Part-Dieu
© Tim Douet

Duron : oui à l'A45, non au CFAL et au contournement de Lyon

EXCLUSIF - La commission Mobilité 21 chargée de fixer les grandes priorités du Schéma national des infrastructures de transport (SNIT) pour l’après-2020 va remettre son rapport dans quelques jours. Nous en connaissons les grandes lignes. Lyon ne devrait pas être gâté !

C'est une version "quasi finale" qui circule actuellement entre Matignon et le ministère des Transports. Rendu public le 25 ou le 26 juin, le rapport de la commission Mobilité 21, présidée par le député Philippe Duron (PS), fera des mécontents. Sa mission : faire le tri parmi les quelque 70 projets à 245 milliards contenus dans le Schéma national des infrastructures de transport (SNIT). Les priorités ainsi définies seront arbitrées par le Gouvernement, qui décidera de suivre ou non ces propositions.

Deux scénarios étudiés pour 2020-2030

L’heure n’est plus aux Trente Glorieuses. L’argent public manque. Ainsi, le document devrait quasiment enterrer la création de nouvelles lignes TGV, rejoignant par là les conclusions du rapport Bianco qui préconisait, en avril, de s’atteler à la mise en place de trains circulant à 200 km/h sur voies normales (contre plus de 300 km/h pour les TGV). Selon nos informations, deux scénarios ont été étudiés. Le premier, qui planifie environ 8 milliards d'euros d’investissements entre 2020 et 2030, entérine le désengagement de l'Etat et la poursuite de la morosité actuelle. Le second, avoisinant les 26 millions, prévoit une croissance recouvrée et de nouvelles ressources, par exemple la montée en puissance de l’écotaxe poids lourds instaurée cette année. Dans les deux cas, sont envisagées des concessions pour les autoroutes nouvelles et la mise à contribution des collectivités locales.

Priorité nationale : faire sauter le nœud ferroviaire lyonnais

"Dans le premier scénario, on ne fait pas grand-chose", reconnaît un élu membre de la commission Duron. "Il nous est vite apparu évident que ce n’était pas la peine de faire à l’avenir de nouvelles lignes grande vitesse sans traiter les nœuds ferroviaires actuels", expose-t-il. Faire sauter le verrou lyonnais doit donc être chose faite avant 2030. Le projet consiste au passage progressif de 4 à 6 voies des lignes traversant Lyon, ce qui implique un enfouissement partiel des rails, l’élargissement en surface étant contraint par le milieu urbain. Il s'agit aussi de traiter le tronçon St-Fons/Grenay, et d’envisager la construction d’une gare souterraine à la Part-Dieu pour décohabiter TER et TGV.

L’A45 retenue dans le scénario 2

Le scénario 2 est un peu moins chiche en projets. Selon nos informations, il retient comme "prioritaire" l'A45 Lyon/St-Etienne, estimée à 1,3 milliard d'euros. La saturation de l'A47 existante est admise, une situation qui "handicape la compétitivité des entreprises du sud de la Loire", selon le document, qui souligne que l'infrastructure a déjà été reconnue d'utilité publique. Au sein de la commission, les avis n'ont cependant pas été unanimes et d’aucuns considèrent qu'il faut éviter d'aggraver les circulations dans Lyon intra muros. Ils pourraient préconiser un nouveau pont sur le Rhône pour une liaison directe sur le périphérique actuel (boulevard Laurent-Bonnevay).

Au niveau national, le scénario 2 estime prioritaire l’amélioration de la ligne Marseille-Nice, traitée par tronçons. Cap sur les "trains de la vie quotidienne" tels que les défend le rapport Bianco : le passage en TGV serait abandonné du fait de sa cherté (plus de 15 milliards d’euros), remplacés par des trains moyennement rapides. Ce scénario 2 retient aussi le doublement de l’A31 entre Toul et le Luxembourg.

Ni ring autoroutier ni CFAL !

Certains projets brillent par leur absence. Ainsi – sauf codicille de dernière minute – le rapport ne juge-t-il prioritaire ni le contournement autoroutier ni le contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise. "Ils sont relégués à l’après-2030", explique un membre de la commission. S’agissant du premier, le document relève que le grand trafic national ne représente qu'une "faible part" des flux sur l’A6/A7 traversant Lyon, notamment sous Fourvière. "Les membres de la commission semblent penser que le contournement autoroutier existe déjà, avec l'axe A432-A43-A46", souffle un observateur des travaux – autrement dit, le trajet suivant la rocade Est, l’autoroute Lyon-Grenoble puis celle qui longe l’aéroport St-Exupéry.

Si cette recommandation était confirmée par le Gouvernement, Gérard Collomb devrait revoir ses plans, lui qui conditionne la réalisation de l'Anneau des Sciences (périphérique ouest) à la réalisation de ce ring autoroutier. Jeudi dernier, il nous confiait avoir demandé à la commission Duron "qu'elle dise qu'il y a un nœud autoroutier lyonnais, comme il y a un nœud ferroviaire lyonnais". C'est raté ! Quant à l’absence du CFAL parmi les projets prioritaires, elle est perçue comme "complètement incompréhensible" par un spécialiste des transports, qui estime paradoxal "qu'on prévoie de résoudre le nœud ferroviaire lyonnais" sans traiter ce contournement.

Quid du Lyon-Turin ?

Deux gros projets seront aussi absents du document, car sanctuarisés par des accords internationaux : la ligne à grande vitesse Lyon-Turin et le canal Seine Nord. "Si le Lyon-Turin était fait, toutes les capacités d'investissement seraient mises en cause, et même la rénovation de l'existant serait rendue difficile", souffle toutefois un observateur des travaux. "J’ai le sentiment que le TGV Lyon-Turin [estimé à 26 milliards d’euros par la Cour des comptes, ndlr] a du plomb dans l’aile. Et je pense que cet avis est partagé", glisse un membre de la commission.

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