Précise et rigoureuse, on a hâte de retrouver la danse de Nacera Belaza, découverte lors de la Biennale de la danse 2010.
Artiste hélas peu programmée à Lyon, on avait découvert Nacera Belaza lors de la Biennale 2010 avec une pièce qui nous avait laissés dans un très fort désir de la retrouver. Artiste inclassable aussi, tant son travail est loin de ce que beaucoup attendent d’un spectacle, avec ses notions de représentation, de thématiques, de messages à délivrer, de chorégraphie à décrypter.
“Traversée” libératrice
Sa nouvelle création, La Traversée, nous plonge une fois de plus au cœur d’une danse qui repose essentiellement sur l’interprète et ses recherches intérieures. Plutôt que de l’enfermer dans des repères chorégraphiques pensés au préalable, elle cherche à libérer son imaginaire, à l’entraîner vers un déploiement provoquant dans le même temps celui du spectateur. Car, pour la chorégraphe, la vision première que l’on peut avoir d’une pièce est secondaire : le plus important est les traces profondes qu’elle imprime à d’autres endroits, hors de la scène, dans l’univers mental de celui qui danse ou de celui qui regarde.
Corps médiateur
Dans chacune des créations de Nacera Belaza, différentes écritures sont en présence, mais il n’y a pas de scénographie. Le corps demeure l’élément central, du moins ce qui l’anime et non pas sa matière faite de chair. Il est à la fois médiateur et porteur de tous les éléments d’écriture : l’espace autour, le vide, la lumière, l’obscurité, le silence, le son. La chorégraphe les conjugue pour les mettre en résonance avec l’intériorité.
Précise et rigoureuse, la danse de Nacera Belaza donne souvent l’impression de flotter, comme si elle nous menait, les yeux fermés, vers d’autres chemins. L’élévation d’une conscience, un lâcher prise, un rapport au lointain, un lien entre la vie et la mort avec un mouvement perpétuel qui fait disparaître le mouvement, sans que cela signifie pour autant qu’il ne reste rien. Bien au contraire...