À Lyon, Eisenia veut mettre fin à l'incinération des biodéchets

L'association Eisenia, du nom d'un ver de terre capable de digérer les déchets organiques pour les transformer en précieux humus pour les agriculteurs, a saisi le défenseur des droits pour dénoncer les dysfonctionnements de la gestion des déchets de la Métropole de Lyon.

Dans le guide pratique du tri à Lyon élaboré par la Métropole, les effets néfastes de l'incinération des déchets organiques sont pourtant bien signalés. Si le dépliant incite le particulier à composter ses déchets organiques pour les transformer en matière fertile, il précise également en rouge qu'il ne faut surtout pas brûler les déchets verts. "Les particules émises sont dangereuses pour la santé ! Brûler 50 kg de déchets végétaux émet autant de poussières que 5 900 km parcourus avec une voiture diesel". Pourtant, au sein de la Métropole de Lyon, la plupart des biodéchets se retrouvent dans le circuit classique qui consiste à les éliminer dans les incinérateurs au côté des déchets ménagers qui ne sont pas recyclés.

Non-respect de la loi

Tandis que la loi Grenelle II oblige tout producteur de plus de 10 tonnes de biodéchet par an à les trier et à les gérer séparément, l'association Eisenia souligne que "la Métropole de Lyon n'organise pas la collecte séparée des biodéchets sur les nombreux marchés forains situés sur son territoire, ce qui représente 7 000 tonnes de biodéchets par an". Dans une étude menée par l'association, Eisenia estime que les biodéchets des ménages représentent 130 000 tonnes, ceux des restaurateurs 12 700 tonnes et ceux des marchés 5 600 tonnes. En parallèle de la saisine du Défenseur des Droits, l'association propose un "plan B" qui vise transformer ces déchets en matière organique par l'installation en intérieur ainsi qu'en extérieur de lombricomposteurs collectifs en bois. Ces derniers seraient régulièrement collectés pour que les vers de terre Eisenia continuent à transformer les déchets en matière fertile sur des terrains proches de la Métropole. Le compost serait ensuite proposé aux agriculteurs en périphérie de la ville. Un plan qui pourrait, en plus d'être en faveur de l'environnement, "créer des emplois, baisser le recours aux pesticides en employant plutôt des matières organiques, augmenter les rendements agricoles ainsi que créer du lien dans les quartiers", précise Cyril Borron, l'un des trois membres fondateurs d'Eisenia avec Thomas Le Gall et Pierre Ulrich.

1 an d'excédent de TEOM pour valoriser les déchets du 1er arrondissement

"La loi biodéchet n'est pas respecté et nous demandons d'avoir le droit d'expérimenter pour qu'elle le soit. Surtout qu'en 2025, la valorisation des biodéchets devra concerner tous les ménages, c'est maintenant qu'il faut agir. Il faut changer de paradigme et avec notre plan, il y a un vrai potentiel d'insertion et de relocalisation de notre économie", ajoute-t-il. Décidément, la gestion des déchets est un véritable caillou dans la chaussure de la Métropole, notamment car les taux de prélèvement des ordures ménagères, TEOM, sont largement supérieurs au coût du service depuis plusieurs années et qu'après avoir été annulés à plusieurs reprises par le tribunal administratif, ils pourraient s'avérer très coûteux pour l’État. Selon les calculs d'Eisenia, une seule année d'excédent de TEOM perçu par la Métropole suffirait, en terme de financement, pour mettre en place le système proposé par l'association dans le 1er arrondissement de Lyon.

"Rayonner autrement qu'avec des stades"

"Le 1er arrondissement de Lyon est l'un des plus denses d'Europe. Si l'on met en place la collecte et la transformation des biodéchets à cette échelle, cela montrera qu'il est possible de le faire n'importe où" s'enthousiasme Cyril Borron. Si la maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, se montre favorable à cette expérimentation, cette dernière serait très difficile à mettre en place sans le soutien de la Métropole."Nous avons tout à gagner à faire de la métropole de Lyon une métropole européenne exemplaire sur le thème du zéro déchet, Lyon pourrait rayonner autrement qu'avec des stades", plaisante le conseiller technique sur le lombricompostage. Malheureusement ce vendredi, la présentation détaillée du Plan B de l'association composé de 300 adhérents n'a attiré aucun élu de la majorité métropolitaine.

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