Des étudiants ont investi un amphithéâtre de l'Université Lyon 2 sur le campus de Bron. Depuis ce mercredi, ils y hébergent des migrants qui ont été évacués d’un camp situé proche de la Part-Dieu la semaine dernière. L’Université devrait se prononcer sur cette occupation ce lundi.
Depuis maintenant 3 nuits, une cinquantaine de migrants dorment au sein de l’Université Lyon 2. Ils occupent avec des étudiants un amphithéâtre sur le campus de Bron. Plusieurs collectifs et associations étudiants ont investi cette salle de cours pour venir en aide aux migrants. “Beaucoup d’entre nous ont assisté à l’expulsion violente de ces personnes vers la Part-Dieu le vendredi 10 novembre. Ça a provoqué des réactions et amené de la motivation pour agir en faveur de ces gens qui dorment dans les rues” explique Emma, une étudiante de Lyon 2 qui était présente dans l'amphithéâtre ce dimanche après-midi. Depuis mercredi, il sont toujours au moins une dizaine d’étudiants, parfois plus, à se relayer pendant la journée et à dormir sur place avec les demandeurs d’asile.
“Merci aux étudiants qui nous ont ouvert les bras”
Dans l'amphithéâtre, l’ambiance est calme, une vingtaine de sans abri sont présents et sont pour la plupart en train de se restaurer. Les autres sont partis pour la journée et vont revenir le soir. La personne chargée de la cuisine hurle : “tout le monde a été servi au moins une fois ?” Un migrant apporte des assiettes de pâtes aux étudiants réunis autour d’un ordinateur. Les matelas sont entassés dans un coin. Dans un autre coin de l'amphithéâtre, les stocks de nourriture sont entassés et commencent à déborder dans les couloirs et le long du mur du fond. Depuis mercredi, les dons affluent et sont rangés dans des cartons : vêtement, jouets pour enfants, nourriture, couvertures, matelas, micro-onde, etc.
Tous les migrants présents ou presque auraient fait leur demande d’asile et sont en attente d’une réponse de l'administration française. Méfiants, ils refusent de parler aux journalistes ou de se faire prendre en photo tant qu’ils n’ont pas fait une concertation collective. Tout ce qu’ils acceptent de dire, ce sont des remerciements. “Les étudiants nous ont ouvert les bras et leur cœur. Cela fait des mois que nous vivons dans les rues de Lyon avec tous les dangers que cela comporte pour la santé. Il y a des femmes et des bébés, ce n’était plus possible”, raconte un demandeur d’asile.
L’Université se prononcera ce lundi
Pour le moment les étudiants estiment avoir de bons rapports avec la présidence de l’Université qui s’est rendue sur les lieux. ”C’est vrai qu’on a un peu peur de se faire expulser comme l’ont été les parents de l’école dans le 2e arrondissement de Lyon lorsqu'ils ont organisé le même genre de chose que nous. Mais on sent qu’on est soutenu dans notre action”, raconte un étudiant. L’Université se montre quant à elle prudente. La Présidente Nathalie Dompnier et quelques Vice-Présidents se sont rendus sur les lieux pour “s’assurer des conditions d’hygiène et de sécurité”. “Nous essayons que cela se passe au mieux pour toutes et tous”, explique-t-on à Lyon 2. Une réunion avec la Présidente et les Vice-présidents est prévue ce lundi matin, elle devrait éclaircir la position de l’Université sur l’occupation de cet amphithéâtre. En attendant, les migrants et les étudiants vont passer une nouvelle nuit au sein du campus de Bron, la 4e cette semaine.
L'évacuation proche de la Part-Dieu est celle d'un groupe d'albanais débouté à plusieurs reprises de leur demande de régularisation. D'abord du jardin Jugan, puis du Jardin du Sacré cœur, plus récemment du terrain face au Archives départementales.