Dimanche, les rues de Lyon accueilleront le 10e défilé de la Biennale. Notamment Les Honorables Délégations, le projet fou de Denis Plassard, qui mobilise 800 personnes et 600 marionnettes sur 400 m de long. Et c’est Dada Masilo qui clôturera la fête place Bellecour avec un Lac des cygnes explosif.
Dimanche 14 septembre, 5 000 participants et plus de 300 000 spectateurs sont attendus entre la place des Terreaux et la place Bellecour pour fêter le 10e anniversaire du défilé, qui rend hommage au Brésil. Le thème fédérateur est celui de la fête et son titre, largement évocateur : Happy Birthday, Mister Défilé !
Parmi les 13 groupes venus de Rhône-Alpes mais aussi du Grand Genève, celui de Denis Plassard fera sans doute date dans l’histoire des défilés, tant par le nombre de participants que par celui des structures impliquées dans son organisation. En effet, pour la première fois, toutes les MJC et tous les centres sociaux de Lyon se sont unis pour le porter, sans oublier des mairies d’arrondissement et des structures d’insertion sociale.
Jumelage avec Turin
Conçu dans le cadre d’un jumelage entre les villes de Lyon et Turin, Les Honorables Délégations (Attention v’là l’gratin) mobilise 800 participants, que Denis Plassard et ses danseurs ont suivis pendant des mois, faisant des allers-retours entre la France et l’Italie.
Si Turin n’a pas développé le volet insertion (par manque d’expérience), la cité italienne a intégré ce projet au célèbre festival TorinoDanza et permis une première représentation en juillet dans les rues de la ville, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.
La danse des marionnettes
Pour Denis Plassard, le projet devait marquer les esprits et rompre avec certaines habitudes. “C’est mon 5e défilé et cette fois-ci je voulais faire quelque chose de vraiment différent. Au lieu que ce soit des gens qui dansent, ce sont des marionnettes, ce qui fait que l’on n’a pas un seul danseur sans marionnette. Ils sont tous habillés en noir alors qu’elles sont colorées, super costumées et coiffées.”
Pour réaliser ces marionnettes, la Biennale a fait appel à la compagnie Émilie Valantin, qui a créé tous les prototypes puis formé les encadrants des groupes français et italiens. “Elles ont nécessité un investissement et un nombre d’heures de travail incroyables, poursuit Denis Plassard, mais le résultat est magnifique. Il y en a 12 sortes, on a joué sur le rapport des tailles, avec des géantes, des moyennes et d’autres à taille humaine. C’est l’anniversaire du défilé, donc mon thème est celui d’une procession de délégations invitées. Il y a les ambassadeurs, qui sont des marionnettes à fils, les banquiers (des petites qui perdent la tête) ; les SDF sont des géants ; le monde de la nuit et les people, ce sont des guignols ; les starlettes sont des mannequins désarticulés... On s’est beaucoup amusés. Il y a 12 tableaux, ce qui évite que l’on s’ennuie.”
Place Bellecour, un final explosif, gay et africain
Comme l’avait fait Mourad Merzouki il y a deux ans avec sa version de Récital, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo offre cette année aux spectateurs de la place Bellecour un extrait de son tube planétaire, Le Lac des cygnes.
À la fin du défilé, 40 interprètes seront sur scène pour dérouler de manière effrénée cette danse qui, sur fond d’écriture classique et africaine, traite de la cause homosexuelle et des femmes en Afrique du Sud.
30 jeunes danseurs du Conservatoire national supérieur de musique et danse de Lyon seront aux côtés de 10 danseurs de la compagnie. Une rencontre artistique que n’est pas près d’oublier Jane Fournier-Dumet, 21 ans, en 3e année d’études : “La danse africaine est une vraie découverte pour nous. La danse contemporaine est plus intériorisée ; ici, on est dans le partage et la bonne humeur, avec un travail intense au niveau du rythme et de l’écoute musicale. Ce travail exige qu’on donne tout, qu’on se relâche complètement. Les répétitions ont été épuisantes, mais quel bonheur de pouvoir s’exprimer aussi librement !”