Comme chaque saison, le Festival de musique baroque de Lyon atteint son point d’orgue en décembre : un calendrier de l’Avent rythmé par cinq rendez-vous aux parfums prénatals. Premier concert, ce dimanche, à l’Auditorium.
La période des fêtes rime souvent avec musique baroque : rien de tel qu’un petit Haendel, Vivaldi ou Bach pour se mettre dans l’ambiance, décorer un sapin en attendant les premiers flocons. Si cette image d’Épinal a quelque chose de proprement désuet, elle n’en demeure pas moins une recette éprouvée. Eh oui, il y a un temps pour tout, et celui du baroque est arrivé.
On démarre en grande pompe avec le chef-d’œuvre du premier baroque, les Vêpres de la Vierge de Claudio Monteverdi (ce dimanche 8 décembre). C’est le jeune ensemble Les Nouveaux Caractères (photo ci-dessus), en résidence à la chapelle de la Trinité, qui aura l’honneur d’ouvrir le bal avec ce monument composé en 1610, d’une beauté sans égale préfigurant le style oratorio : un bijou de syncrétisme à mi-chemin entre le style polyphonique ancien hérité de la Renaissance et l’expressivité “lyrique” du baroque naissant.
Des Vêpres de Monteverdi à l’oratorio, il n’y a donc qu’un pas et voici qu’à peine deux jours plus tard (mardi 10) c’est au tour de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach de s’offrir à nos oreilles grâce au concours du chœur Arsys Bourgogne et du Concert lorrain dirigés par Pierre Cao : une œuvre lumineuse et optimiste, festive comme le contexte l’exige...
Jeudi 12, place aux voix ! Solistes, concertantes, virtuoses, opératiques, celles du contre-ténor Philippe Jarrousky et de l’alto Nathalie Stutzmann (également à la direction de l’orchestre Orfeo 55) incarneront le temps de ce récital haut en couleurs quelques héros et héroïnes des opéras d’Haendel et Vivaldi. Vocalises endiablées, duos langoureux où l’on retient souvent son souffle le temps d’un ornement inouï d’expressivité : du grand spectacle.
On continue sans fléchir, et dans la langue de Shakespeare, le 15 décembre avec une équipe qui gagne. La recette a déjà fait ses preuves l’an dernier : prenez un compositeur anglais, le meilleur tant qu’on y est ; adjoignez-lui les services d’un chef inspiré (ici Jean Tubéry et sa Fenice) et de jeunes solistes... le tour est joué ! Après un King Arthur flamboyant la saison dernière, on attend le meilleur de ce Dido & Æneas du même Henry Purcell, petit miracle de fraîcheur et de fulgurance que la musique de scène composée pour La Tempête de Shakespeare viendra compléter.
On finira comme il se doit, vendredi 20, par une Pastorale de Noël de circonstance signée Marc-Antoine Charpentier, accompagnée d’un florilège de pièces sacrées du XVIIe siècle français. L’occasion de découvrir et d’applaudir le nouvel ensemble dont on ne cesse de parler : Correspondances, emmené par le claveciniste Sébastien Daucé, prouvant que jeunesse peut rimer avec élégance et subtilité.
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Festival de musique baroque de Lyon. Les 8, 10, 12, 15 et 20 décembre, à la chapelle de la Trinité (Lyon 2e). Horaires des concerts sur le site Internet des Grands Concerts.
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Cet article est extrait de Lyon Capitale n°728 (décembre 2013).