Emmanuel Macron
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Pourquoi le Gouvernement cherche à recaser les facteurs

Examinateurs du permis de conduire, relais administratifs… Le Gouvernement cherche à étendre les missions et les compétences des agents de La Poste pour faire face à la terrible chute de son activité postale. Une reconversion nécessaire pour éviter “un gigantesque plan social”.

Utiliser les facteurs et autres agents de La Poste pour renforcer les effectifs des inspecteurs du permis de conduire. Voilà ce que propose la loi Macron, actuellement examinée à l'Assemblée nationale. Une disposition qui – parmi d'autres – a amené les gérants d'auto-écoles à mener des actions dans différentes villes de France ce lundi. Avec ce principe, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, tente de résoudre une équation : raccourcir les délais pour passer le permis de conduire et ouvrir de nouvelles missions à La Poste.

Le premier employeur privé de France (268 000 salariés) en a besoin, faute à des résultats financiers préoccupants. Car, si le traitement du courrier est en chute libre, tué par Internet, il représente encore la moitié du chiffre d'affaires de l'entreprise. Les activités bancaires et de logistique n'ayant pas encore réussi à prendre le relais.

L’activité courrier recule encore

Pourtant, de 2012 à 2013 (les chiffres de 2014 ne sont pas encore disponibles), La Poste a enregistré un résultat net d'exploitation en hausse : de 479 millions à 627 millions d'euros (+31 %). Un chiffre en trompe-l'œil, puisque le groupe doit son salut au Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) qui pesait alors 297 millions d'euros. Sans cette aide substantielle, le résultat net aurait plongé.

Or, d'après nos informations, l'activité courrier aurait encore reculé en 2014 de 6 %. À elle seule, elle ne serait même plus suffisamment rentable pour s'autofinancer.

L'idée serait donc d'ouvrir les missions des facteurs et agents de la Poste sur des compétences annexes, comme le permis de conduire. Ce n'est pas la première fois que le "recyclage" des facteurs est envisagé. Il y a quelques mois de cela, Thierry Mandon, secrétaire d’État à la réforme de l’État et à la simplification, souhaitait "réhumaniser" les relations entre les Français et les administrations en utilisant les facteurs. Il envisageait alors d'en faire des "médiateurs administratifs".

“Gigantesque plan social”

Dans le principe, il s’agirait donc de s’appuyer sur le réseau des bureaux de Poste pour créer des lieux d’accueil et de conseil pour les démarches administratives basiques. Les facteurs pourraient même apporter ce service à domicile pour les personnes ne pouvant pas se déplacer. Le ministre souhaite donc "élargir" les missions des agents de La Poste, "sans en faire des agents de la Sécu ou de la Caf", et ce "s’ils en sont d’accord". Thierry Mandon décrivait alors l'organisation de La Poste dans son état actuel comme "gravement menacée à moyen terme", en raison d'un chiffre d’affaires "en baisse de 7 % par mois tous les mois". À l 'époque, le ministre se montrait très clair : soit les agents acceptaient une évolution de leur métier, soit ils se résignaient à "un gigantesque plan social dans dix, quinze ou vingt ans".

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