Pour Lyon Capitale, Philippe Grillot a accepté de revenir sur les dernières heures de sa présidence de la CCI. Au dernier moment, il a cherché à repousser la date de sa démission, dans un ultime sursaut d'orgueil. En vain.
"Soulagé et écoeuré", répond Philippe Grillot quand nous le sondons sur son état d'esprit. Au lendemain de son éviction de la présidence de la CCI, c'est à deux pas de son ancien bureau qu'il nous donne rendez-vous pour revenir sur ses dernières heures en tant que président de la CCI. Dans les coulisses du patronat lyonnais, il a tenté un ultime coup de bluff pour se donner une dizaine de jours de sursis. "Je savais que j'étais condamné à démissionner mais je ne voulais pas mourir quand eux l'avaient décidé", souligne Philippe Grillot. Un "eux" qui englobe le Medef et la CGPME qu'il juge responsables de sa mise sur la touche. Il va donc tenter de s'engouffrer dans une brèche juridique. Quand François Turcas présente, le 19 novembre, au Préfet la démission des membres du bureau, le sort de Philippe Grillot est pourtant scellé. "Jean-François Carenco a mis la lettre sous le coude jusqu'au 28 novembre où il a écrit à tous les vice-présidents de la CCI pour leur dire qu'il entérinait leur démission et qu'il inscrivait donc l'élection d'un nouveau président à l'ordre du jour", narre Philippe Grillot.
Une procédure mal respectée ?
La CCI étant sous la tutelle de la Préfecture, Jean-François Carenco est, en effet, légitime comme arbitre de la nouvelle "guéguerre" patronale. Un délai de cinq jours doit toutefois être respecté entre la modification de l'ordre du jour et la tenue de l'assemblée générale. En l'occurrence, le délai rend possible l'organisation de l'élection le... 3 décembre, au lendemain de l'assemblée générale de la CCI de Lyon. "Je me suis dit que j'allais m'amuser. Je préférais partir à une date que j'avais décidée plutôt que celle voulue par les organisations patronales... Je n'avais pas envie de m'accrocher à ce poste de président dans un tel climat d'adversité mais je voulais au moins que le droit soit respecté", poursuit Philippe Grillot. Il intente donc deux référés au tribunal administratif.
Un sursaut d'orgueil en vain
"Je suis débouté mais l'ordonnance me confirme comme le patron de l'assemblée générale. Le lundi à 10h30, j'ai donc appelé le Préfet pour lui dire que j'avais conscience d'être condamné, que je ne résisterai pas mais que mon départ devait se faire dans les règles et que je convoquerai une nouvelle assemblée générale pour procéder à l'élection d'un nouveau président dans une dizaine de jours. Il me dit d'accord. Deux heures plus tard, après avoir échangé avec les organisations patronales, il revient sur sa décision et me dit que si je ne demande pas l'élection en séance d'un nouveau président, son représentant le fera". À deux heures du début de l'assemblée générale, le suspense prend fin.
La Préfecture obligée de prendre la main
Pour rajouter un peu d'ambiance à un climat déjà bien pesant, la séance s'ouvre par une minute de silence pour un ancien élu décédé. Philippe Grillot tente alors par sa pirouette juridique de se donner dix jours de délai. La représentante du préfet, devant son refus de procéder à l'élection de son successeur, prend alors le contrôle des débats. Avec 47 voix, Emmanuel Imberton devient le nouveau président de la CCI. "Avant de partir, j'ai tenu à prononcer un discours pour dire tout le plaisir que j'ai eu à travailler à la CCI et je leur ai souhaité bon vent. Alors que j'ai été crucifié par ces mêmes élus, ils m'ont applaudi", sourit Philippe Grillot. Le président démissionné y voit une marque d'estime quand certains élus manifestaient leur soulagement de voir une situation embarrassante enfin réglée après trois semaines de crise institutionnelle à la CCI.