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500 000 nouveaux cas de cancers sont liés au surpoids

Une étude menée par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC), basé à Lyon, publiée ce jeudi dans The Lancet Oncology, vient de quantifier le nombre de cancers liés au surpoids. 500 000 des nouveaux cas de cancer survenus en 2012 chez des adultes (soit 3,6 % du nombre total de cancers dans le monde) seraient liés à un surpoids ou une obésité. L’alimentation est en cause. Entretien avec Véronique Terrasse, porte-parole du Circ.

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Lyon Capitale : L'excès de poids dans la survenue de certains cancers est indiscutable et chiffré : c'est bien cela que montre l'étude ?

Valérie Terrasse : Oui, le lien entre le cancer et le surpoids n’est pas nouveau et a été établi par de nombreuses études scientifiques. Les mécanismes biologiques qui favorisent le cancer varient suivant les types de cancer. Par exemple, pour le cancer du sein, l’une des voies de développement de ce cancer est liée aux hormones produites par les tissus adipeux qui peuvent mener au développement de cette maladie.

Ce qui est nouveau dans cette étude, c’est que l’on peut quantifier le nombre de cancers liés au surpoids et à l’obésité en terme de nouveaux cas (incidence) et donc que l’on peut mesurer l’effort de prévention à entreprendre. Enfin, cette étude montre qu’en 2012 près de 500 000 nouveaux cas de cancer étaient liés au surpoids et à l’obésité.

À partir de quel poids l'apparition de certains cancers peut-elle survenir ?

D’après l’Organisation mondiale de la santé, un poids corporel sain est défini par un indice de masse corporelle entre 19,5 et 25 : si l’indice est supérieur à 25, on parle de surpoids, et s’il est supérieur à 30 d’obésité. On calcule cet indice en divisant le poids d’un individu en kilos par le carré de la taille en mètres (ex. : 1,68 m pour 50 kg, IMC = 50:1,682 = 17,71). Plus l’indice de masse corporelle est élevé, plus le risque augmente.

Quels sont les cancers favorisés par le surpoids ?

Chez la femme, ce sont par exemple le cancer de l’endomètre ou corps de l’utérus (attention, il ne s’agit pas du "col" de l’utérus), du côlon et du sein chez la femme ménopausée : à eux trois, ils représentent les trois quarts des cancers associés au surpoids et à l’obésité. Mais on trouve aussi d’autres cancers, tels que le cancer de l’ovaire, de l’œsophage, du rectum, du pancréas et de la vésicule biliaire.

Chez l’homme, le cancer du rein et du côlon sont les grands majoritaires. Ils représentent à eux seuls deux tiers des cancers associés au surpoids et à l’obésité.

“On aurait pu éviter un quart du nombre total des nouveaux cancers liés à l’obésité et au cancer, c’est-à-dire 118 000 cancers”

L'équipe de recherche a calculé la proportion de cancers qui auraient pu être évités si la population avait maintenu son poids de 1982. Quels sont les résultats ?

Oui, en effet, la deuxième partie de l’étude se penche sur la prévention. Les chercheurs ont pu évaluer le nombre global des cancers qui auraient pu être évités si la population avait globalement gardé le même indice de masse corporelle entre 1982 et 2002. Ils ont montré qu’en gardant le même poids pendant cette période, on aurait pu éviter un quart du nombre total des nouveaux cancers liés à l’obésité et au cancer, c’est-à-dire 118 000 cancers.

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Cela veut donc implicitement dire qu’on mange plus et qu’on fait moins d’exercice qu’il y a dix ans ?

On voit qu’il y a eu une augmentation importante de l’indice de masse corporelle au cours des trente dernières années. En terme de cancers liés à l’obésité et au surpoids, cela varie par région. Les pays les plus affectés sont les pays riches : l’Amérique du Nord concentre un quart de tous les cancers liés au surpoids et à l’obésité, soit à elle seule 23 % du fardeau mondial des cancers liés à l’obésité et au surpoids.

En Europe, pour les hommes, ce sont des pays comme la République tchèque, la Grande-Bretagne ou Malte qui concentrent les proportions les plus élevées. Mais cela varie beaucoup d’une région à l’autre.

On observe aussi une augmentation de l’indice de masse corporelle moyen dans certains pays en développement, par exemple en Amérique latine (Argentine) ou au Moyen-Orient (Jordanie).

Pourquoi les pays riches sont-ils plus affectés par l'excès de poids que les pays pauvres ?

Les pays riches et industrialisés ont souvent des modes de vie plus sédentaires. Par exemple, un travail de bureau statique par rapport à un travail physique en milieu rural. On note aussi un déficit d’activité physique dans les pays riches et une alimentation souvent déséquilibrée par rapport aux besoins énergétiques – trop riche en graisses animales et en sucres. Cela dépend aussi du type d’alimentation consommée. L’OMS recommande un régime alimentaire équilibré et riche en légumes et en fruits et faible en graisses animales et en sucres. Elle recommande aussi une activité physique régulière.

Par ailleurs, on observe aussi une augmentation des cancers liés à l’obésité et au surpoids dans les pays qui connaissent une transition socioéconomique rapide, qui se traduit souvent par des changements de mode vie, une réduction de l’activité physique et une alimentation trop riche.

Quels sont les facteurs qui, dans ces pays riches, favorisent cet excès de poids ? Autrement dit, quel rôle tient l'alimentation dans l'obésité ?
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Cela est dû à un déficit d’activité physique et à une nourriture trop riche et déséquilibrée. Cela tient à plusieurs facteurs, dont le mode de vie. Les gens ont réduit leur activité physique et ont une alimentation trop riche par rapport à leurs besoins. Cela dépend aussi du type d’alimentation consommée.

Comment expliquer la survenue de cancers et l'obésité ? Est-ce le poids maximum qui joue, ou le temps passé à être obèse ?

De façon générale, c’est le manque d’exercice physique et une alimentation trop riche et déséquilibrée qui entraînent le surpoids et l’obésité.

On sait que le risque de développer un cancer augmente avec l’indice de masse corporelle, c’est-à-dire le poids. Très peu d’études ont été réalisées sur le lien entre la durée pendant laquelle un individu est en surpoids ou obèse et son risque de développer un cancer, mais c’est justement le thème d’une prochaine étude, sur laquelle travaillent les chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer, ici à Lyon.

On doit faire plus de recherches sur ce sujet, en particulier pour établir s’il y a un effet cumulatif. C’est-à-dire pour voir si la durée pendant laquelle un individu est en surpoids ou est obèse joue un rôle dans le lien entre cancer et surcharge pondérale. C’est une question sur laquelle les chercheurs se penchent en ce moment.

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