Ce week-end ont lieu les états généreux de la ruralité, organisés par l'association des maires ruraux de France à l'hôtel de région. Une assemblée générale qui doit définir 150 résolutions à destination des candidats à l'élection présidentielle "pour une meilleure représentativité des campagnes".
Des états "généreux" de la ruralité qui ont rassemblé une centaine de maires de communes de moins de 3 500 habitants ce samedi à l'hôtel de région situé à Confluence. À quelques semaines du premier tour de la présidentielle, les élus définissent leurs attentes pour le prochain mandat. Si, par déontologie, l'AMRF ne soutient aucun candidat elle demande du "respect" à leur égard au prochain pensionnaire de l'Élysée, quel qu'il soit. Auparavant, ce collectif d'associations a pris le soin d'effectuer le bilan des gouvernements Hollande, en allant à la rencontre des maires de tous les départements métropolitains. "Il aura quand même fallu attendre 3 ans et demi pour avoir un ministre de la ruralité" glisse Vanik Berberian, président de l'AMRF, ancien élu Modem et maire de Gargilesse-Dampierre, petit village de l'Indre.
L'enjeu du numérique
Et si l'AMRF évoque 150 résolutions, un sujet figure au coeur de toutes les problématiques: le numérique. "Toute l'activité humaine passe par ce secteur-là. Cela conditionne tout le reste" explicite le président. Très vite rejoint par René Souchon, ancien président de la région Auvergne et auteur d'un ouvrage sur la ruralité: "Le numérique dans les campagnes c'est un levier du développement rural". Les petites communes souffrent en effet d'un manque de couverture de réseau sur leur territoire, mettant en cause des frais d'installation trop chers. Cette situation amène du chômage "et empêche les jeunes de s'installer" confesse un élu. Une situation qui est amenée à changer selon René Souchon: "La ruralité, c'est la chance du numérique qui ne peut plus investir en zones urbaines". Mais pour cela, l'ancien édile reconnaît: "Il faut se battre. Si les ruraux ne se prennent pas en main eux-mêmes, il ne se passera rien".
"Il existe des campagnes sensibles qui ne sont pas écoutées"
Car c'est bien là que le consensus bat son plein, les communes rurales pensent être laissées pour compte. "Tout au long de nos réunions, nous avons constaté une fatigue, une exaspération et une lassitude des élus. Aux yeux de l'État, un habitant des campagnes et un habitant des villes ça ne vaut pas la même chose" insiste Vanik Berberian, pointant du doigt la dotation globale de fonctionnement (DGF), versée par l'État aux collectivités locales et calculée au pro rata du nombre d'habitants. Mais aussi les récentes lois NOTRe et Mapam, qui ont "maltraité" les petites communes.
Une lassitude encore plus ressentie en cette campagne présidentielle: "On souhaite que les candidats s'intéressent un peu plus à la ruralité". Un constat d'indifférence de la part des candidats, qui ne considèrent pas le sujet des campagnes comme "urgent". "On entend beaucoup parler de quartiers sensibles, mais il existe des campagnes sensibles, ancrées dans la pauvreté" regrette Michel Fournier, maire des Voivres dans les Vosges, "les habitants reçoivent de l'ignorance et du mépris, et cela va se ressentir dans les urnes même si on n'y participe pas en tant qu'élu".