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Le biocarburant, plus polluant que l’essence ?

Une étude récente le confirme, les biocarburants ne sont pas si écologiques que ça. Ainsi, le bioéthanol fabriqué à partir de maïs émet 7 % de plus de gaz à effet de serre (GES) que l’essence conventionnelle. La France a produit plus de 11 millions d’hectolitres en 2012, et en a consommé 8 millions.

Les biocarburants sont loin d'être une solution miracle au problème de la pollution générée par les transports. Mauvaise nouvelle pour la France, qui a consacré, entre 2007 et 2009, 1 milliard d'euros à un plan d'investissement. Lequel a fait passer à 19 le nombre de distilleries d'alcool agricole sur notre territoire. Et la France est loin d'être la seule à avoir misé sur cette filière : aux Etats-Unis, plus de 50 millions d'hectares sont consacrés au bioéthanol. Une douzaine d'Etats de ce qu'on appelait auparavant la Corn Belt, au cœur du Middle West, sont principalement concernés. Et, outre-Atlantique, un plan d'un milliard de dollars a été consacré à la recherche sur les biocarburants cellulosiques (extraits de la cellulose végétale).

Une étude menée à l'université du Nebraska, récemment publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change, montre que la production de bioéthanol émet 7 % de GES de plus que le carburant traditionnel. La raison ? Les résidus agricoles (feuilles, tiges) sont récoltés et utilisés pour produire du bioéthanol : au lieu de rester dans le champ et d'être capturés par le sol (procédé millénaire qui enrichit le sol et empêche son érosion), ils sont libérés dans l'air et donc génèrent du dioxyde de carbone.

Réaffectation des sols

En France, on trouve du bioéthanol dans toutes les essences : jusqu'à 5 % pour les SP 95 et 98, jusqu'à 10 % pour le SP 95-E 10 (pour les véhicules compatibles), et de 65 à 85 % pour l'E85 (véhicules Flex Fuel). Mi-avril, les représentants de la filière, rassemblés à Lyon, se sont félicités de l'origine 100 % française du bioéthanol produit dans l'Hexagone (11,5 millions d'hectolitres, dont 3,5 millions sont exportés). Maïs et blé représentent 97 % des sources de biocarburant français, le solde est issu d'alcool de vin (moût et résidus de cuve).

Les distillateurs ont également insisté sur le fait que la partie alimentaire des végétaux n'était pas utilisée. Une précision importante, car la production de biocarburants mobilise des terres agricoles qui ne sont donc pas utilisées pour l'alimentation humaine ou animale. Une perte qu'il faut compenser en dégageant de nouvelles terres arables ; on a donc reproché au biocarburant de favoriser la déforestation. Un rapport de l'Ifpri (Institut international de recherche sur les politiques alimentaires) de 2011 avait déjà jugé négatif le bilan carbone des biocarburants, à cause de cette réaffectation des sols. Le débat reste ouvert...

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