Ukraine : “Nous ne croyons plus en Viktor Ianoukovitch”

En Ukraine, un accord de sortie de crise a été scellé entre les leaders de l’opposition et le président Viktor Ianoukovitch. Malgré les concessions du pouvoir, le scepticisme gagne la rue. Reportage.

De notre envoyé spécial à Kiev (Ukraine).

Près des camps de fortune et des tentes improvisées, derrière les barricades et les gilets pare-balles, la rue Khreshchatyk est presque détendue ce vendredi 21 février. Sous le soleil, les manifestants déambulent, un verre à la main, et se reposent, après un tragique “jeudi noir” où 75 Ukrainiens ont perdu la vie. La journée la plus meurtrière depuis l'ère soviétique, qui a forcé le président Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition à sceller un accord urgent de sortie de crise en fin d'après-midi.

Le processus prévoit la tenue d'élections anticipées, le retour à la Constitution de 2004 (qui donne plus de pouvoir au Parlement) et la création d'un gouvernement d'union nationale. Dans la soirée, le Parlement a surenchéri, en votant coup sur coup pour la libération de l'opposante historique et égérie de la révolution Orange, Ioulia Tymochenko, puis pour le retrait du ministre de l'Intérieur Zakhartchenko.

“Nous resterons jusqu’à la fin”

Très vite, les manifestants ont accueilli avec méfiance le plan du président ukrainien. Dans les rues de Kiev, la mobilisation n'a pas faibli, et ils étaient encore 25 000 à 30 000 manifestants dans l'après-midi, place Maïdan, l'épicentre de l'insurrection en Ukraine. Malgré le calme relatif, les battes de base-ball, les gilets pare-balles et les cagoules noires restaient des accessoires communs à Kiev.

“Tous les mots qu'il prononce, ce sont des mensonges, confie Mikhaylo, 24 ans. Ianoukovitch, ses ministres et son Parti des régions doivent partir. La plupart d'entre eux doivent aller en prison. De nombreuses personnes sont mortes et nous resterons jusqu'à la fin.”

“C’est sans condition”

Au cœur du ministère de l'Energie, occupé par de modestes matelas et des infirmiers affairés, Zhanna est du même avis : “Il veut probablement faire des élections et changer la Constitution. Mais il gagne du temps, pour lui-même, et pour le président russe.” Le plan de Viktor Ianoukovitch ne prévoit pas en effet de calendrier précis sur la tenue des élections anticipées. La jeune femme, ingénieure en informatique de 29 ans, confie ce qu'une majorité des manifestants pensent, encore, quelques heures après l'annonce du processus de sortie de crise : “Nous ne croyons plus en Viktor Ianoukovitch. Après ce qui s'est passé jeudi, je ne peux pas imaginer que cette personne puisse rester présidente du pays. C'est sans condition.”

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