Des poules dans un élevage
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Grippe aviaire : pourquoi en France on ne vaccine pas

ENTRETIEN- Alors que plusieurs cas de grippe aviaire de souches “particulièrement virulentes” ont été recensés ces derniers jours en Europe, notamment en Angleterre, en Allemagne et aux Pays-Bas, l'inquiétude monte sur une éventuelle contamination en France. Pour François Xavier Le Gros, directeur de projet recherche et développement vaccins aviaires chez Merial*, la vaccination, qui est possible, n'est pas toujours souhaitable.

Des poules dans un élevage ()

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Lyon Capitale : Faut-il s'inquiéter des cas de grippe aviaire de souche H5 découverts il y a quelques jours en Angleterre et aux Pays-Bas ? La maladie peut-elle arriver jusqu'en France ?

François-Xavier Le Gros, spécialiste vaccination aviaire chez Merial ()

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François-Xavier Le Gros : Il ne faut pas s'inquiéter, mais être vigilant et surveiller. En soit, la présence du virus Influenza en Europe n'a rien d'extraordinaire. C'est en revanche la première fois que l'on détecte ces souches H5 cette année. On ne peut pas exclure la possibilité de détecter des cas de grippe aviaire de cette souche en France, mais on ne peut pas non plus l'affirmer. En réalité, on a du mal à prédire où ce type de virus pourra apparaître. En tout cas, toutes les mesures sont prises pour éviter la propagation (confinement, abattage, … ) et toutes les consignes nécessaires ont déjà été passées aux filières d’élevage concernées.

Sait-on d'où vient cette souche de virus ?

Pas précisément. On a toutefois pu observer des similitudes entre l'ARN du virus apparu aux Pays-Bas et en Allemagne et un virus de même souche observé en Corée du Sud en début d'année. Si on ne peut pas dire précisément quel a été son trajet jusqu'en Europe, on sait que ce même virus a été retrouvé sur des oiseaux sauvages migrateurs. Une hypothèse circule selon laquelle ces oiseaux auraient pu transporter le virus jusque dans le nord de l'Europe au cours de leur migration. Ce n'est qu'une hypothèse, mais elle est probable.

On parle de souches “virulentes”. Y-a-t-il un risque pour l'homme ?

Il ne faut pas avoir de crainte excessive sur une éventuelle contamination humaine en Europe. Par exemple, en ce qui concerne le virus H5N8 connu depuis le début de 2014, on ne trouve pas d’observation de transmission à l'homme. Il est en revanche particulièrement virulent pour les dindes et les poulets, moins pour les palmipèdes et peu pour les espèces sauvages. C'est une maladie qui ne passe donc pas inaperçue et que l'on peut identifier et suivre facilement dans les élevages.

élevage de volailles ()

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Est-ce que cela veut dire que lorsqu'une souche de grippe est moins virulente, elle est plus difficile à circonscrire ?

On décrit deux formes de cette maladie chez les oiseaux domestiques. Celle due aux souches virales hypervirulentes, avec un état clinique parlant et des individus qui meurent. Pour celle-ci le diagnostic, l'observation et le suivi sont simples. Mais on décrit également des souches de grippe faiblement pathogènes ne donnant que des signes cliniques discrets chez la poule. On a eu le cas d'une souche H7N9 qui a sévi en Chine l’an dernier et qui ne donnait pas de signes cliniques forts. Elle a donc nécessité de pousser les investigations pour en assurer le suivi.

Comment expliquer que le virus de la grippe aviaire mute si facilement ?

C'est tout à fait normal pour ce virus qui est très plastique. Cela fait partie de sa biologie. Chaque année, de nouvelles souches de grippes plus ou moins pathogènes font leur apparition. En fait, le génome du virus influenza est segmenté en fragments indépendants. Il suffit qu'un animal soit contaminé par deux souches différentes pour qu'il y ait un réassortiment du génome entre ces segments et qu'une troisième souche soit ainsi créée.

élevage de volailles ()

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La vaccination pourrait-elle être efficace pour faire face à la grippe aviaire ?

Sur le papier oui, on pourrait agir au niveau vaccinal. C'est assez efficace pour protéger l'animal contre la maladie, mais la vaccination n'empêche pas suffisamment l'infection et la dissémination. Dans le cas de la France, les autorités ne privilégient donc pas la vaccination puisque cela voudrait dire qu'on pallie la présence du virus sur notre territoire, sans le faire disparaitre. En vaccinant, on perdrait en quelque sorte de vue le virus, sur notre territoire. Pour certaines maladies ont préfère ne pas vacciner ; cela revient à tolérer la présence du virus plutôt que de l’éradiquer. Ne pas vacciner permet donc de garder le statut de pays non infecté, après élimination des premiers cas et une période de surveillance. C'est un avantage indéniable pour le commerce de la viande et les exportations.

Y a-t-il plus de cas de grippes virulentes de type H5 et H7 ?

Je me souviens que dans les années 1975/1980, on disait que la grippe aviaire avait presque complètement disparu. Mais en fait, il y a une accélération des cas de H5 et H7 depuis une vingtaine d'années. Les causes ne sont pas identifiées clairement. On a souvent évoqué l'élevage, mais c'est peu probable. Il y a 40 ans, celui-ci était déjà bien développé, sans que la maladie ne soit aussi présente. Les conditions géographiques et sociales de l’Asie du Sud Est avec de fortes densités humaines, un mode d’élevage largement ouvert aux contacts avec les oiseaux sauvages et les hommes, des conditions climatiques favorables à la diffusion du virus sont souvent citées comme des facteur favorisant.

*Filiale de Sanofi, Merial est un leader mondial de la santé animal implanté à Lyon et dans la région lyonnaise. L'entreprise est notamment leader mondial dans le vaccin de la fièvre aphteuse et développe des vaccins pour la filière aviaire.

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