Cyril Dessel : "Le cyclisme lutte le plus contre le dopage"

ENTRETIEN – Cyril Dessel a raccroché le vélo depuis 2011. L’ancien cycliste professionnel, passé par Jean Delatour, Phonak, AG2R Prévoyance et AG2R La Mondiale, revient pour Lyon Capitale sur sa nouvelle vie et donne son regard sur le prochain Tour de France qui démarre ce samedi.

Lyon Capitale : À la fin de votre carrière, vous vous êtes lancés dans l’immobilier. Est-ce un défi ?

Cyril Dessel : L’immobilier, c’est un univers qui m’a toujours intéressé. J’avais déjà fait 1 ou 2 placements dans ma carrière tout en m’intéressant à la fiscalité. Cela a été aussi une question d’opportunité. Je me suis associé avec deux personnes avec qui j’avais fait du vélo et qui sont dans l’immobilier depuis 15 ans. Notre société immobilière, basée à Millery (69), a été lancée en septembre dernier.

Vous vous êtes également mis à la boxe ?

J’ai cédé à l’appel de mes associés qui font un peu de boxe. Je n’ai pas trop le physique du boxeur. C’est un sport qui est très intense sur le plan physique. Mais attention, loin de moi de faire des combats. Par contre, la boxe, ce n’est pas vraiment une seconde passion. Ce serait plus le football et Saint-Etienne.

Il paraît que vous avez rangé définitivement le vélo au garage ?

Quand on arrête la carrière, il y a une certaine lassitude. Le vélo, c’est un sport qui demande beaucoup de sacrifices. Et puis c’est contraignant. Cela prend beaucoup de temps. Il m’arrive de faire quelques sorties avec des amis ou en famille. Mais lorsque je suis seul, j’ai plutôt le réflexe de mettre une paire de baskets et d’aller faire un footing.

Quel est votre plus beau souvenir sur le Tour de France ? Le maillot jaune en 2006 ou votre victoire d’étape en 2008 ?

Ce sont les deux moments forts de ma carrière. Le maillot jaune (obtenu au soir de la 10ème étape entre Cambo-les-Bains et Pau) m’a permis de me révéler au grand public. Je suis devenu très médiatisé. Cela a marqué les gens. Dans une carrière, c’est hyper-important. J’avais l’impression de surfer sur une vague. D’être un peu dans un rêve. Je m’étonnais un peu chaque jour. Mon seul regret, c’est de n’avoir pas réalisé le doublé (maillot jaune + étape).Quand j’ai enfin remporté une étape en 2008 (lors de la 16e étape entre Cuneo et Jausiers), ce fut un moment de délivrance et de joie très intense. Certainement plus intense que lorsque j’ai endossé le maillot jaune.

Avez-vous l’intention de revenir un jour dans le milieu du vélo ?

Pour l’instant, je suis dans les premières années de ma retraite. J’avais envie de me poser un peu, parce que la vie de coureur professionnel, malgré tout, c’est contraignant. On n’est pas souvent à la maison. J’ai la chance de faire quelques courses cyclistes, ce qui me permet de garder un petit pied dans le milieu. Cela me suffit. Maintenant, on ne sait jamais de quoi sera fait l’avenir.

Avez-vous gardez des contacts avec d’anciens coéquipiers ?

J’ai gardé de bons contacts avec un ou deux anciens coéquipiers, notamment Sylvain Calzati (ils étaient coéquipiers chez AG2R La Mondiale). Je le vois en dehors du monde du vélo. Nos enfants ont quasi le même âge et puis il n’habite pas très loin. C’est plus facile. Sinon, j’en croise quelques-uns, de temps en temps. Mais on ne s’appelle pas de manière régulière.

Quels sont les favoris du prochain Tour de France ?

Pour moi, Contador et Froome, ce sont les deux grands favoris du Tour de France. Ce n’est parce que Froome n’a pas gagné le Dauphiné qu’il faut l’enterrer. Il a quand même démontré au départ du Dauphiné qu’il avait de très bonnes jambes. Ensuite, il a eu cette chute qui l’a déstabilisé. Par contre, cette année, Contador a un niveau qui est supérieur à celui de l’année dernière. C’est une certitude. Si j’avais une pièce, je la mettrais plus sur Contador. Après, il y a Nibali et Valverde qui sont, pour moi, un petit cran derrière. Et puis, il y a la course. La première semaine est dangereuse avec, dès le deuxième jour, une étape assez difficile. On a également une étape dans le nord de la France avec des secteurs pavés. Cela va être forcément être très nerveux. Il risque d’y avoir des chutes et des cassures.

Cette année, il y a pas mal d’arrivées au sommet et un seul chrono. Le Tour de France n’est-il pas taillé pour des coureurs français comme Romain Bardet ou Thibaut Pinot ?

C’est vrai que ce parcours leur convient. Selon moi, ce sont des coureurs capables d’envisager une place entre 5 et 10. Un coureur comme Romain Bardet, il faut lui laisser le temps d’arriver, ne pas lui mettre trop pression comme on l’a fait, par exemple, avec Thibaut Pinot.

À chaque édition du Tour de France, on aborde la question du dopage alors que pour la Coupe du monde de football, ce genre de questions n’est pas forcément traité ?

Cela fait des années qu’on associe trop souvent le vélo au dopage. Il y a certainement eu des dérives à un moment donné. Le peloton a eu une conduite qui était probablement pas raisonnable. Le cyclisme en a payé l’addition. Aujourd’hui, je pense très sincèrement que c’est le sport qui lutte le plus contre le dopage. Tous les moyens sont mis en place. Par exemple, toutes les équipes du World Tour donnent entre 150 000 et 200 000 euros par an pour la lutte contre le dopage. Dans le foot, il y a 25 fois moins de contrôles et dès qu’il y a un joueur déclaré positif, on n’en parle pas.

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