À l'occasion du lancement des états généraux des migrations à Lyon, une centaine de personnes se sont rassemblées ce lundi soir devant le Château Sans Souci (3e arrondissement de Lyon).
"Nous déclarons ouverts les états généraux des migrations", lance Charles Joder, bénévole à la Cimade, et coordinateur du collectif inter-associatif de défense des droits des étrangers. Lundi soir, journée internationale des migrants, ils étaient une centaine à assister à ce rassemblement organisé par 30 associations et collectifs de soutien aux migrants (1), devant le Château Sans Souci (3e arrondissement de Lyon). Les objectifs, signaler "les situations inacceptables" actuelles en France, se mobiliser concernant le projet de loi "immigration et asile" du gouvernement, constituer des propositions collectives afin de "démontrer qu'une autre politique migratoire est possible" et changer le regard "trop souvent xénophobe" sur les migrants.
"Construire la solidarité"
Des représentants de différentes organisations se succèdent au micro. Interventions ponctuées d'applaudissements. "Les politiques migratoires actuelles dissuadent, méprisent, discriminent, précarisent, humilient, excluent, quand elles ne tuent pas, détaille Charles Joder. Il est temps d'en changer pour construire la solidarité, l'accueil et l'hospitalité." Et de rappeler les engagements de l'État français, signataire de la Convention de Genève, de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention internationale des droits de l'Enfant. "Et pourtant à Lyon des dizaines de mineurs isolés vivent dans la rue et sans protection, et de nombreuses familles avec des tous petits n'ont pas d'hébergement", s'insurge-t-il.
"Demain, qu'allons-nous faire ?"
Également dans le collimateur de certaines organisations, les circulaires du 20 novembre et du 12 décembre. "Avec la première, le ministre de l'Intérieur, [Gérard Collomb], entend "agir rapidement à droit constant" pour enfermer et expulser encore plus car l'éloignement et le transfert sont la clé de voûte de la politique migratoire d'Emmanuel Macron, regrette Hélène, membre du collectif de soutien aux réfugié-e-s et migrant-e-s Lyon 69. Avec la circulaire du 12 décembre, il s'agit de mettre en place des équipes composées d'agents de la préfecture, de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration), et de personnels compétents en matière de veille et d'évaluation sociale afin de faire le tri dans l'hébergement d'urgence."
Nathan², Pascal² et Éric² se passent le micro afin de remercier les personnes qui leur sont venues en aide. "Nous avons besoin d'un soutien matériel et d'un soutien moral, demande Pascal, qui confie avoir été expulsé de la Part-Dieu. Hier, nous étions dans le froid, aujourd'hui nous sommes à l'abri, demain qu'allons-nous faire ?"
"La scolarisation, clé de l'intégration"
Les militants profitent également de ces prises de parole pour inviter les personnes présentes à les aider dans leurs actions. Notamment celles menées en direction des quelque 150 personnes, en cours de demande d'asile, qui campent sur l'esplanade Nelson Mandela. Parmi elles, "une vingtaine d'enfants, [dont les plus jeunes ont entre deux et quatre ans], qui dorment dehors avec leurs parents", recensent les organisations.
La soirée se termine par des discussions informelles autour de galettes confectionnées sur place par Patrick², Éloïse² et Éric². Ce dernier, 17 ans, raconte, en anglais, venir du Libéria et être arrivé à Lyon il y a trois mois. Après un mois passé à la rue, il est accueilli chez Patrick et Éloïse pendant un peu plus d'un mois. L'occasion pour eux de l'aider dans ses démarches administratives. Et le 9 décembre, le jeune homme obtient une place à l'hôtel pour une durée indéterminée. Éloïse décrit son parcours de la Libye à l'Italie. "Il a failli être embrigadé dans des réseaux de prostitution dans un camp là-bas et il a vraiment eu peur pour sa vie, confie-t-elle. C'est aussi pour cela qu'il a quitté l'Italie pour la France."
Depuis quelques semaines, Éric prend des cours de français. "Fin janvier, il doit passer une évaluation scolaire, explique Éloïse. Comme de nombreux jeunes migrants sont arrivés à Lyon, on sait que cela ne va pas être simple d'intégrer une formation, mais on croise les doigts car je pense que c'est la clé de la réussite de son intégration."
Une première session nationale des états généraux des migrations est prévue au printemps 2018, "afin de rendre visible les travaux [des acteurs engagés dans ce processus]".