Le blocage de l'université devrait être maintenu jusqu'au jeudi 30 avril, date de la prochaine AG. D'ici là, un vote à bulletin secret, promis par la présidence, pourrait se tenir lundi et décider de l'avenir du mouvement.
" Tout le monde ici peut voir que cette AG n'est pas crédible. Nous, on boycotte l'assemblée et on va demander le vote à bulletin secret à la présidence ! ". Un étudiant anti-bloqueur interpelle l'assemblée quelques minutes seulement avant le vote sur le maintien ou non du blocage du campus. "Quoiqu'il arrive, on sait que les résultats ne seront pas représentatifs des étudiants de Lyon2, du coup, on préfère partir ", s'insurge Kevin, l'étudiant à l'initiative du boycott. Quelques cent cinquante étudiants emboîtent le pas et quittent la cours du bâtiment D où se déroule l'AG depuis plus de deux heures.
Cette fois-ci, les étudiants contre le blocage préfèrent quitter l'assemblée avant même le vote. Conséquence, le blocage du campus Berges du Rhône est prolongé jusqu'au jeudi 30 avril, date de la prochaine AG. Une décision chaudement applaudie par les grévistes pro-blocage. Le vote a été d'autant plus facile que les étudiants opposés au blocage étaient, ce mardi, faiblement mobilisés : 150 sur le millier d'étudiants présents. " La mobilisation continue et continuera jusqu'à la fin " hurle l'un d'entre eux. " Nous ne lâcherons pas tant que nos revendications n'auront pas été étudiées de près. Nous demandons tout simplement l'abrogation de la loi LRU " reprend un syndiqué de l'UNEF.
L'écart de voix entre bloqueurs et anti-bloqueurs est sans appel. Et pour cause, les quelques cent cinquante étudiants anti-bloqueurs ont déjà investi le hall du bâtiment qui accueille le bureau du président de Lyon 2. Réunis devant la porte d'Olivier Christin, les anti-bloqueurs restent calmes mais déterminés à changer la donne. " On n'en peut plus de ce blocage. Nous on veut obtenir nos diplômes et stopper cette situation impossible " réagit un étudiant.
De leur côté, les étudiants favorables au blocage n'ont pas le temps de savourer leur victoire. Certains d'entre eux tentent de s'introduire dans le bâtiment occupé par les anti-bloqueurs. Pour ne pas risquer de débordements, les anti-bloqueurs décident de s'enfermer à l'intérieur.
Une commission de cinq étudiants est reçue par le secrétaire général de l'université, représentant la présidence de Lyon 2
" Partir comme ça, moi je trouve ça nul " lance un gréviste. " On leur donne l'occasion de voter contre le blocage, mais ils n'ont même pas le courage de rester jusqu'au vote et préfèrent se rendre chez le président ", ajoute un autre étudiant, précisant être apolitique. Certains étudiants pour la reprise des cours sont déçus. " C'est un peu dommage de partir cinq minutes avant le vote. Peut-être que si tout le monde était restée, on aurait voté pour le déblocage " regrette une étudiante.
Un vote à bulletin secret lundi
Deux heures plus tard, vers 16 heures [l'assemblée générale s'est tenue entre 11h30 et 14h] le représentant de la confédération étudiante Aurélien Rigad se réjouit de l'obtention d'un vote à bulletin secret. " Nous venons d'obtenir de la part de la présidence de l'université, un vote à bulletin secret qui se tiendra lundi sur les deux campus de Lyon 2. Nous avons également des garanties concernant le déroulement des examens repoussés de quinze jours, ce qui signifie la fin des examens pour le 15 juin. Enfin, nous nous réjouissons pour les étudiants étrangers qui bénéficieront d'un prolongement de leur visa jusqu'au passage des examens. L'ensemble de nos revendications ont été entendues et je suis confiant quant à la reprise des cours lundi prochain après le vote qui déterminera le déblocage définitif de Lyon2 ".
La question est maintenant de savoir si ce vote à bulletin secret, où étudiants, professeurs et personnels sont conviés à voter, sera considéré comme légitime par les étudiants grévistes pro-blocage. Joints par téléphone, les représentants du syndicat FSE Alexandre Maupin et Tayeb Tounsi se sont vivement opposés à un vote à bulletin secret, accordé sans aucune consultation.
" Christin est isolé et c'est logique d'apprendre qu'il souhaite mettre en place un vote à bulletin secret. Mais ce n'est pas à l'administration de décider d'un tel vote. L'essentiel, c'est que l'AG des étudiants a voté très majoritairement pour le maintien du blocage, tout comme l'AG des professeurs, un peu plus tard dans l'après-midi " explique Alexandre Mautin. " Jusqu'à maintenant, la majorité des étudiants ne souhaite pas un vote à bulletin secret. De plus, il est important de préciser que nous avons voté contre ce type de vote en AG. Au cas où ils veulent effectuer ce vote à bulletin secret, on le boycottera et on essaiera de le bloquer " ajoute Tayeb Tounsi. Verdict le lundi 27 avril.
De leur côté, 150 enseignants et quelques personnels administratifs, réunis en AG, ont revoté la grève jusqu'au 28 avril.
Emeric Merlin
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