À l’école Lucie Aubrac dans le 2e arrondissement de Lyon, 12 élèves sont sans logement fixe. Une situation intolérable pour un collectif de parents d’élèves qui a décidé d’occuper l’école depuis vendredi et ce "jusqu’à ce que la préfecture trouve une solution pour ces familles."
C’en était trop pour le collectif de parents d’élèves Pas d’Enfant Sans Toit. Les différents courriers adressés à la maire du 2e arrondissement, à la mairie centrale et à la préfecture sont restés sans conséquences. Les parents d’élèves de l’école Lucie Aubrac (2e arrondissement), où sont scolarisés ces enfants, ont tout simplement décidé d’occuper l’établissement. Pour Xavier Decoster, un parent membre du collectif, le but n’est pas de faire dormir les enfants dans l’école mais « d’alerter ». "On avait laissé entendre dans les lettres que si aucune solution n’était trouvé, on se réservait le droit d’occuper l’école", raconte-t-il. Depuis vendredi, les parents d’élèves se relaient dans et devant l’école. Une pétition a été lancée et des tracts imprimés.
« Une réponse émotionelle »
Le collectif Pas d’Enfant Sans Toit a été créé à cette occasion. "C’est pour nous une réponse émotionnelle", précise Xavier Decoster. D’autres parents d’élèves confirment que cette situation dure depuis des années : "J’habite ici depuis 7 ans et tous les ans il y a des enfants qui n’ont pas de toit pour dormir et qui vont dans cette école", a expliqué l’un deux. Une situation d’autant plus incompréhensible pour le collectif qu’un immeuble appartenant à Grand Lyon Habitat situé à quelques dizaines de mètres de l’école serait presque vide toujours selon ce même parent d’élèves. Le collectif s’est montré clair sur ses intentions : "Si rien ne bouge d’ici la fin des vacances scolaires, on occupera l’école, même à la reprise des cours. Dès qu’elle se vide de ses élèves chaque soir, on sera là pour l’occuper avant de repartir le lendemain matin avant 7h30."
Le préfecture reste muette
Des parents d’élèves ont accepté d’accueillir quelques temps une des familles sans logement mais aucune solution pérenne n’a pu être trouvé en 15 jours. La famille accueillie s’est dite "très touchée" : "Pour les enfants c’est très bien. C’est dur pour eux de vivre dans la rue et d’aller à l’école. J’espère qu’on pourra trouver quelque chose sur le long terme. On sera beaucoup plus tranquille. En plus ma femme est enceinte et elle souffre de voir ses enfants dormir dans la rue", raconte le père de famille d’origine africaine. Mais les enfants sans logement de cette école sont de toutes origines, immigrés ou non.
Dans la soirée de vendredi, la police est venue constater l’occupation. La relation entre les occupants et les policiers est « très cordiale » selon Xavier Decoster. Guy Corazzol, adjoint à l’éducation de la maire de Lyon s’est lui aussi rendu sur les lieux ce vendredi soir et le collectif avait déjà rencontré le maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier. Seul problème, "la seule administration compétente pour régler ce problème, c’est la préfecture. Et c’est la seule que l’on n’a pas vu", déplorait Xavier Decoster.
« On attend que l’État fasse son travail »
Pour Denis Broliquier, le constat est le même que les parents d’élèves : "On attend que l’État fasse son travail et prenne ses responsabilités. Ces personnes sont des êtres humains que l’on doit prendre en charge". Il "ne cautionne pas ces méthodes mais comprend la colère des parents d’élèves. J’ai envoyé une lettre à Gérard Collomb sur ce sujet dès sa nomination au ministère de l’Intérieur, explique-t-il à Lyon Capitale. Elle est bien entendu restée sans réponse. Les mairies ne peuvent rien faire sur ce sujet, il s’agit vraiment d’un problème national."
Dans l’agglomération lyonnaise, 130 enfants scolarisés seraient sans logement fixe selon Jamais Sans Toit, un autre collectif lyonnais. Parmi eux, 29 le seraient dans le 2e arrondissement dont 12 dans l’école Lucie Aubrac. Le collectif Pas d’Enfant Sans Toit ne compte d’ailleurs pas rester centré sur son école mais souhaite aussi se mobiliser avec les autres écoles de l’arrondissement.
Heureusement que des parents et des professionnels de l'éducation et de l'action sociale continuent de ne pas accepter l'inacceptable ! La Préfecture ne répond pas ... on est habitué ! Mais pourquoi, dans ce pays, les bâtiments vacants ne sont-ils pas systématiquement réquisitionnés pour permettre l'hébergement d'urgence, avec la signature d'une convention d'occupation temporaire gérée par une association habilitée ? Cela se pratique pourtant dans de nombreux pays ... sauf en France. Peut-être faudrait-il simplement pour que les choses avancent donner ce pouvoir de réquisition aux communes directement concernées (ou à la Métropole pour l'agglo lyonnaise) plutôt que de se réfugier toujours derrière l’État et la Préfecture ? Qu'en pensent nos élus pseudo 'en marche' ... ?
@ juanpaolo : les intérêts du secteur immobilier n'ont aucun 'intérêt' à mettre en accès libre des biens inoccupés. La peur de se retrouver dehors fait que les citoyens payent leurs loyers, leurs remboursements/intérêts... sans cela, le système monétaire s'écroulerait. C'est ce que vous voulez ? 😉 Vous parlez de 'nombreux pays'... quels sont-ils ?