Financé de manière participative, le projet “gonette” se concrétisera ce samedi 7 novembre avec la mise en circulation des premiers billets de cette monnaie de l’économie réelle.
D'étranges billets verts feront bientôt leur apparition dans les porte-monnaie lyonnais. S'ils ont la couleur du dollar, les billets de cette nouvelle monnaie ont une philosophie diamétralement opposée. Locale, citoyenne et écolo, la gonette est une monnaie complémentaire à l'euro.
Les Lyonnais pourront l'échanger et la dépenser dans les commerces partenaires. Épiceries bio, restaurants ou associations, ils sont pour l'instant une quarantaine à avoir rejoint le réseau.
En ce qui concerne le taux de change, pas besoin de calculette : une gonette vaut un euro. À quoi bon, alors ? Eh bien, la raison d'être d'une monnaie locale est d'être dépensée près de chez soi, pour faire valoir les commerces et l'économie de sa région.
Soutenue par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), la gonette doit ainsi permettre "de relocaliser les échanges, de donner du sens à notre consommation et surtout de remettre la finance au service de l'économie réelle", expliquent les initiateurs du projet.
150 000 gonettes en circulation dès samedi
Financé de manière participative via la plateforme Arizuka, le projet a réussi à dépasser son objectif initial, fixé à 20 000 euros, en réunissant quelque 22 153 euros. La somme récoltée a permis aux initiateurs du projet, mûri depuis quatre ans, d'éditer les 150 000 gonettes mises en circulation dans le Grand Lyon samedi.
Le lancement aura lieu sur la péniche de La Turbine, en face du 20 quai Gailleton, avant de se déplacer en soirée sous le chapiteau de la place Bellecour. Vous pouvez dès à présent convertir vos euros en gonettes sur le site de paiement en ligne sécurisé Paypal.
Déjà une trentaine de monnaies locales en France
Après l'abeille, lancée en 2010 à Villeneuve-sur-Lot, les monnaies locales se sont diffusées dans tout l'Hexagone. Il en existe aujourd'hui 30, en attendant la nouvelle venue lyonnaise. Le but de ces monnaies alternatives et complémentaires est avant tout de favoriser l'économie réelle locale. L'idée est de rompre avec l'économie spéculative. Étant donné qu'il est impossible d'épargner ou de placer des abeilles, des pêches ou des gonettes, ces monnaies ont vocation à circuler le plus possible.
Le second pendant tient au caractère local de ces monnaies. Les commerçants qui acceptent la gonette sont situés exclusivement dans la région lyonnaise. En favorisant les commerces de proximité face aux grandes surfaces notamment, les initiateurs du projet entendent redynamiser l'économie locale.
Dernier aspect de cette démarche de développement durable : l'écologie. Les commerçants partenaires de la gonette se fournissent chez des producteurs locaux et non à l'autre bout du monde. Ils s'engagent à favoriser les circuits courts et à lutter ainsi à leur échelle contre la pollution.
Côté législation, enfin, les transactions effectuées en monnaie complémentaire sont enregistrées dans les comptes de l'entreprise et soumises aux mêmes contraintes fiscales et sociales que celles réalisées en euros.
Reste que la concurrence entre les producteurs locaux sera toujours là et ce n'est pas une monnaie locale qui changera le chômage à l'échelle globale. (ni la pollution automobile, etc). Bonne chance quand même à cette monnaie, qui aura bien besoin des subventions et du soutien politique pour perdurer. (comme d'autres monnaie locales).