UBS: un banquier lyonnais pris la main dans le sac en Suisse

Info Lyon Capitale - Selon nos informations, un chargé d'affaires français de l'agence lyonnaise de la banque suisse UBS a été pris en flagrant délit sur une opération "offshore" en Suisse, autrement dit un cas présumé d'évasion fiscale. Il a été licencié par la banque ainsi qu'un autre cadre de la succursale lyonnaise. UBS est visée en France par une enquête judiciaire pour des faits de blanchiment de fraude fiscale. Explications.

Le 26 septembre dernier, un cadre lyonnais de la banque suisse UBS a accompagné un client français afin de l'aider à régulariser sa situation fiscale. Dénoncé par ses confrères helvètes, les responsables français de l'UBS ont diligenté une enquête interne sur cette opération "offshore". Le bureau lyonnais de l'UBS est depuis dans la tourmente.

Licenciements

Le chargé d'affaires français qui s'est livré à cette intrusion en Suisse a été licencié, ainsi qu'un autre cadre de l'agence de Lyon, pris lui aussi dans la tempête et lâché par sa hiérarchie alors qu'il était étranger à cette opération du 26 septembre en Suisse.

Ce dernier a néanmoins signé une lettre d'adieu sans amertume à tous ses collègues à l'UBS : "Si l'on m'avait dit, il y a quelques semaines, que je devrais me prêter à cet exercice j'aurais ri à cette blague. C'est néanmoins désormais une réalité pour moi, pour mes collègues de Lyon ainsi que pour toutes celles et ceux avec lesquels j'ai eu plaisir de travailler (...) La page va se tourner de façon pour le moins... inattendue. C'est donc avec une grande émotion que je vous souhaite une bonne continuation au sein de cette "belle banque" qu'est UBS France..."

Enquête judiciaire

En France, dans le contexte de l'affaire Cahuzac et d'une chasse généralisée à la fraude fiscale, UBS se débat depuis de longs mois, après les révélations qui ont mis au jour l'existence du système du "carnet du lait" qui permettait d'opérer en toute illégalité l'évasion fiscale vers la Suisse de nombreux contribuables français.

Le "carnet du lait" permettait en effet d'entretenir une double comptabilité et d'enregistrer les opérations occultes des avoirs français transférés vers l'étranger. Des commerciaux suisses de la banque opéraient également en France, dans la plus stricte clandestinité, afin d'inciter de riches clients à soustraire une partie de leur fortune au fisc français.

Ces faits ont été dénoncés à l'Agence de contrôle prudentiel (ACP), le gendarme des banques, via une note anonyme transmise par d'anciens salariés de l'UBS en 2011. L'ACP avait adressé une amende de 10 millions d'euros à la banque en fustigeant son "laxisme" à empêcher ces opérations commerciales douteuses. Depuis, une enquête a été confiée à deux juges d'instruction parisiens pour blanchiment de fraude fiscale et démarchage bancaire illicite. L'UBS risque ni plus ni moins la perte de sa licence bancaire en France. L'enjeu n'est pas nul. Cela signifierait la fermeture de l'un des premiers marchés européens.

À point nommé

Du coup, ces deux licenciements intervenus au sein de sa succursale lyonnaise tombent à point nommé pour la banque suisse, qui a besoin de démontrer sa bonne foi aux autorités françaises. Car la banque espère une issue négociée en France, dans le cadre d'une procédure de comparution sur procédure préalable de culpabilité (le plaider-coupable), ce qui lui éviterait un douloureux procès, tant pour l'image que pour le risque pénal encouru.

Soupçon

L'agence de Lyon a été dans le viseur des juges parisiens qui avaient perquisitionné les discrets locaux de la banque à deux pas de la place Bellecour (photo ci-contre) et avaient placé le directeur de l'agence de Lyon. Celui-ci avait farouchement nié avoir facilité l'évasion fiscale en tant que responsable de l'agence de Lyon.

Cette nouvelle affaire d'un cadre français opérant en Suisse pour le compte d'un client français vient raviver le soupçon d'opérations bancaires douteuses réalisées depuis l'agence de Lyon.

Les clients français qui sont dans l'illégalité "exercent une pression folle sur les chargés d'affaires pour qu'ils régularisent leurs situations. Ils sont en situation de stress vis-à-vis des risques qu'ils encourent. Mais il y a également une pression qui s'exerce par la banque en Suisse, qui nous demande de récupérer à tout prix nos clients illégaux !" s'agace une source au sein de la banque. En licenciant deux cadres de la banque, Jean-Frédéric de Leusse, le patron de la filiale française de la banque helvète, démontre aux autorités françaises que l'UBS est décidée à faire le ménage dans ses rangs.

Gageons qu'avec ces nouveaux développements les juges parisiens en charge de l'enquête pénale vont de nouveau se pencher sur les opérations du bureau lyonnais de l'UBS.

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