Le recteur de la Grande Mosquée de Lyon ne participera pas aux élections du Conseil français du culte musulman. Il évoque un simulacre électoral et parle de "la volonté de mettre l’Islam de France sous tutelle des pays étranger et de l’international fondamentaliste".
La charge de Kamel Kabtane est violente. Le recteur de la Grande Mosquée de Lyon tient dans son viseur la réforme du Conseil français du Culte musulman (CFCM) votée le 23 février dernier. Dans un communiqué, il annonce qu’il ne participera aux élections du CFCM le 8 juin prochain et appelle les autres mosquées à "ne pas cautionner ce simulacre électoral et à participer à la constitution d’un front uni des mosquées indépendantes de France".
Car c’est bien d’indépendance qu’il est question selon l’ancien président du conseil régional du culte musulman (CRCM) de Rhône-Alpes. "La constitution des listes électorales nous montre la volonté de mettre l’Islam de France sous tutelle des pays étranger et de l’international fondamentaliste", estime-t-il.
Une conception de démocratie "de république bananière"
La réforme des statuts du CFCM votée en février, prévoit une direction collégiale et une présidence tournante : un président et au moins deux vice-présidents, issus de chacune des grandes fédérations. Mais la Grande Mosquée Lyon avait été exclue des listes puisqu’elle n'appartenait à aucune fédération. Elle paie aujourd’hui cette liberté selon Kamel Kabtane. "La Mosquée de Lyon qui a toujours marqué son indépendance et sa volonté, de ne pas aliéner sa liberté, se retrouve aujourd’hui reléguée des affaires du CFCM et du CRCM de Rhône-Alpes au rang de mosquée de quartier, par le seul fait qu’elle refuse de se soumettre à l’ukase de ces fédérations". Quatre CRCM ont déjà fait savoir qu’ils boycotteraient ces élections.
"Nous appelons au respect de la volonté affirmée par beaucoup de ne pas se laisser dicter une conception d’un islam à la merci d’organisations plus enclins à plaire à leurs commanditaires étrangers qu’à servir la communauté musulmane de France", appuie le recteur de la Grande Mosquée de Lyon qui juge que la nouvelle construction juridique introduite par les statuts du CFCM "n’a rien à envier à la conception de la démocratie dans une république bananière".