Tout comme les généralistes, les internes en médecine font part de leur opposition au projet de loi de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Ils ont manifesté à Lyon mercredi et n’excluent pas de nouvelles actions.
150 internes en médecine ont manifesté à Lyon mercredi, d'abord au sein de l'hôpital Edouard-Herriot, puis devant l'agence régionale de santé (ARS) dans l'après-midi. La directrice adjointe de l'ARS a reçu une délégation, écouté leurs griefs et assuré qu'elle ferait remonter leurs revendications au ministère.
Comme les généralistes, qui manifestent eux ce jeudi, les internes font entendre leur opposition au projet de loi défendu par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. 350 d'entre eux étaient en grève, sur les 650 que comptent les effectifs des HCL, selon des chiffres du Syndicat autonome des internes des hôpitaux de Lyon (SAIHL).
"Aucun médecin n'a été associé à la rédaction du texte, regrette Antoine Thibaut, président du SAIHL. C'est dommageable de ne pas pouvoir donner son avis sur une situation que l'on vit au quotidien."
Le remède contre les déserts médicaux ?
Les revendications des internes sont sensiblement les mêmes que les généralistes. Hormis sur certaines mesures du texte de loi qui les concernent spécifiquement.
Pour les internes, des commissions de postes de stages se réunissent régulièrement pour discuter des affectations de stage des étudiants en médecine. Le projet de loi présenté par la ministre de la Santé prévoit une participation de représentants des collectivités territoriales à ces commissions.
"On a peur, et je crois qu'on a raison d'avoir peur, de se voir confrontés à une demande de la part de communes en déficit de médecins", explique Antoine Thibaut. Autrement dit, les territoires qualifiés de "déserts médicaux" pourraient bénéficier de ce vivier pour répondre à la demande.
Une idée certes louable, mais qui signifierait envoyer sur le terrain des médecins encore étudiants et sans généralistes confirmés pour les guider dans leur formation.
La flexibilité aux dépens de la spécialisation
Autre point de discorde, la volonté de ce projet de loi de permettre la mobilité des praticiens hospitaliers, leur donnant la possibilité de "dépanner" dans les services où on a besoin d'eux, sacrifiant la spécialisation sur l'autel de la flexibilité. Pour Antoine Thibaut, c'est un révélateur de l'ambition de faire de "chaque praticien hospitalier quelqu'un de remplaçable. C'est un avantage quand ils sont absents et parce qu'ils sont formés un petit peu en tout. Mais, du coup, ils ne sont spécialistes de rien. On perd énormément en qualité."