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La région Rhône-Alpes décide de ne pas sauver Erai

Réunis en assemblée plénière, les élus de Rhône-Alpes ont voté ce matin contre la reprise de l'association par l'Agence Régionale pour le Développement et l'Innovation. Entrée en liquidation pour ERAI : 117 salariés sur le carreau.

Fermeture du dossier ERAI. En assemblée plénière, les élus régionaux étaient réunis ce lundi matin pour décider de l'avenir de l'association rhônalpine de conseil aux entreprises. "Nous sommes dans l'urgence", a débuté Jean-Louis Gagnaire, vice-président régional délégué au développement économique. "Le dépôt des offres de reprises pour ERAI se clôture le 20 mai, soit dans deux jours." L'argument n'a pas fait flancher l'opposition, qui a voté à la majorité contre la reprise d'ERAI.

FN, UDC et Les Verts pour le même refrain

Déjà refusée le 6 mars, l'attribution d'une autre subvention par la région a été de nouveau rejetée aujourd'hui par les élus FN, UDC et EELV. Pour Jean-Charles Kohlhaas, élu écologiste, la région a déjà trop dépensé dans cette affaire : plus de "40 millions d'euros ont été avancés." Mais le plus dérangeant selon l'élu reste les salaires des directeurs et dirigeants d'Erai. "L'ancien directeur général (Daniel Bouffé) gagnait 143 000 euros par an, le directeur général adjoint 120 000 euros par an." Jean-Charles Kohlhaas va jusqu'à accuser l'association "d'abus de bien social." Rejoint par les élus FN et UDC, notamment Gabriel De Peyrecave et Jérémy Thien, l'écologiste vise aussi "le manque de transparence" des comptes de l'association. "Les comptes n'étaient pas contrôlés" selon Jérémy Thien, qui accuse Jean-Jack Queyranne d'être "responsable" du naufrage Erai. Pour De Peyrecave, les responsables sont plutôt "tous les membres du conseil d'administration Erai", dont font partie J-L Gagnaire, F. Benahmed (EELV), ou encore J-J Queyranne. Ces derniers auraient eu accès aux comptes et aux bilans de l'association assez tôt pour prévoir la dangerosité de la situation d'Erai.

Le projet de reprise par ARDI rejeté

L'association Agence Régionale pour le Développement et l'Innovation (ARDI) avait déposé une proposition de reprise d'ERAI, en redressement judiciaire depuis le 14 avril. L'association de conseil aux entreprises dispose de nombreuses filiales à l'étranger, ce qui porte son nombre de salariés à 214. Le projet de reprise présenté par ARDI concernait 118 contrats, avec la reprise des filiales au VietNam, Maroc et Turquie. En France, 57 postes sur 117 auraient pu être sauvés. Sur le plan financier, la région et ARDI s'étaient mises d'accord sur l'attribution d'une subvention de 6 175 000 euros "pour assurer le fonctionnement de la structure en 2015 et (…) la reprise d'une partie du personnel d'ERAI." L'avenir de l'association est donc entre les mains du Tribunal de Grande Instance de Lyon, à l'occasion d'une audience fixée au 9 juin 2015.

Une séance mouvementée

"Vous croyez que tout cela se reconstruit du jour au lendemain ? Erai ne peut pas faire l'objet de bassesses politiciennes" se défend le Président de la région Rhône-Alpes, sous les protestations des élus de droite. Suspendue à deux reprises sous demande des Verts et du groupe UDC, l'Assemblée plénière, réunie spécialement pour ce dossier, était plutôt agitée. S'accusant de part et d'autre de manquer de clarté, les élus ont longuement débattu autour des amendements apportés au rapport initial…. à n'en plus rien comprendre. Les Verts et l'UDC ont demandé la mise en place d'un Comité de Surveillance, chargé de "vérifier la transparence d'Erai, constitué d'un représentant de chaque famille politique. Cette commission spéciale aurait accès à tous les documents d'Erai et de ses filiales." Flou total autour de ce rapport, dans une ambiance des plus tendue. Accusé d'avoir une "attitude inacceptable", de "jouer au ping-pong avec les délibérations", d'être "irresponsable", de mener "une mauvaise action", Queyranne semble incarner le tout-à-l'égout de ce dossier complexe dont personne n'a l'air de vouloir assumer la responsabilité. Les élus seront d'ailleurs - ironiquement - applaudis à la fin de la séance par les salariés d'Erai, spectateurs des délibérations. "Vous avez voté pour votre politique, pas pour nos emplois!"

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