Explosion mosquée Villefranche
© Janloup Bernard

Bombe à Villefranche : les dessins ne salissent pas l’islam

La façade d’un restaurant kebab a été soufflée par un engin explosif ce matin à Villefranche-sur-Saône. Le restaurant était situé à côté d’une mosquée. Le procureur Grégoire Dulin ne privilégie aucune hypothèse. En attendant, plusieurs dizaines de fidèles ou simples voisins s’étaient amassés devant le lieu de culte, tous surpris par cet acte criminel.

Le sentiment de stupéfaction prédominait ce matin, devant la mosquée de Villefranche-sur-Saône, rue de la Quarantaine. Depuis 1982, la mosquée accueille les personnes de confession musulmane pour la prière. “On a du mal à trouver des mots, explique Idriss, 30 ans. Nous sommes surpris, étonnés, mais aussi choqués”, ajoute-t-il, sans pouvoir s’exprimer davantage.

Une bombe artisanale

J’ai entendu un grand bruit. Il m’a réveillé vers 6 heures du matin, explique Sylvie, qui habite l’immeuble situé en face du restaurant. Cela a fait trembler les fenêtres. C’est incroyable, poursuit-elle, d’autant plus que des gens habitent au-dessus du kebab. Heureusement que la déflagration n’était pas forte.”

Lors d’un rapide point presse, le procureur Grégoire Dulin a confirmé qu’“à 5h45 ce matin un engin explosif a été déposé devant l’entrée du snack-bar L’Impérial, situé à quelques mètres de la mosquée la Quarantaine à Villefranche-sur-Saône. Le restaurant était fermé depuis hier soir 21h30, il n’y a que des dégâts matériels”. Les vitrines du restaurant ont été soufflées par l’explosion de l’engin artisanal.

Une réponse à l’attentat contre Charlie Hebdo ?

Nordine, l’un des deux responsables du snack, regarde, un peu hébété, le travail de la police scientifique. Il avait repris l’établissement il y a neuf ans et sa clientèle était diverse, “pas seulement les fidèles de la mosquée”. “On n’a jamais eu de problème, nous confirme-t-il. Lorsque mon collègue m’a appelé ce matin, j’ai juste espéré que ce soit le gaz… mais pas ça !”

Un peu plus loin, Yacine, Farès et Mohamed observent également les dégâts : “Nous sommes de vrais Caladois, nés tous à Villefranche-sur-Saône. C’est la première fois que l’on voit ça.” Un peu plus tôt, le maire de la ville, Bernard Perrut, y voit pour sa part “peut-être une réponse à cette situation dramatique et inadmissible vécue en France hier. Mais on ne répond pas par un autre geste à une situation aussi forte”.

Car, inévitablement, les conversations se rapportent à la tragédie, l’attentat perpétré contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Deux hommes lourdement armés ont tué hier mercredi 12 personnes, dont des journalistes et deux policiers.

“Des dessins ne salissent pas l’islam”

Je suis français, né en France, de confession musulmane, et je suis très affecté par ce qui s’est passé hier”, nous confie Yacine, 45 ans.

On ne tue pas pour des caricatures. Ce n’est pas des dessins qui vont salir l’islam. Nous avons grandi avec Cabu et le club Dorothée, avance Mohamed, en référence à la collaboration du célèbre dessinateur à l’émission pour enfants des années 1980. Désormais, ce qu’ils redoutent le plus, c’est l’amalgame.

La religion musulmane est une religion de paix, renchérit Farès, d’une voix déterminée. Les auteurs de l’attentat d’hier, ce sont des personnes isolées, perdues dans une foi qui n’est pas la nôtre. J’espère juste que les jeunes de certains quartiers, parfois sensibles et faibles, ne partent pas à la dérive. Tout le monde doit vivre ensemble”.

L’homme souhaite organiser des réunions dans les quartiers, à destination essentiellement des jeunes. “Il faut expliquer ce qui se passe, faire de la pédagogie et réapprendre le respect”, affirme-t-il. Ce jeudi à 18h, un rassemblement pour la liberté d’expression et en hommage aux victimes se tiendra à Villefranche, place des Arts.

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