Le blocage a tenu 16 jours. Environ 80 étudiants retranchés dans un amphi ont été évacués dans le calme. Présent sur les lieux, Lyon Capitale a pu suivre l'intervention des forces de l'ordre.
Celle-ci s'est déroulée sur la demande de la présidence de l'université, suite à une action "d'auto-réduction" effectuée dans le supermarché Leader Price situé dans la zone industrielle, derrière le campus. En clair, une cinquantaine d'étudiants sont allés en fin d'après-midi se servir en nourriture, ont rempli cinq caddies et sont repartis sans payer vers l'amphi où se déroule l'occupation.
Il est 19h. Rapidement la BAC prend position sur le campus, puis les CRS et enfin les gendarmes mobiles. Les vice-présidents Alexis Chvetzoff et Thierry Valentin les accompagnent. Six professeurs sont aussi présents sur les lieux en tant que témoins pour éviter d'éventuelles violences policières. Et tenter une médiation. Vers les 22h30, ces mêmes professeurs, constamment en lien avec les étudiants assiégés, les appellent pour les prévenir du début de l'intervention. Ils vont ensuite au seuil de l'amphi leur demander de sortir dans le calme, en les prévenant du contrôle d'identité qui les attend. S'en suit un quart d'heure d'une extrême confusion. On discute pour savoir s'il faut attendre l'intervention ou sortir "tous ensemble" en se tenant. Certains sont déjà sortis. Une étudiante en fauteuil est dans l'incapacité de sortir. Un CRS, par la porte, lui propose de l'aider. Refus. Finalement, des CRS ont eu le temps de faire le tour et pénètrent dans l'amphi par l'entrée située dans le couloir. Les étudiants se décident alors à sortir en se tenant. Dehors, comme promis, des policiers en civil contrôle l'identité de chacun. Plus haut sur une passerelle, l'un des vigiles du Leader Price désigne, dans l'obscurité, les personnes à arrêter. Un à un des étudiants sont mis à part, à genoux, certains menottés. Ils crient leur nom pour qu'ils soient identifier par ceux qui sont sortis libres. La personne handicapée s'en prend aux CRS : "vous embarquez mon copain (qui est aussi son auxiliaire de vie, ndlr), alors que nous sommes arrivés à 21h sur le campus !". D'autres étudiants affirment que certains des 13 étudiants arrêtés n'ont même pas participé à l'"action" du Leader Price. Tous les 13 finissent par être embarqués, direction l'hôtel de police. Motif : "vol aggravé avec violence".
Présent tout au long de l'intervention, le vice-président en charge de l'international Thierry Valentin explique : "On a toujours dit que s'il n'y avait pas d'atteinte au bien et aux personnes, on n'évacuerait pas le campus de Bron. L'université n'est pas le lieu de recel de produits volés. La présidence a donc décidé qu'on n'avait pas à tolérer qu'ils viennent se réfugier dans le campus". Ce vol chez Leader Price a-t-il fourni un prétexte à la présidence pour faire évacuer le campus de Bron, après avoir envoyé deux semaines plus tôt les gendarmes mobiles sur le campus des quais ? Même chez ceux qui soutiennent "l'action de redistribution des richesses", certains considèrent que c'était une "connerie stratégique qui permet de justifier l'envoie des CRS". Une étudiante paniquée les traite de "cons". "A cause des autonomes (mouvance libertaire qui fonctionne sans organisation, ndlr), on s'est fait expulser de Bron".
Keith Dixon, Professeur d'Etudes Anglophones, est parmi les enseignants venus sur place pour s'assurer qu'il n'y avait pas de violences : "Cette action chez Leader Price arrange beaucoup de monde. Elle fournit une occasion rêvée pour faire évacuer Bron, ce qui risque d'affaiblir le mouvement. Les étudiants grévistes devraient publiquement se désolidariser de ce type d'action". Il est minuit. Après quelques tergiversations, la vingtaine d'étudiants encore présents s'éclipse à pied et en voiture. Le soir-même, dans un communiqué, la présidence a annoncé la fermeture administrative des sites des quais et de Bron, jusqu'à lundi.
NB : Photo de la première intervention des forces de l'ordre à Lyon 2, sur le site des quais, le jeudi 15 novembre.
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