La Police nationale a évacué les familles de sans-abris qui logeaient dans le souterrain de la gare de Perrache, ce lundi 1er juillet en début d'après-midi. Pourtant le problème a été seulement déplacé et non résolu. Explications.
Cette intervention a essentiellement répondu à la nécessité de vider le terrain pour les travaux de la liaison du cours Charlemagne à la place Carnot. Mais elle converge aussi avec les revendications des riverains du quartier de Perrache et de l'association "Protégeons la place Carnot".
“Renaissance” place Carnot ?
En effet, pas plus tôt que jeudi dernier, 27 juin, cette association, qui revendique depuis longtemps "l'application des lois et de la réglementation" et souligne "les dysfonctionnements et les irrégularités concernant l'usage de la place Carnot", a obtenu un arrêté municipal prévoyant l'interdiction de fouler la pelouse de la place. "Je suis contente et je remercie la mairie d'avoir fait les efforts nécessaires", témoigne Jocelyne Fleischmann, membre de l'association. Elle nous a confié le sentiment d'insécurité des riverains que suscitait la présence permanente des Roms sur la place Carnot depuis au moins un an. Le soulagement serait immense pour de nombreux habitants, nous a-t-on souligné à la mairie (UDI) du 2e arrondissement de Lyon. "Trois personnes sont venues ce matin pour nous féliciter. Sur la place, le changement est flagrant, la population redécouvre la place et se la réapproprie", explique la directrice de cabinet de Denis Broliquier.
Une fausse solution
Pendant ce temps, entre 100 et 130 sans-abris, hommes, femmes et enfants, ont été installés entre le cours de Verdun et la place Gensoul. Le maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier, insiste tout de même sur l'insuffisance de cette opération, qui ne constitue en rien une solution pour les réfugiés, et sur le caractère provisoire de ce déplacement. "Mieux vaut tard que jamais, mais attention aux démonstrations de force sans lendemains", dit-il dans un communiqué. Par ailleurs, si la population de la place Carnot est soulagée, une plainte a déjà été recueillie par la mairie du 2e arrondissement du côté de la place Gensoul.
Politiques et associations dans l'inquiétude et l'impuissance
Si cette intervention ne change donc pas beaucoup la donne, elle ravive le ressentiment de certains acteurs locaux vis-à-vis de Gérard Collomb et de son "efficacité très réduite", comme l'a souligné Jeanne d'Anglejean, du groupe Ensemble pour Lyon, au conseil municipal ce lundi. De façon générale, cette action renforce l'urgence du problème des réfugiés à Lyon, problème dont la solution échappe même aux structures d'accueil des réfugiés et des demandeurs d'asile, à l'instar de Forum Réfugiés.
L'association note l'accroissement de ces arrivants depuis quelques mois et confirme les chiffres de Gérard Collomb : environ 300 adultes arrivent chaque mois depuis janvier. De par sa situation géographique, la ville de Lyon est la première éponge des flux d'immigration en provenance de l'Europe de l'Est. "Dans le Rhône, un demandeur d'asile sur deux vient des Balkans",dit-on à Forum Réfugiés. Devant ce phénomène, il devient difficile pour l'association de continuer d'agir. "Nous ne pouvons pas multiplier les centres d'hébergement à l'infini... ",explique un responsable, un peu désemparé. En attendant, la condition misérable des réfugiés et des Roms n'a pas changé et Gérard Collomb a obtenu une nouvelle compagnie de CRS pour la place Carnot. Effectivement, la question est, pour reprendre les termes de ce dernier, "préoccupante".