RENCONTRE – Cavalier français qui a porté le brassard de meilleur cavalier mondial, Kevin Staut veut confirmer à Lyon sa progression sur le circuit de Coupe du monde. Après avoir fini 7e, 6e, 5e puis 3e lors des éditions précédentes, il souhaite aujourd’hui monter sur la plus haute marche du podium, associé à sa jument grise Silvana HDC.
Lyon Capitale : Vous parcourez l’Europe et le monde de concours en concours. Quelle image a l’étape lyonnaise dans le circuit international ?
Kevin Staut : Le concours de Lyon est plébiscité à la fois par les cavaliers français et étrangers, lorsqu’il est étape de Coupe du monde. Tout le monde est donc très heureux de se donner rendez-vous ici pour les finales. Il y a eu de nombreux aménagements pour l’événement, mais les écuries sont restées les mêmes. Les chevaux gardent ainsi leurs marques, ce qui est très confortable pour eux. D’un autre côté, tous les halls ont été relookés pour passer du rouge de GL Events au bleu de Longines, ce qui est plutôt très réussi. On a gagné en place un peu partout et c’est super car on sent que tout est fait pour que le public soit là. Sylvie Robert [l’organisatrice de l’événement, NdlR] veut faire un maximum de place aux spectateurs et c’est ça qui fait la spécificité du concours de Lyon. Certains autres concours sont plus télévisuels, mais ici il y a quelque chose à vivre en direct. C’est un événement populaire.
Vous avez été 7e, 6e, 5e puis 3e des précédentes finales de la Coupe du monde. Cette fois sera-t-elle la bonne ?
Je ne sais pas si cette fois c’est la bonne (rires). En tout cas, nous avons pensé cet objectif de Lyon très en amont, avec le plus de sérieux et de réflexion possible. Le programme de Silvana a été entièrement fait en fonction de cet objectif des finales. Ces dernières semaines, le comportement de la jument est encourageant, elle semble en forme. Cela fait six ans que je la monte et nous sommes maintenant en phase ; en tout cas, nous nous connaissons de mieux en mieux. Mais, évidemment, notre sport comporte une part très importante d’incertitudes, et c’est aussi ce qui en fait sa beauté.
Quelle sera la clef pour remporter ce titre mondial ?
Notre sport explose complètement en ce moment. Les circuits et les concours se multiplient. La clef, ce sera donc d’avoir géré au mieux sa saison. Ensuite, bien évidemment, c’est le mental qui fera la différence. Qui tiendra le mieux la pression ? Qui craquera le dernier ?
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur votre saison ?
Tout début 2013, ça a été difficile. Pénible même avec mes très grandes douleurs au dos. Il n’y a que les bons résultats qui pouvaient me redonner un peu d’envie à l’époque. Aujourd’hui, mon dos va mieux. Je vois le bout du tunnel et je reprends énormément de plaisir à monter. L’entame de la saison hivernale a représenté pour moi un réel tournant sportif. On peut dire que ça a été une véritable libération. Je suis désormais dans un tout nouvel état d’esprit.
Silvana a aujourd’hui 15 ans. Vous l’avez dit, son objectif était cette finale de la Coupe du monde. Quel est le programme de la jument après cette échéance lyonnaise ?
Tout dépendra vraiment de la manière dont elle récupérera des finales, mais il y a tout de même en extérieur des concours qui ont des typologies assez proches de l’indoor avec des pistes en sable plutôt petites, comme Cannes ou Monaco par exemple, où Silvana pourrait aller.
De votre côté, l’objectif sera les Jeux équestres mondiaux, qui auront lieu cet été en Normandie. Quel est le leitmotiv de votre préparation ?
Pour les JEM, il faut avant tout avoir un esprit d’équipe très soudé. De par le modèle et la formule de l’événement, il faut penser en termes de groupe. En ce qui me concerne, je compte participer au maximum de coupes des nations avec Rêveur de Hurtebise HDC. Mais je préparerai aussi en parallèle un ou deux autres chevaux, au cas où…
Il y a eu quelques désistements pour ces finales de Lyon, les cavaliers préférant préserver leurs montures. C’est une décision que vous comprenez ?
Bien sûr. On l’a dit, les saisons sont chargées et il n’y a quasiment plus de coupures entre les circuits d’hiver et d’été. Certes, il y a énormément d’argent investi dans notre sport, mais il faut aussi comprendre que nos chevaux ne sont pas des machines. Alors, lorsqu’on n’a pas la chance de pouvoir compter sur un large piquet, il est légitime de faire particulièrement attention et de gérer au mieux ses chevaux en vue des JEM.
Il y a quelques mois, Michel Robert faisait ses adieux à la compétition de haut niveau. Vous avez récupéré depuis sa jument Oh d’Eole que vous avez amenée à Lyon. Comment avance le travail avec elle ?
J’adore cette jument, qui a eu énormément de résultats avec Michel et son cavalier précédent aussi. C’est une jument intéressante à monter, car très différente de ce qu’on pense en la voyant au premier abord. Je m’y suis rapidement attaché. Je la trouve même touchante, parce qu’elle a ce mental d’athlète avec un esprit positif. En revanche, elle pardonne peu les erreurs techniques et oblige à une très grande précision. Mais, lorsque tout est en place, on a vraiment l’impression de ne faire qu’un avec.