La Métropole de Lyon, "moteur" de ses territoires

Économiste de la géographie” comme l'a qualifié Gérard Collomb, Laurent Davezies a rendu un rapport commandé par la Métropole de Lyon sur “la circulation des revenus de la Métropole de Lyon”. Un rapport qui met en évidence une métropole intégrée dans son environnement local et régional. Une métropole qui serait un “moteur de solidarité interterritoriale du pays”.

Lyon Capitale : Vous venez de rendre un rapport sur la solidarité interterritoriale dans la métropole de Lyon. Est-ce qu'il y a une fracture entre Lyon et ses territoires ?

Laurent Davezies : Oui et non à la fois. Il y a des gens qui pensent que oui parce que depuis 10 ans on a une situation de l'emploi en France qui est assez inquiétante. On constate que dans ce contexte, la métropole de Lyon s'en sort plutôt bien. Elle fait partie des six ou sept villes françaises qui continuent de créer de l'emploi alors que depuis 2007 la France en a perdu. Il peut donc y avoir une fracture entre Lyon et ses territoires sur l'activité, mais pas sur les solidarités.

Vous avez parlé de poule aux œufs d'or..

C'est exagéré, mais quand on mesure le transfert de revenu entre la métropole lyonnaise et les territoires périphériques au sein de l'ancienne région Rhône Alpes les transferts sont considérables. La métropole de Lyon redistribue de l'ordre de 41% de son revenu vers l'extérieur. C'est-à-dire 11 milliards d'euros environ.

“Il n'y a pas de territoire abandonné ou délaissé”

Est-ce qu'il y a des territoires délaissés au sein de la métropole ?

Je n'aime pas l'expression territoires délaissés. Il n'y a pas de territoire abandonné ou délaissé. Il y a des territoires où il y a des gens en difficultés en revanche. Et il y en a dans la métropole de Lyon. Vaulx-en-Velin, Vénissieux et d'autres. Pour autant quand on mesure les effets de solidarités internes à la métropole, ce sont des territoires ou il y a une partie non négligeable de la population dont les revenus sont issus de prestations sociales. Ces prestations il faut bien les financer. C'est donc de l'argent redistribué donc ils ne sont pas abandonnés.

Est-ce qu'il y a une redistribution des revenus entre habitants ?

Une politique locale ne doit pas être redistributive. On ne doit pas prendre l'argent des riches lyonnais pour le donner aux pauvres. Parce qu'en prennent aux uns pour donner aux autres, on appauvri tout le monde. Il faut que le coût d'évasion de la solidarité pour le riche soit supérieur à ce qu'il paye en impôt. Or quand on monte les impôts d'un Lyonnais riche pour le donner au pauvre, il part dans la commune d'à côté, donc cela appauvrit la métropole.

“Celui qui dit que les perspectives à 10 ans sont excellentes, il dit des conneries”

Va-t-on retourner à un système “féodal” de grands fiefs qui irriguent leur territoire ?

À l'époque de la grande industrie, Lyon avait autant d’influence qu’aujourd’hui sur sa région. Mais il est vrai que l'industrie dans le monde rural a dégringolé. Ce qui est nouveau par rapport à avant, ce sont les transports dans une époque ou l'industrie pérenne est en ville.

Est-ce que l'on peut dire que Lyon se porte bien ?

Gérard Collomb a dit que les perspectives sont bonnes, mais on n'en sait rien. Celui qui dit que les perspectives à 10 ans sont excellentes, il dit des conneries. Mais actuellement Lyon est le troisième lieu de France pour la création nette d'emplois.

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