Et pas mal de Croix-roussiens du coup.
Quel est le point commun entre Denis Hopper, un rôtisseur d'origine cambraisienne et la bière ? Allez voir au Chanteclerc. Le patron ressemble à s'y méprendre à l'acteur, le brasseur et ses poulets sévissent tous les jours sur le marché du quai Saint-Antoine et pour ce qui est de la cervoise, elle est fabriquée sur place. Le Chanteclerc, tout le monde connaît ou presque, et sa réputation n'est plus à faire. Faune étudiante, intellos bobos façon Monde diplomatique et Croix-roussiens de tous bords viennent s'abreuver de bières artisanales au 151, boulevard de la Croix-Rousse. A l'origine, un Anglais nommé Rushforth, ancien propriétaire de L'Albion de la rue Sainte-Catherine, rachète les lieux pour en faire une micro-brasserie. Ce sera la première à Lyon. Blonde à 5,4ème, rousse à 6,4ème et bitter à 4,8ème. Dix printemps plus tard, rien n'a changé si ce n'est le Denis Hopper de propriétaire et son rôtisseur de brasseur. Tous les deux ont appris à brasser la bière sur le tas. "Un peu au petit bonheur la chance aussi", avouent-ils. Résultat, des bières un peu plus amères qu'avant et de jolies bières de saison (noire, blanche, miel, figues, gingembre, etc.). Au total, chaque année, 440 hectolitres de bière maison sont ingurgités entre débats, expos, concerts et soirées à thème, sur l'agréable terrasse-guinguette ornée de lampions. Le procédé de fabrication de la bière du Chanteclerc est anglais et le malt utilisé vient tout droit des établissements Warminster Maltings, dans le Wiltshire. Entre 150 et 180 kg de malt (et un kilo de houblon, pour l'amertume) sont nécessaires pour brasser 800 litres de bière (contenance de la cuve). Et miracle, au bout de neuf heures de fabrication, six jours de fermentation et deux à trois jours de "collage", pour faire tomber les dépôts au fond de la cuve, la bière est à la tireuse au zinc.
Dossier réalisé par Pierre Rammah et Guillaume Lamy