Max Ernst Histoire naturelle

Expos : Flibustes surréalistes à Lyon

André Breton, Paul et Nush Eluard – Cadavre exquis, 1931. 32x23 cm © Galerie Michel Descours

© Galerie Michel Descours
André Breton, Paul et Nush Eluard – Cadavre exquis, 1931.

Invention belge, le surréalisme n’a pas toujours été un mouvement esthétisant et apaisé. Il fut même, à la suite du dadaïsme, un courant radical et révolutionnaire. Il s’agissait d’“être résolument moderne” selon l’assertion de Rimbaud. Aucune grande exposition ne lui avait été consacrée à Lyon depuis “Armes et bagages” chez Verrière en 1975 et “Permanence du regard surréaliste”, à l’Elac en 1981. La galerie Descours s’en charge jusqu’au 20 juin, avec un bon nombre d’œuvres de ces flibustiers, dont certains Lyonnais. Quant au Réverbère et à Vrais Rêves, ils continuent le combat...

Quelle actualité du surréalisme ! Avec la conviction déjà que le monde extérieur était celui de la désillusion et du désenchantement permanent, les surréalistes ont piraté tout ce qui se présentait. Parmi leurs prises, la création artistique, littéraire et picturale notamment, pour déboucher “autre part”. Hygiène mentale qui, pour échapper à l’empoussièrement et aux pesanteurs lyonnaises, a poussé la créativité dans ses retranchements et surtout “ailleurs”, via l’inconscient débarrassé de ses filtres.

Des Lyonnais, un pape et le Roi des arts

Robert Guyon – La Félicité d’Ariane, 1975. 98x147 cm © Galerie Michel Descours / Didier Michalet

© Galerie Michel Descours / Didier Michalet
Robert Guyon – La Félicité d’Ariane, 1975.

Présent dès 1965, Robert Guyon en est le principal survivant, avec un assemblage luminescent de 1975. Il côtoie ici Max Schoendorff autour de plusieurs toiles et lithographies, Bernard Pruvost, Fred Deux, un Jean Raine plutôt historiquement Cobra. Auraient pu leur être adjoints Raymond Grandjean, Jim Léon, Jean Reudet ou Jean-Marie Albagnac auquel André Breton a du reste consacré un article. Mais, avec des pièces désormais historiques issues du fonds de la galerie, de prêts de galeries parisiennes et de collectionneurs, les grands noms du surréalisme sont présents. À commencer par son pape : André Breton.

Wifredo Lam – Sans titre, vers 1972. 70x50,5 cm / Hans Bellmer – Etude pour “La philosophie dans le boudoir” de Sade, 1963. 59x45 cm / Pierre Molinier – Le Temps de la mort n°1, 1962. 97x130 cm © Galerie Michel Descours / Thierry Jacob (2) & Didier Michalet

© Galerie Descours / T. Jacob (2) & D. Michalet (montage LC)
Wifredo Lam – Sans titre, vers 1972 / Hans Bellmer – Etude pour “La philosophie dans le boudoir” de Sade, 1963 / Pierre Molinier – Le Temps de la mort n°1, 1962.

On retrouve évidemment des œuvres de Wifredo Lam, Hans Bellmer, Raoul Ubac, Paul Éluard, Henri Michaux, Max Ernst, André Masson, Georges-Henri Morin (un temps lyonnais), Émile Malespine, Hans Bellmer, Pierre Molinier ou Jorge Camacho. Elles rappellent la formidable liberté formelle et intellectuelle – qui se perpétue – de tous ces artistes.

De belles découvertes complètent ce cadavre exquis, avec notamment Jean-Claude Silbermann dont une sculpture-peinture interactive, Le Roi des arts (2015) qui devient Le Désarroi. Après Le Roi des confettis, celui-ci va d’ailleurs publier un nouvel opus à l’Urdla. Un catalogue de grande qualité inscrit aussi cet événement.

Actualité du surréalisme

Philippe Pétremant – Culturama, 2014 © Le Réverbère

© Le Réverbère
Philippe Pétremant – Culturama, 2014.

Présent à la galerie Le Réverbère dans une exposition collective, Philippe Pétremant réactualise certains des procédés des surréalistes, notamment les collages, avec cinq photomontages imposants qui nous confrontent physiquement à des symboles de la société de consommation américaine, ici dénoncée. Ces reprographies rescannées, assemblées donnent une autre vie à toutes ces images.

Jean-Baptiste Carhaix à la galerie Vrais Rêves © DR

© DR
Jean-Baptiste Carhaix à la galerie Vrais Rêves.

Enfin, le combat antiréactionnaire, libertaire, éminemment politique et de plus en plus actuel du surréalisme complète ce triptyque de hasard ou de nécessité avec l’exposition de Jean-Baptiste Carhaix à la galerie Vrais Rêves – une des plus marquantes de ces dernières années. Elle détourne des images religieuses, en l’occurrence catholiques, en rappelant que les intégrismes sont partout, en période post-Charlie. Les images fortes, intelligentes, hautement esthétiques d’un libre-penseur, qui bousculent encore.

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Surréalistes, certes – Jusqu’au 20 juin, à la galerie Michel Descours, Lyon 2e.

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La double vie des images – Jusqu’au 28 mars, à la galerie Le Réverbère, Lyon 1er.

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Sang pour sang – Jean-Baptiste Carhaix. Jusqu’au 4 avril, à la galerie Vrais Rêves, Lyon 4e.

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