Tunnel Croix-Rousse

Le tunnel de la Croix-Rousse continuera de polluer le plateau

Si elles seront entièrement refaites, les cheminées du tunnel sur le plateau de la Croix-Rousse, dont l’une est située aux abords d’une crèche, continueront à cracher l’air archipollué des voitures.

21 rue Chazière, dans le parc privé du Généralat des religieuses trinitaires, à quelques mètres de la Villa Gillet et du parc public de la Cerisaie. 3 rue Anselme, à l’angle de deux immeubles d’habitation. 86 boulevard de la Croix-Rousse, dans la continuité d’immeubles, à une cinquantaine de mètres du parc Sutter. 24 bis rue de Crimée, au beau milieu des cours intérieures d’un vaste ensemble immobilier et à deux pas d’une crèche collective municipale. 19 rue Vaucanson, dans les jardins publics de l’église Saint-Bernard et à côté de la crèche parentale La Ribambelle.

Cinq lieux d’habitation très denses, sur le plateau de la Croix-Rousse. Cinq énormes usines de ventilation, reliées au tunnel par cinq puits verticaux, distants d’environ 300 mètres et dont la profondeur varie de 60 à 75 mètres. Chacun de ces puits comprend deux conduits d’environ 4 mètres de diamètre, le premier permettant l’extraction de l’air vicié du tunnel, le second l’alimentation en air frais. Bref, cinq bâtiments de plusieurs mètres de haut, camouflés de plusieurs rangées de persiennes, qui recrachent la pollution d’en bas. Depuis 1952, année de mise en service du tunnel – ce qui se faisait de mieux à l’époque en Europe –, les habitants du plateau de la Croix-Rousse vivent avec la pollution des 45.000 voitures qui traversent quotidiennement le tunnel.

Pollution avérée

En 2007-2008, des études sur la qualité de l’air ont été menées à l’intérieur du tunnel. Conclusions : “Les concentrations en sortie d’extraction de cheminée [en dioxyde d’azote, NdlR] sont supérieures d’un facteur 10 aux niveaux de fond urbain et d’un facteur 4 aux niveaux de proximité du trafic.”

Les effets sur la santé du dioxyde d’azote sont graves : irritations des poumons, toux et diminution de la résistance des voies respiratoires aux infections. La rénovation des usines de ventilation, qui doit s’achever fin mai, ne changera pas la situation, puisqu’elles seront simplement désamiantées et leur structure interne reconstruite. Le réaménagement intérieur des cheminées permettra seulement d’améliorer les performances de renouvellement de l’air et d’absorber le bruit des ventilateurs. “Il n’y aura pas de système de filtration de l’air, car les coûts sont trop élevés et les retours d’expérience en Italie et en Australie peu significatifs”, explique Thomas Kavaj, ingénieur du service des tunnels à la direction de la voirie du Grand Lyon.

Un masque pour les piétons ?

Le deuxième point noir concerne les têtes du tunnel. L’étude sur la qualité de l’air précise que “les niveaux de dioxyde d’azote et de particules fines les plus élevés, qui dépassent les valeurs limites réglementaires, sont observés aux deux entrées/sorties du tunnel, avec de fortes valeurs également sur les quais, côté Rhône et côté Saône”. Or, c’est à proximité immédiate des extrémités du tunnel routier, très polluées donc, que se fera l’entrée du tunnel pour les piétons, les poussettes, les trottinettes, les skates, les rollers ou les vélos. Autrement dit, ça va tousser ! Et ce n’est pas l’installation supplémentaire de gros ventilateurs “accélérateurs”, placés sur la voûte dans le tunnel routier (entre 18 et 24 sur 1,7 kilomètre), qui améliorera la qualité de l’air aux entrées et sorties.

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