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Des pôles de compétitivité... si peu compétitifs

Bruxelles a passé au crible les dispositifs récents mis en place pour booster l'économie française. Si le pacte de compétitivité est jugé positivement, il n'en va pas de même pour les pôles de compétitivité. Explications.

Gare au décrochage ! Dans son rapport sur les déséquilibres macroéconomiques publié cette semaine, la Commission européenne souligne que la France a perdu 11,2% de ses parts de marché à l'export, entre 2006 et 2011 (lire ici). Pour autant, elle reconnait volontiers que des efforts ont été accomplis. Mais certains dispositifs gagneraient à être corrigés.

Par exemple le crédit d'impôt recherche. Si 72% des bénéficiaires sont des PME, celles-ci mais n'en reçoivent que 22% des sommes allouées. Les pôles de compétitivité, lancés en 2005, présente un bilan "mitigé" selon la Commission puisque seulement un tiers des entreprises en faisant partie estiment que leur participation à ces clusters français leur a permis d'accroitre leurs ventes et d'améliorer leurs capacités à exporter. C'est maigre. Ce sont des "résultats décevants d'une politique qui a semblé vouloir poursuivre plusieurs objectifs en même temps (y compris le développement local et régional) (…) Les ressources disponibles pour ce dispositif devraient être ciblées sur les pôles les plus innovants", enjoint le rapport.

Seulement 1,5% des brevets

Ce n'est pas la première fois que les pôles de compétitivité sont sur la sellette. Ils "représentent aujourd’hui à peine 1,5% des brevets, 4,5% des dépenses de R&D, 5% des créations d’entreprises innovantes. Seul un projet sur quatre accompagné par les pôles génère effectivement une innovation", critiquait l'Institut de l'Entreprise qui, en novembre dernier, appelait à un rapprochement avec les grandes entreprises qui concentrent 62% des dépenses en recherche et développement du secteur privé. Le think tank libéral proposait de réduire leur nombre - 71 aujourd'hui, tout comme la Cour des Comptes en 2009, qui souhaitait en retenir "une vingtaine". De son côté, le gouvernement français, en lançant la phase 2013-2018, insistait sur les débouchés industriels : "les pôles de compétitivité doivent devenir des 'usines à produits d'avenir' qui transforment les efforts collaboratifs des travaux de R&D en produits, procédés et services innovants mis sur le marché", indiquait le ministère.

Crédit de charges patronales : effet "graduel"

Dans le rapport de la Commission européenne, les investissements d'avenir de Nicolas Sarkozy sont brièvement évoqués. Le Pacte de compétitivité lancé en novembre dernier, et qui comprend notamment un crédit de charges patronales pour les entreprises est jugé positivement, même si la surtaxation des CDD courts est de nature à réduire les créations d'emploi au profit de l'intérim. Selon la Commission, l'impact attendu par le gouvernement français - 300 000 emplois créés et un surcroit de croissance de 0,5% d'ici à 2017 - est perçu comme "optimiste". Ce crédit d'impôt va surtout servir, selon les experts européens, à restaurer les marges des entreprises "plus qu'à baisser les prix à l'export". Marges qui sont les plus faibles de la zone euro. Voici qui va permettre "aux entreprises exportatrices d'investir de façon à accroitre la productivité et à améliorer la qualité de leurs produits". L'effet sur la balance commerciale promet d'être "graduel ». Donc pas immédiat.

Toutes ces améliorations "ne suffiront pas à résoudre les enjeux de compétitivité", prévient la Commission européenne. Qui appelle à en faire plus. Notamment parce que la France, très dépendante du marché européen, a des concurrents qui eux-aussi ont entrepris des réformes. Le rapport cite la baisse du coût du travail en Espagne et en Italie ainsi que "des réformes significatives" réalisées par ces pays sur le marché du travail. "D'où un surcroit de pression sur la capacité de la France à regagner ses parts de marché".

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