Niels Dalery, pratiquant lyonnais de “parkour”, a remporté l’Xtreme Gravity 2013 en speedrunning. Désormais reconnu, il s’est vu proposer une place dans le jury de l’édition 2014. L’occasion de découvrir cette discipline pour laquelle Niels se bat depuis plusieurs années.
On se souvient des Yamakasis, pionniers du “parkour” et stars du film éponyme de Luc Besson sorti en 2001, évoluant dans leur jungle de béton, sautant de toit en toit, escaladant les immeubles… Depuis, la discipline s’est développée à l’échelle mondiale. Elle consiste à transformer l’environnement urbain (escaliers, voitures, murs, barrières…) en obstacles à franchir avec la technique de son choix (saut, escalade, équilibre…). Ce sport urbain, dynamisé par les acrobaties, a fait son entrée dans le monde de la compétition il y a tout juste deux ans.
“Nous ne sommes pas des kamikazes”
Un des pratiquants français, Niels Dalery, traceur du parkour lyonnais, a fortement participé à cette évolution. Et il sera l’un des 4 juges, maîtres de la discipline, qui jaugeront les performances de l’Xtreme Gravity 2014, avec Kie Willis, William Belle et Malik Diouf. En collaboration avec ce dernier (ancien membre des Yamakasis), le traceur lyonnais lutte pour valoriser l’image de la discipline en enseignant aux plus jeunes comme aux plus anciens, avec l’association Jump’in City qu’il a créée en juin 2010.
Son but, offrir une place à ce sport dans les salles municipales car plus de 60 personnes sont déjà sur liste d’attente dans la région lyonnaise : “On se relaie entre nous pour faire vivre la discipline et la transmettre à la nouvelle génération. Malheureusement, il n’y a pas assez d’enseignants et nos interlocuteurs comme les municipalités lyonnaises sont souvent fermés à cette pratique qu’ils ne connaissent pas et qu’ils jugent dangereuse.” Pourtant, poursuit Niels, “nous ne sommes pas des kamikazes : certes, il y a des prises de risques, mais celles-ci sont réfléchies, travaillées et exécutées avec technique et maîtrise. Contrairement aux idées reçues, c’est moins dangereux que la pratique du skateboard, à laquelle nous sommes souvent assimilés.”
Championnat d’Europe à la Villette
Le 28 avril, lors du championnat d’Europe d’art du déplacement urbain, à la grande halle de la Villette à Paris, on a pu voir les meilleurs traceurs européens. Tel un guépard, le premier compétiteur s’élance en salto vrillé d’une plate-forme surélevée à environ 5 mètres du sol avant d’atterrir comme par magie sur ses deux pieds et de passer à travers les barres asymétriques avec ardeur. La course se poursuit, sous les applaudissements d’un public réceptif, où le plus rapide l’emportera dans l’épreuve de speedrunning.
L’ultime condition est de franchir les obstacles (voiture, bancs, barrières, prismes de béton, murs…) en exécutant par exemple un “saut de chat”, qui consiste à franchir l’obstacle avec ses deux bras, ou un passe-muraille (prendre appui sur le mur avec un pied pour atteindre une plus grande hauteur). La créativité est de mise dans l’épreuve de freestyle : escalader, sauter, se balancer, vriller, lâcher prise. Tout est permis.
Les compétiteurs se démarquent par leur style en proposant des variantes de salto, de vrille ou de flip. Les chemins empruntés se multiplient sur le grand parcours de la Villette spécialement créé pour l’occasion, au son des rythmes balancés par le dj hip-hop Harvey Marshal. Nabil, 19 ans, originaire d’Evry, succède à Niels Dalery, gagnant de l’édition 2013 en speedrunning : “Je suis content, je me suis entraîné trois heures par jour pendant deux semaines non stop. Le travail a payé”, confie-t-il timidement.