Joël Specque Procès Carlton
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Procès du Carlton : DSK “pas cité” dans les écoutes de 2010

Joël Specque, ancien officier à la PJ de Lille, a confirmé la tenue d’écoutes administratives en 2010. Il n’y a rien d’illégal dans ce genre d’enquête, pourtant réservée aux affaires sensibles portant atteinte à la sécurité nationale. Les avocats de la défense nourrissaient ainsi quelques doutes quant à l’origine de l’affaire...

Il était attendu de pied ferme par les ténors du barreau. Me Leclerc, Me Bluche, Me Dupond-Moretti et Me Margulies avaient fait le déplacement pour entendre son témoignage, prévu à 14h. Finalement, il passera bien plus tard, à 18h. Lui, c’est Joël Specque, ancien chef de la division criminelle de la PJ lilloise, à la retraite depuis fin 2010.

Des écoutes tenues au secret défense

Oui, il y a bien eu des écoutes administratives. En juin 2010, Joël Specque reçoit “un tuyau” au sujet de Dodo la Saumure et de René Kojfer. Pour lui, il n’y a pas suffisamment d’éléments probants pour ouvrir une enquête préliminaire. Il faut étayer cette hypothèse. Impossible de rester posté devant le Carlton pour essayer de repérer une prostituée. Impossible de faire entrer un policier incognito dans l’hôtel : "René Kojfer connaissait tous nos hommes", avance l’ancien enquêteur.

Le seul moyen, totalement légal, qu’utilise alors la PJ est de placer sous écoutes administratives les deux hommes. Le 22 juillet 2010, la commission valide la demande formulée par Joël Specque. Selon la loi, que celui-ci connaît parfaitement, ces interceptions téléphoniques, soumises à l’autorisation de Matignon, sont détruites dans la foulée et stipulées secret défense.

DSK “pas cité”

"À aucun moment le nom de M. Strauss-Kahn n’a été cité dans ces interceptions", a-t-il affirmé, ajoutant en haussant les épaules : "Il n’y avait rien de sensationnel dans ces écoutes, vous pouvez me croire."

“Je ne vous crois pas”, rétorque Me Bluche, l’avocat de Jean-Christophe Lagarde, à l’origine de sa convocation devant le tribunal.

Me Leclerc, conseil de DSK, s’engouffre dans la brèche. "Quel caractère de gravité, demande-t-il, pouvait motiver une enquête justifiant que le secret-défense puisse être invoqué ?"

Rien n’ébranle Joël Specque. Pour lui, il y avait un soupçon de traite d’êtres humains, une motivation expliquant pleinement une criminalité organisée. "Pourtant, chaque année, la commission refuse d’accéder à des écoutes, poursuit la voix grave de Me Leclerc. Car elle a trop de demandes." Me Delarue s’interroge aussi : ce renseignement fourni à la police concernant Dodo la Saumure et René Kojfer justifiait-il une telle procédure, alors que les liens entre les deux hommes étaient bien connus à Lille ?

Pendant deux heures, l’ombre de la théorie du complot a plané sur le tribunal, pour finalement s’éloigner face aux dires fermes de l’ancien chef de la division criminelle de Lille. L’homme devra de nouveau témoigner jeudi prochain.

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