Christophe Guilloteau Michel Delpuech
© Mathilde Régis

Christophe Guilloteau : “Il faut pouvoir lutter et s’armer”

Le président (Les Républicains) du conseil départemental du Rhône était présent pour l’inauguration du premier salon régional de la sécurité, à Tassin-la-Demi-Lune, ce vendredi. Il considère que, “face aux évolutions de l’insécurité, il faut s’adapter avec des moyens nouveaux à chaque fois”. Entretien.

Lyon Capitale : Pourquoi est-ce important pour vous d'être présent sur ce premier salon régional de la sécurité ?

La sécurité, c'est l'affaire de tout citoyen, mais c'est aussi l'affaire des élus. En tant que président de département, tous les matins j'ai 250 cars qui circulent, il faut assurer la sécurité sur les routes et aux abords des collèges. Je suis aussi parlementaire à la commission de la Défense. Même si je ne suis pas un des spécialistes nationaux au niveau de la sécurité, c'est un domaine qui a beaucoup évolué. Qui aurait imaginé il y a quelques années qu'il faille armer nos policiers municipaux, parfois jusqu'aux dents ? Nous avons eu 287 morts en France : il faut pouvoir lutter, il faut pouvoir s'armer.

Les stands sur le salon présentent les dernières innovations en termes de matériel pour les policiers municipaux, les entreprises ou les collectivités. Se munir d'un équipement adapté est-il devenu une priorité ?

Globalement, la sécurité en France, c'est 100 milliards d'euros. Avec 42 milliards pour la Défense et le reste pour les pompiers, les douanes et la sécurité en mer. C'est une nécessité absolue. Tous les pays sont armés, s'arment et se défendent. En une nuit aux centres d'appel de la gendarmerie ou de la police, ce sont des milliers d'appels à traiter, de l’événement grave à parfois pas grand-chose. Nous sommes obligés d'adapter les moyens.

Dans les collèges, par exemple, j'ai souhaité proposer au choix, à la libre appréciation des conseils d'administration, de plus grands moyens : alarme, vidéosurveillance ou barre anti-intrusion. Parfois, en zone sensible, mieux vaut opter pour plusieurs de ces éléments. Il n'y a pas de lieu où la sécurité doit être mise de côté.

Il y a quelque chose de très important sur lequel je travaille aussi beaucoup, ce sont les attaques cyber, ce que l'on appelle la cinquième armée. L’État y consacre un milliard d'euros. Ces attaques peuvent aller de la diffusion d'images sordides aux échanges pour organiser la destruction d'un endroit, en passant par des tentatives de bloquer des ponts, des ports, etc. Face aux évolutions de l'insécurité, il faut s'adapter avec des moyens nouveaux à chaque fois et avoir la riposte qui, parfois, est extrêmement complexe et technique.

“Nous sommes dans une métamorphose”

Aujourd'hui, le salon de la sécurité est ouvert au public. Voyez-vous en cela une démocratisation des questions de défense et de sécurité, un changement dans les mentalités ?

Les citoyens sont les premiers acteurs à dire les choses et à les voir. Je vois bien que les enfants dans les écoles, quand il y a quelque chose qui ne va pas, ils le disent tout de suite. Avec ce qu'il se passe depuis des mois, nous avons imprimé dans la tête des enfants un autoréflexe, sans être dans la délation. Il faut faire en sorte que les forces de police ou les pompiers aient les moyens nécessaires pour agir. J'ai aussi vu qu'il y avait une demande énorme de femmes qui veulent faire des arts martiaux et les clubs de tir sont pris d'assaut pour avoir des demandes de licence. Le phénomène de l'insécurité existe et génère des peurs.

Jamais on n'aurait imaginé – comme je l'ai vu l'autre jour pour la rentrée scolaire – des gendarmes armés lourdement devant les collèges. Nous sommes dans une métamorphose. Cela existe pour le moment, mais espérons que la menace soit endiguée le plus rapidement possible. Dans le temps, en France, nous avions les indépendantistes bretons, le Front de libération de la Palestine, les mouvements corse et basque ou le GIA, mais ces mouvements ont été jugulés. Maintenant, nous avons un terrorisme qui s'exporte. Je prends le train deux fois par semaine et je ne suis plus dans le même état d'esprit que je l'étais il y a cinq ans.

Pour sécuriser les cars du département, on me dit de mettre des caméras, mais les caméras servent après. Nice est la ville de France où il y a le plus de caméras, ça n'a pas empêché un attentat meurtrier. Je crois qu'il y a une redéfinition à avoir et qu'il faut se dire que ce n'est pas un gros mot de parler de défense, de sécurité et de protection des personnes et des biens au quotidien. Il ne faut pas que ce soit pris comme une contrainte.

Il y a eu de nombreuses craintes sur le développement d'un État policier en France. Ces craintes sont-elles dissipées, selon vous ?

Deux choses ont bouleversé les esprits à ce niveau-là : l'assassinat des deux policiers qui rentraient tranquillement chez eux et qui n'avaient rien demandé et l'attaque à Nice, puisque c'est au-dessus de tout ce qui est imaginable. Au début, quand il y a eu Charlie, puis le Bataclan, c'était Paris qui était visé, ce n'était pas nous. Aujourd'hui, on sait très bien que Daech veut viser les écoles, les lieux de culte... Il n'y a pas de limites. Ces femmes arrêtées pour avoir piégé une voiture avec des bonbonnes de gaz, ce n'était pas pour faire un barbecue, mais un acte délictueux. Il allait certainement y avoir un carnage.

Tous les lieux publics sont aujourd'hui potentiellement visés et les gens en ont conscience. Selon les chiffres du préfet, il y a dans le Rhône cinq personnes assignées à résidence et 250 personnes particulièrement suivies sur les 500 détectées pour radicalisation. Les pouvoirs qui ont été donnés à l'Administration permettent d'aller plus vite. Aujourd'hui, il y a une vraie communication entre tous les services de police et de gendarmerie et les organismes publics comme nous. Quand on a des doutes qui nous remontent, on transmet et cela va vite, pour la sécurité de tout le monde.

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