St-Priest : la CGT dénonce un acte raciste à Renault-Trucks

L’UD CGT du Rhône déclare qu’un employé délégué CGT de l’usine ponts et essieux de Saint-Priest a été victime de racisme, le 13 octobre dernier. Une version contestée par Renault Trucks, qui déplore “une mauvaise interprétation de la part de l’employé”.

L'affaire remonte au 13 octobre dernier. Ali, représentant syndical de la CGT, mène son enquête sur la cadence de travail sur la ligne essieux de l'usine Renault Trucks, à Saint-Priest. L'employé prend son temps et finit par agacer le manager, qui lui demande d'accélérer le mouvement, au motif qu'il perturbe la cadence de production. Ali refuse d'obtempérer. Jusque-là, les versions des faits des deux hommes sont semblables. Mais les esprits s'échauffent, et des gestes sont échangés.

Cris de singe

Selon l'organisation syndicale, le chef d'Ali se serait placé derrière lui et aurait poussé des cris de singe en gesticulant. Scandalisé et peiné, Ali appelle le secrétaire du syndicat afin de lui présenter sa version des faits. Le 22 octobre, la CGT de l'usine des ponts adresse un courrier à la direction, estimant qu'il est nécessaire qu'Ali reçoive des excuses publiques, et que son manager effectue une formation afin d'éviter tout dérapage futur.

Le 30 octobre, reçue par la direction, la délégation syndicale se voit opposer une fin de non-recevoir par la nouvelle directrice des ressources humaines, arguant qu'il n'y a jamais eu de caractère raciste dans l'intervention du manager.

Le 24 novembre, Ali est convoqué à un entretien préalable à sanction pour diffamation envers son supérieur hiérarchique, perturbation de la ligne et manque de respect au responsable logistique de l'usine. D'après l'organisation syndicale, les employés de la ligne soutiennent Ali dans sa démarche et confirment sa version des faits. Ce même 24 novembre, la CGT organise un rassemblement de soutien à Ali, réunissant une centaine de personnes issues de diverses entreprises. Depuis, les employés sont dans l'attente d'une éventuelle sanction, dans la durée légale d'un mois suivant l'entretien.

“Une mauvaise interprétation du salarié”

Joint par nos soins, le responsable de la communication du groupe Volvo, auquel Renault Trucks appartient, estime que le manager ne s'est pas rendu coupable de racisme, et que de ce fait il n'est pas question de le sanctionner. D'après le représentant du groupe suédois, le manager s'est contenté de reproduire les gestes d'Ali, qui protestait énergiquement. Estimant avoir été "singé", l'employé aurait ainsi amplifié la portée de cet acte, "maladroit", admet Volvo. "Sur le site de Saint-Priest cohabitent 17 nationalités différentes, et ce manager n'a aucun antécédent", déclare le représentant de la firme suédoise. "Il est entendu que Volvo s'oppose à toute forme de racisme", assure-t-on du côté de Volvo. "Ce serait malheureux que, sur une simple assertion, les choses prennent une telle tournure", regrette le représentant.

Quant à l'entretien préalable à sanction du 24 novembre, il ne "concernait pas directement ces faits, même s'ils ont pu être évoqués durant l'entretien", déclare le responsable de la communication.

Le manager en congé maladie

Réagissant à l'inertie de la direction, Ali a décidé de déposer plainte le 17 novembre dernier. Un complément de plainte a suivi mardi dernier, la CGT du Rhône se portant partie civile. "Il est hors de question de laisser passer ce genre d'agissements", confirme le représentant syndical.

Quant au manager, "touché physiquement des suites des pressions de l'affaire", selon Renault Trucks, il devait reprendre le travail vendredi dernier, après qu'un congé maladie lui eut été octroyé.

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