Charlie Hebdo
© Lyon Capitale

Charlie Hebdo : une marche historique à Lyon

Plus de 300 000 personnes, selon les chiffres de la préfecture, ont participé au rassemblement lyonnais. Un succès historique et un symbole.

Lyon, dimanche 11 janvier 2015 © Lyon Capitale

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Peu avant 13h, les premiers Lyonnais se sont rassemblés devant la station de métro Monplaisir, point de départ du cortège. Il y a déjà quelques centaines de personnes. Parmi elles, Fatima. Elle a quitté l'Algérie depuis plus de dix ans. De confession musulmane, elle "est venue seule", nous confie-t-elle, en brandissant une petite pancarte "Je suis musulmane et Charlie". À ses côtés, Hélène, qui est venue avec ses deux filles et son gendre, la rassure aussitôt : "Non, vous n'êtes pas seule." "Nous sommes avec vous, vous allez défiler à nos côtés", ajoute-t-elle en lui prenant la main.

Par ce geste, Hélène et Fatima, qui ne se connaissaient pas, viennent d'illustrer l'un des propos même de cette marche : la solidarité, la fraternité entre les peuples. Peu à peu, le cours Albert-Thomas se remplit, avant même son départ, le cortège s'allonge jusqu'au cours Gambetta. Il est 14h30 lorsque la tête du cortège s'ébranle enfin, avec à sa tête des journalistes, des policiers et des membres du Club de la Presse, qui a organisé la marche silencieuse.

“Allah ne dit pas ça !”

Lyon, dimanche 11 janvier 2015 © Lyon Capitale

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Les Lyonnais sont venus en nombre : en famille, entre amis, des jeunes, plus âgés, d'appartenances religieuses diverses. Il y a cette famille, silencieuse, un peu en marge du cortège, avec des panneaux "Je suis Charlie" écrit en arabe. La communauté musulmane a voulu afficher clairement sa différence vis-à-vis des terroristes islamiques. "C'est un acte horrible", évoquent Raouf et Fatima. "Cela n'a rien à voir avec le Coran. On peut ne pas être d'accord avec des dessins, mais cela ne donne pas le droit de tuer ! Allah ne dit pas ça !"

Nouria Nefta, professeure au lycée du parc Chabrières, à Oullins, craignait d'afficher sa confession musulmane sur la place publique : "J'avais peur des récupérations politiques, mais j'ai bien fait de venir, parce qu'il fallait montrer aujourd'hui qu'il n'y a pas de divisions face à l'horreur."

Au-delà du chiffre, historique pour Lyon, la réussite du défilé réside dans sa forme : il n'y a eu aucune récupération politique. Initiée dès jeudi matin par Frédéric Poignard, le directeur général du Club de la presse, la manifestation a noyé les personnalités parmi les anonymes. Seul le Front national 69 s'était fendu d'un communiqué de presse pour annoncer sa présence dans les rangs lyonnais. Aucun autre parti politique ne l'avait annoncé de manière officielle.

Les fractures qui agitent le pays

Nous en avons retrouvé quelques-uns, noyés dans le cortège, qui ont respecté cette volonté de neutralité. Michel Havard, chef de l'opposition municipale à Lyon, Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional, David Kimelfeld, maire PS du 4e arrondissement, Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, Thierry Braillard, secrétaire d'État chargé des sports, ou encore Philippe Cochet, député-maire de Caluire. Le maire de Lyon, Gérard Collomb, a déclaré que "cette manifestation montre qu'au-delà de l'émotion il y a une volonté de rassemblement forte". Après cette démonstration d'unité dans tout le pays, le rassemblement justement sera l'enjeu de la nation dans l'après Charlie Hebdo. Ces heures terribles ne gomment pas les débats et les fractures qui agitent le pays. Sans doute obligeront-elles chacun à plus de responsabilité.

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