Caroline Collomb
Caroline et Gérard Collomb © Tim Douet

La liste PS des régionales rejetée par la fédération PS

Mercredi soir, le bureau fédéral du PS a rejeté la liste des candidats socialistes pour les régionales de décembre prochain qui lui était soumise. Si les participants à la réunion évoquent une "conjonction de mécontentement" pour justifier le camouflet, en toile de fond c'est bien la présence en deuxième position de Caroline Collomb sur la liste de Jean-Jack Queyranne qui a crispé et cristallisé les votes défavorables. Retour sur une soirée catastrophique pour Gérard Collomb et David Kimelfeld, premier secrétaire fédéral, mis en minorité par une coalition d'élus et de militants qu'ils n'ont pas vu venir.

"Ce vote est le résultat d'une conjonction de mécontentement", tranche un cadre du PS du Rhône qui a pris part au bureau fédéral de mercredi soir pour expliquer le rejet de la liste PS pour les régionales qui était soumise à leur vote. Et des participants à cette réunion d'égrainer la liste des reproches faits à la liste de Jean-Jack Queyranne : l'aile gauche du parti est repoussée à des positions inéligibles, l'Est lyonnais n'est pas assez bien représenté, la section du 8e arrondissement de Lyon ne s'estime pas assez bien servie, les sortants (Yann Crombecque et Sarah Peillon) reculent de plusieurs places par rapport à 2010, etc. Mais pour d'autres socialistes, ces griefs ne sont pas suffisants pour expliquer ce vote.

La deuxième place de Caroline Collomb en toile de fond

"Beaucoup de gens se sont retrouvés sur la frustration de voir Caroline Collomb en numéro 2. Personne ne le dit, mais tout le monde le pense. Ce vote, c'est la conjonction des frustrés", explique un élu socialiste. Alors que les votes internes se font généralement à main levée, le scrutin s'est pour une fois déroulé à bulletin secret. "L'aile gauche et les gens de l'Est ne sont pas suffisamment nombreux pour expliquer que le vote contre se soit retrouvé majoritaire. Les socialistes et les Lyonnais en premier ne veulent pas de Caroline Collomb en numéro 2. L'après-Collomb a déjà commencé. Tout le monde s'est fait plaisir en votant à bulletin secret sans s'imaginer que la liste serait rejetée et que le vote tournerait à l'humiliation. Depuis, ce sont les Lyonnais qui essaient de trouver d'autres explications au vote", continue cet élu PS. Dans les prises de parole lors du bureau fédéral, des voix se sont élevées pour rejeter la liste.

Le drôle de jeu de Queyranne

À commencer par celle d'Hélène Geoffroy, députée-maire de Vaulx-en-Velin. "Elle a pris la parole plus ou moins au nom de Jean-Jack Queyranne pour dire qu'elle ne voterait pas liste", relate un participant au bureau fédéral. Une attitude très ambiguë de la part de celle qui officiait comme "négociatrice" du président de la région Rhône-Alpes durant l'élaboration de la liste. Le rôle de Jean-Jack Queyranne dans l'élaboration est pour le moins ambigu dans le vote de mercredi soir. "Il n'a pas les appuis auprès des militants pour avoir été à la manœuvre, mais je pense qu'il n'a rien fait pour que la liste soit approuvée. Ça l'arrange dans son rapport de force avec Gérard Collomb", relève un représentant de la motion B.

"Queyranne met Collomb en minorité"

Le président sortant de la région n'a jamais caché qu'il avait remis la constitution de la liste pour la métropole entre les mains de Gérard Collomb qui en était demandeur. "Ce n'est pas la liste que Jean-Jack Queyranne voulait, il l'avait fait savoir. Il aurait préféré que Yann Crombecque soit plus haut et que Caroline Collomb ne soit pas en deuxième position", poursuit une socialiste lyonnaise. C'est pourtant lui qui en avait adopté le principe lors d'un entretien avec Gérard Collomb. "Nous constatons toute la duplicité de Jean-Jack Queyranne qui est contre sa propre liste. Il a réussi à mettre Gérard Collomb en minorité. Le résultat lui donne raison dans sa volonté de ne pas s'occuper du parti", sourit un élu socialiste.

Quelle porte de sortie ?

La liste ayant été rejetée, une nouvelle sera représentée mercredi prochain lors d'un nouveau bureau fédéral. David Kimelfeld, premier secrétaire fédéral, va devoir trouver une solution avant que la constitution de la liste ne vire définitivement au casse-tête. "Avec Gérard Collomb, ils ont deux options : soit intervertir l'ordre de certains candidats : sacrifier Hubert-Julien Laferrière pour remonter Yann Crombecque ou faire pareil avec Caroline Collomb et Sarah Peillon. Leur deuxième possibilité est de repasser la liste telle qu'elle en faisant pression sur les membres du bureau fédéral pour qu'ils ne se laissent plus aller", observe désormais un socialiste. Réponse en début de semaine prochaine. La liste doit être redéfinie lundi soir. Et pour la première fois depuis très longtemps, Gérard Collomb sera peut-être obligé de trouver un compromis avec une fédération socialiste qui jusqu'alors le suivait aveuglément.

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