en éloigne. Aujourd'hui qu'il se rend compte qu'il n'a pas les moyens de partir seul, il revient", poursuit un cadre UMP. L'implication du maire du 2e arrondissement fait aussi rejaillir des tensions internes à l'UDI. Le passé "milloniste" de ce dernier n'est toujours pas oublié. "J'ai du mal à m'impliquer dans la défense des intérêts de Denis Broliquier. Intégrer l'UDI ne suffit pas à les rendre fréquentable", s'étrangle un centriste lyonnais. Le précédent de 2008 est aussi dans la tête des centristes comme de Michel Havard. Après avoir fait alliance avec Dominique Perben, les millonistes s'étaient ensuite désolidarisés du groupe municipal pour monter le leur. Dans les négociations actuelles, l'UMP tente donc de s'arroger la majorité des élus dans tous les arrondissements. Denis Broliquier, appuyé par l'UDI, refuse cette mise sous surveillance. "Il pousse pour que les négociations n'aboutissent pas. Il demande des conditions inacceptables", regrette l'entourage de Michel Havard.
- Les demandes de l'UDI sont-elles raisonnables ?
L'UDI demande à l'heure actuelle au moins trois arrondissements sur les neuf. Le 2e pour Denis Broliquier, le 7e pour son chef de file Christophe Geourjon et le 3e pour la conseillère municipale Fouzya Bouzerda. À l'heure actuelle, Michel Havard ne leur proposerait que de reconduire le maire sortant du 2e arrondissement. Dans le 7e, le candidat UMP pousse pour une liste menée par l'une de ses soutiens de toujours Laure Dagorne. Dans le 3e, la première position est promise au conseiller d'arrondissement Pierre Bérat. En compensation, la tête de liste dans le 9e arrondissement a été proposée à Fouziya Bouzerda. L'élue centriste l'a refusée. L'UDI a, en revanche, accepté de laisser la tête de liste et la mairie d'arrondissement du 6e à l'UMP. "Michel Havard leur a fait des propositions et aujourd'hui ils en demandent toujours plus", regrette un élu UMP.
"Pour le moment, je ne suis pas du tout satisfait. Un partenariat se fait en respectant des équilibres et ils ne sont pas réunis. Les discussions ne sont pas rompues. La constitution des listes penche trop en faveur de l'UMP. Elle ne me satisfait pas. Nous ne sommes pas non plus encore d'accord sur le programme et sur la manière dont nous ferons campagne. Même un centriste peut parfois être rigide", glisse malicieusement Christophe Geourjon. Les centristes menacent donc maintenant de partir en autonome. "Une liste d'union maximise nos chances d'être en position de gagner la ville. Si nous ne trouvons pas de solutions, la désunion favorisera Gérard Collomb. Mais nous ne porterons pas la responsabilité de la division", assène Christophe Geourjon. "Michel a mis sa proposition sur la table. Elle est à prendre ou à laisser. S'ils veulent partir seuls, on va pouvoir se compter. Ils n'ont aucun militants, pas de force de frappe et que des élus", tacle un élu UMP pour qui l'UDI reviendra à la raison de peur de ne pas atteindre le seuil critique des 10%. Pour faire pression, les centristes laissent fuiter une troisième option : une liste montée en sous-main par Michel Mercier qui finirait par rallier Gérard Collomb au soir du premier tour. Les négociations en sont encore à l'heure du poker menteur.
- un calendrier serré
Michel Havard présentera ses listes le 2 décembre prochain. Il ne lui reste donc qu'une dizaine de jours pour boucler son alliance avec les centristes et réussir à unir la droite lyonnaise : un problème insoluble depuis la campagne de Barre en 1995. Les centristes se montrent, eux, plus patients. C'est aussi une manière de négocier et de forcer la main à Michel Havard pour qui le temps joue en sa défaveur. "Ce n'est pas plus dur qu'en 2008. Il y a toujours des moments tendus dans ce type de négociations. La volonté d'aboutir est toujours partagée mais les règles sont encore à géométrie variable. Il n'y a pas besoin de s'affoler, nous avons le temps de nous mettre d'accord. Nous partirons unis après les vacances de Noël", prévoit un habitué UDI de ces tractations. Christophe Geourjon voudrait lui aller beaucoup plus vite : "On commence à être dans un timing qui nécessite de prendre une décision". "Tout le monde veut être élu et au final, tous mettront leur poing dans leur poche", constate un brin amer un élu centriste.