C'est ce qu'a sous-entendu, dans un entretien à Lyon Capitale, Paul Bocuse, au lendemain de son 81e anniversaire, fêté en grandes pompes à Monaco. " Je crois qu'il faut revenir à une règle que j'avais mise au départ dans le règlement : celui qui gagne ne revient pas la session d'après ".
Le président fondateur du plus prestigieux concours international de cuisine est donc sorti de sa réserve pour faire taire la polémique qui enfle depuis quasiment un mois dans plusieurs pays. L'affaire, révélée par notre journal (lire sur www.lyoncapitale.fr), mettait en cause le candidat français, suspecté d'avoir utilisé des produits élaborés pour remporter le trophée tant convoité. Les Danois – Bocuse d'argent - s'étaient alors fendus d'une lettre au goût amer, envoyée à tous les candidats, demandant au cuisinier tricolore de recommencer sa prestation devant caméras et jury.
Désignation d'observateurs étrangers
Le Comité d'organisation a tranché : aucune plainte n'ayant été déposée dans les délais, le concours est valide. Pour autant, rien ne sera plus pareil qu'avant. "Qu'on le veuille ou non, cette suspicion collera au concours, reconnaît Régis Marcon, président de l'Académie des lauréats du Bocuse d'Or. Aujourd'hui, il y a un devoir de la France d'être complètement propre dans l'organisation. Sinon le concours sera égratigné et on ne sait pas ce qu'il deviendra par la suite. On a besoin de se remettre en question pour aller de l'avant." Le trois étoiles Michelin de St-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire) soutient également la règle selon laquelle le pays sacré ne doit pas concourir au Bocuse d'Or suivant.
Paul Bocuse envisage aussi, dès 2009, de nommer "deux à quatre observateurs étrangers" qui surveilleront ce qui se passe derrière les cuisines des candidats. Tout compte fait, comme ont pu l'insinuer plusieurs pays, pourquoi n'y aurait-il que les Français pour contrôler le concours, sous prétexte que le Bocuse d'Or est estampillé bleu blanc rouge ?
Au final, l'affaire du Bocuse d'Or aura eu un mérite : celui de faire évoluer des règles qui, sans doute, n'étaient plus en phase avec un concours devenu, en dix éditions, un super show à l'américaine aux enjeux et au budget colossaux.