métro TCL
© Laurent Cousin

Grève TCL : "le mouvement va s'étouffer"

Ce lundi marque la troisième semaine consécutive d'un mouvement de grève dans les transports en commun lyonnais, en plein épisode de pollution. Un conducteur de bus à Vaise, ancien représentant syndical*, se questionne sur la nécessité d'une grève de plus quand la division au sein des travailleurs de TCL semble à son comble et appelle à renouer un dialogue constructif.

Ce lundi, les métros A,C et D vont circuler progressivement dès 7 heures et seule la ligne B ne fonctionnera qu'à partir de 8 heures. Des bus relais assureront les trajets entre les stations de métro toutes les 15 minutes dès 5 heures du matin. Si le mouvement dure depuis trois semaines, les perturbations de ce lundi matin ne se prolongeront ni l'après-midi, ni le soir. Pour le conducteur de bus à Vaise interrogé par Lyon Capitale, "le mouvement va s'étouffer".

"Le métro attendait beaucoup de la part du réseau de surface. Mais sur celui-ci, les neufs dépôts de bus ont chacun des philosophies et des façons de fonctionner différentes. Et dans chaque dépôt, il y a ceux qui sont syndiqués, ceux qui refusent la grève, les nouveaux et ceux qui ne votent pas parce qu'ils sont déçus de l'action syndicale. Ces derniers sont nombreux parmi les anciens, car ils ont connu la grande époque des TCL avant de voir leurs avantages disparaître." Depuis 20 ans dans le transport et deux ans et demi chez TCL, il déplore que "tous restent cloîtrés dans leurs positions", et que ce soit "l'usager qui continue d'en payer le prix fort chaque année à la même période." Entre la "direction qui privilégie l'aspect de la rentabilité à l'aspect humain" et "des syndicats qui défendent des postes au lieu de défendre une profession", il a choisi de faire bande à part.

Des divisions internes...

Entre les conducteurs, les agents de maîtrise, les agents de surface ou les représentants des différents syndicats, l'heure n'est pas à la cohésion. Pour ce conducteur de bus, les divisions sont notamment dues à un éloignement du but premier de TCL selon lui : assurer un service public. "Je travaille pour un service public payant qui doit être rentable et l'usager en paye le prix fort à chaque fois. Nous faisons un service public dans lequel chacun pense d'abord à sa petite personne. On en oublie le sens commun de notre rôle : transporter des personnes et assurer un service. Du côté de la direction ou du côté des syndicats, personne n'a une vision globale. Cela consisterait à pouvoir se mettre à la place de tout le monde : l'employeur, l'organisateur, le client, le contrôleur et le conducteur. Chacun doit collaborer, parler de ses angoisses et de ses attentes. Mais qui est prêt à le faire ?"

...et un dialogue de sourds

Au départ, la revendication de la CGT lors de son appel à la grève un mois plus tôt est la demande d'ouverture des négociations annuelles obligatoires. Des négociations au cours desquels les différents syndicats ne se concerteraient pas et où les revendications deviendraient ainsi très différentes, même si de "petites alliances" se forment entre d'une part la CGT et la FO et d'autre part la CFDT et l'UNSA. Pour le conducteur interrogé, représentant syndical de l'UNSA au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail avant de démissionner, "le syndicalisme est mort et seul un engagement citoyen pourrait éventuellement faire changer les choses". "Quand j'assistais à des réunions, il y a à la table la direction, la CGT, la FO, le CFDT et l'UNSA et on assiste à un espèce de ping-pong verbal. Finalement, on ne va pas vraiment parler d'amélioration des conditions de travail, mais directement d'argent" explique-t-il.

1 médecin du travail pour 4 500 collaborateurs

Pourtant, les problématiques qui concernent les conditions de travail sont nombreuses. Parmi elles, la quasi-inexistence d'un véritable service de médecine du travail pour des emplois où nombreux sont ceux qui souffrent de troubles musculo-squelettiques. "Nos médecins, on n'arrive pas à les garder, ils ne restent pas. J'ai eu une visite médicale à mon entrée aux TCL il y a deux ans et demi, je n'ai pas de suivi depuis. D'autres collègues n'ont pas revu le médecin depuis 5 ou 6 ans. C'est un gros problème et tous les médecins du travail le savent" témoigne-t-il. Si des suivis psychologiques sont assurés, notamment pour les conducteurs de bus confrontés quotidiennement à des incivilités, voire à des violences, il n'y a qu'un seul médecin pour les 4500 collaborateurs du réseau.

*à sa demande, l'article a été modifié pour anonymiser son témoignage

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