Lyon
Tim Douet

Airbnb : Ils louent leur appartement le 8 décembre à Lyon

La Fête des lumières approche à grands pas. Pour gagner un peu d’argent, certains Lyonnais ont décidé de louer leur appartement ou maison, le 8 décembre, sur des sites comme Airbnb. À cette occasion, les prix peuvent tripler, voire quadrupler.

À louer, "chambre avec vue sur les Terreaux, 209 euros la nuit du 6 au 7 décembre". "Appartement déco pour 8 personnes de 90 m² du 7 au 8 décembre, 400 euros." À l'approche du 8 décembre, des Lyonnais ont choisi de louer leur appartement ou maison via des services comme Airbnb ou Sejourning. Ces sites permettent de proposer son logement pendant une nuit voire plus à de parfaits inconnus. D'autres, qui utilisent déjà ces plateformes toute l'année, en profitent pour augmenter leurs tarifs. Les prix peuvent tripler ou quadrupler entre une période normale et celle de la Fête des lumières.

Payer un mois de loyer en trois jours

Étudiante à Lyon, Léa* loue son appartement du centre-ville depuis trois ans, uniquement durant la Fête des lumières : "Je demande à cette occasion 200 euros par nuit. Trois nuits me payent mon loyer et mes charges." La jeune femme préfère être discrète, son bail ne lui permet pas de sous-louer l'appartement. En théorie, elle devrait avoir une autorisation écrite de son propriétaire, ce qui n'est pas le cas ici. Léa garde en tête un jugement qui l'a marquée cette année. Le 13 février, le tribunal d'instance de Paris a en effet condamné un locataire à payer 2 000 euros pour avoir sous-loué une chambre sur Airbnb sans avoir d'autorisation. L'étudiante s'est intéressée au cadre légal et préfère donc s'en tenir à ces trois jours par an pour ne pas avoir de problème.

La législation a changé cette année. Si un bail a été signé après le 27 mars, selon la loi n°89-462 du 6 juillet 1989, "le prix du loyer au mètre carré de surface habitable des locaux sous-loués ne peut excéder celui payé par le locataire principal". Il n'est donc plus possible de s'enrichir avec des solutions comme Airbnb. En pratique, les contrôles de l'Etat et plaintes des propriétaires sont rares.

Fuir Lyon et gagner un peu d’argent

Le cas d'Éric* est différent puisqu'il est propriétaire de son logement. Lassé par la foule et le bruit, il préfère fuir la ville autour du 8 décembre : "Je ne supporte plus Lyon durant cette période. Les transports en commun sont un enfer." Éric en profite pour proposer un appartement de 80 m² aux internautes, les clés sont laissées à une voisine. Tarif en temps normal : une centaine d'euros la nuit pour accéder à six lits et un canapé à proximité de Bellecour. Durant la Fête des lumières, le prix proposé peut monter à 400 euros. Éric ne s'en cache pas, "il y a une forte demande durant cette période. Je pourrais même monter à 600 euros, je trouverais preneur. Pour 8 personnes, en centre-ville, c'est moins cher que dans certains hôtels". Il ajoute en plaisantant : "Le wifi est gratuit, je laisse un panier de spécialités lyonnaises sur la table."

Durant le week-end du 6 au 7 décembre, de nombreux établissements lyonnais sont déjà complets. Ceux qui veulent se rendre à Lyon pour profiter de la Fête des lumières sans se ruiner n'ont parfois pas d'autre choix que de se tourner vers des solutions alternatives. Dans ce contexte, les prix s'envolent facilement sur Airbnb et devraient continuer de grimper à l'approche de la date fatidique.

Fisc, taxes de séjour et “hôtels”

En théorie, Léa comme Éric devraient déclarer ces revenus à l’administration fiscale, se faire connaître en mairie et percevoir la taxe de séjour, ce qu'ils ne font pas. Un amendement au projet de budget de l'Etat tente de régler une partie du problème. Il stipule qu'Airbnb et les services du même genre récolteront la taxe de séjour directement lors des réservations. La mesure est déjà en place dans certains pays et Airbnb s'y est toujours conformé.

De même, les touristes ne se retrouvent pas toujours chez l'habitant. Des propriétaires sans scrupules s’inspirant du succès d’Airbnb ont décidé de transformer leur immeuble en “hôtel”, au mépris de toutes les lois et réglementations. Lyon compterait une quarantaine de logements de ce type. Coffre-fort avec code pour récupérer les clés, femmes de ménage qui passent une fois par jour ou par semaine, ces établissements sans statut légal commencent à fleurir et n’hésitent pas à jouer sur l’ambiguïté. Ils devraient être eux aussi remplis durant les fêtes du 8 décembre. Quant à ceux qui veulent louer leur appartement ou maison durant cette période, il n'est pas trop tard. Les biens trouveront certainement preneur jusqu'à la veille de l'événement.

* Prénoms changés à la demande des témoins.
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