L'art du Viet Vo Dao est très diversifié. Cet ensemble de disciplines mélange lutte, boxe et maniement des armes. L'école Tay Son Vo Dao, qui enseigne les secrets des maîtres asiatiques, est présente dans deux clubs à Lyon pour des cours hebdomadaires. Elle propose aussi des stages de découverte ouverts à tous. Lyon Capitale a assisté à l'un d'eux, le samedi 14 juin dernier, au Club du Rhône à la Guillotière.
De leurs portraits affichés au mur, de grands maîtres asiatiques veillent sur la salle de combat. La douzaine de participants au stage de Viet Vo Dao foulent les tatamis verts et jaunes, engoncés dans leurs protections. Gants de boxe, protège-dent, protège-pieds, protège-tibias… ils ressemblent un peu à des samouraïs en plastique. Mais ça, il ne faudrait pas leur dire en face…
L'école Tay Son Vo Dao, fondée par un maître Vietnamien, est implantée dans une dizaine de villes en France et à l'étranger. A Lyon, ses licenciés s'entrainent au Club du Rhône à la Guillotière et à Undokai, à la Part-Dieu. Le stage d'aujourd'hui est ouvert à tout le monde et réunit des habitués et des guerriers d'autres disciplines. La séance commence par une manifestation de respect. Les combattants font un salut au génie de la salle, puis à leurs deux professeurs du jour : Jessy, venue d'Antibes, et Gérald, l'instructeur local. L'échauffement peut commencer. Dans le fond de la pièce, quelques badauds intrigués passent la tête par la porte ouverte sur la rue Villeroy.
Coups de poings, coups de pieds, projections et ciseaux
Viet Vo Dao signifie arts martiaux Vietnamiens. Ils regroupent plusieurs disciplines complémentaires, enseignées ensemble : le Quyen (forme technique, comparables aux katas en karaté), le Vat (lutte), le Song Luyen (combat chorégraphié) et le Vo Tu Do, qui fait l'objet du stage du jour. Similaire à la boxe thaïlandaise, le Vo Tu Do permet les coups avec tous les membres, sur quasiment tout le corps de l'adversaire. Il inclut des projections au sol grâce à des prises dignes du judo et des ciseaux de corps. Ces derniers donnent lieux à des mouvements plus aériens : l'assaillant vient placer ses jambes autours des genoux, des hanches ou même de la tête de son adversaire, avant de pivoter pour l'envoyer au sol.
Un art martial destiné aux paysans
L'échauffement terminé, les participants passent à des exercices de combat. Le Vo Tu Do, comme l'explique Daphné, membre éminente du club Tay Son Vo Dao de Lyon, "privilégie la rapidité et la flexibilité sur la force brute". Les participants travaillent ainsi plus leurs esquives, leur capacité à surprendre l'adversaire et à enchainer les coups plutôt que la puissance de leur frappe ou l'efficacité d'une prise de finition.
Autre spécificité du Viet Vo Dao : le recours aux armes et les combats en infériorité numérique. Jessy Thao, championne française et fondatrice de l'école d'Antibes, explique les origines de l'art martial : "Notre école a plus de 200 ans. Son enseignement était destiné à former les paysans rapidement, en temps de guerre. D'où l'emploi de sabres mais aussi de bâtons ou de fourches. Le combat à un contre plusieurs vise aussi à se rapprocher d'une situation de bataille où les duels sont finalement assez rares".
Après une série de combats libres entrecoupés de séries de pompes, les participants sont exténués. Pour clore cette après-midi de stage, ils enlèvent leurs protections et passent à un exercice relaxant. Les combattants se mettent en cercle, trois d'entre eux au centre, dos-à-dos. Puis la bataille s'engage sur un rythme très lent. Les mouvements sont amples, circulaires. Du Vo Tu Do en slow motion.
Après une ultime séance d'étirement et de méditation, les stagiaires se séparent, vidés physiquement et regonflés spirituellement. A Lyon, l'école Tay Son Vo Dao organisera un nouveau stage de découverte à la rentrée (renseignements en septembre sur sa page facebook).