A quatre jours de la fin du vote des conseils d'école, difficile de dire qui va l'emporter. Le maire de Lyon leurs propose d’alléger la journée de classe en libérant le vendredi après-midi l'année prochaine. La rectrice tranchera la semaine prochaine.
Des ballons noirs au fronton d'une école, des parents d'élèves qui manifesteront samedi prochain devant le rectorat et des enseignants désabusés. La ville de Lyon connait depuis fin mai une campagne parfois tendue dans ses écoles. La question est de savoir s'il est plus intelligent d'enseigner ¾ d'heure de moins chaque jour, ou de supprimer le vendredi après-midi de classe selon la proposition du maire de Lyon.
Les 167 écoles publiques de la ville (maternelles et primaires additionnées) ont été consultées via leurs conseils d'écoles (instituteurs et parents d'élèves élus) sur le projet du maire de Lyon - obligé légalement de soumettre son "expérimentation" aux organes représentatifs des écoles publiques. Le scrutin s'est tenu à bulletins secrets, dans une grande solennité parfois et dans la précipitation.
"Nous n'avons pas de plan B" a fait savoir Anne Brugnera, adjointe à l'Education. Les centres sociaux, associations et MJC ayant selon elle refusé de missionner des animateurs pour moins d'une heure dans les écoles de la ville l'année prochaine.
Un coup oui, un coup non
A l'heure où nous publions, un vent de révolte semble souffler sur les écoles de la ville. Sur les 36 d'entre-elles dont nous nous sommes procurés les résultats au 2 juin, 58 % ont voté contre le vendredi chômé. Une participation représentative de seulement 20 % des conseils d'école mais qui donne une tendance négative à 4 jours de la fin du scrutin. Certaines sources, contactées par téléphone, donnent au contraire un "très léger avantage au "oui", mais sans pouvoir procéder à un décompte exact. Difficile, dès lors, de savoir ce qu'il en ressortira vendredi matin.
"Les enseignants sont globalement contre le projet", rappelle Yannick Ledu. Le secrétaire départemental du Snuipp, syndicat majoritaire d'enseignants du 1er degré dans le Rhône. "Ils sont contre les 4,5 jours, ou contre la méthode de consultation ou encore contre le rythme imposé aux enfants". Résultats, ils se sont massivement abstenus lors des votes aux conseils d'école pour ne pas être "stigmatisés". Frédéric Volle, du Snudi-FO, deuxième syndicat d'enseignants du Rhône, rappelle d'ailleurs qu'ils ont subi "des pressions de la part des parents d'élèves dont certains les ont appelés à voter contre, et par la mairie et même l'inspection académique d'autre part, qui les ont appelés à voter pour", ce que son syndicat a dénoncé lundi dans un communiqué envoyé à la presse.
Le scrutin clôt vendredi
A la FCPE, le divorce est consommé. La représentante départementale ayant demandé sans succès à la mairie de revoir sa copie. La PEEP a appelé quant à elle au report de la réforme ou, si c'est impossible, à un retour au projet initial de suppression de 45 minutes d'enseignement chaque jour.
Vendredi, le 6 juin, la mairie enverra sa copie, validée ou non par les conseils d'école, à l'inspection académique. La rectrice dira après le lundi de Pentecôte si elle valide ou non le projet d'expérimentation de la Ville de Lyon. Dans tous les cas, les enfants auront classe le mercredi matin l'année prochaine.