Le collectif Jamais Sans Toit va poursuivre les occupations d’écoles malgré la présence policière. Pour les associations, les parents d’élèves et les personnels de l’Éducation nationale impliqués, “un rapport de force se joue actuellement” avec les pouvoirs publics pour mettre à l’abri le plus de familles possible.
Alors que l’hiver s’est bel et bien installé à Lyon, de nombreuses familles sont toujours sans aucune solution d’hébergement. Le collectif Jamais Sans Toit, mobilisé depuis plusieurs semaines pour héberger ces familles dont les enfants sont scolarisés dans les écoles lyonnaises, a annoncé avoir décidé “de poursuivre les occupations des écoles” malgré une présence policière de plus en plus importante devant les établissements. “Notre idée est double, explique à Lyon Capitale un membre de Jamais Sans Toit. D’abord, c’est de garder les enfants à l’abri, ensuite de rappeler à la préfecture ses obligations pour qu’ils appliquent la loi.”
“Il faudrait 3 200 places sur la métropole contre 1 200 aujourd’hui”
Le collectif Jamais Sans Toit a été reçu par la préfecture début novembre, mais “pas grand-chose n’a changé depuis la réunion”, souligne le parent d’élève que nous avons interrogé. “La mise à disposition des logements dans le cadre du plan Froid commence cette semaine. Malheureusement, comme tous les ans, les ouvertures de logements vont se faire progressivement, explique-t-il. Alors qu’il faudrait que ça se fasse rapidement pour loger les gens.”
Plus de 20 établissements scolaires ont été occupés depuis début novembre. “La très grande pauvreté s’accroît et les enseignants et les parents d’élèves le repèrent de plus en plus. Aujourd’hui, il faudrait 3 200 places environ sur la métropole de Lyon. Et le plan Froid ne prévoit que 1 200 ouvertures”, regrette un membre du collectif, qui se dit à la disposition de la mairie “pour fournir une liste de locaux chauffés qui appartiennent à l’État”.
“Ça fait dix ans qu’ils sont surpris par l’arrivée de l’hiver”
Au dernier conseil municipal, Georges Képénékian, agacé d’être mis en cause pour son inaction sur la question des enfants sans toit, a déclaré que “les occupations d’écoles ne sont pas la bonne solution”. Rien d’étonnant, selon ce membre du collectif de la première heure : “Jusqu’ici, Gérard Collomb ne nous avait jamais reçus. Aujourd’hui, avec la nouvelle municipalité, on sent encore plus de fermeté. Il y a plus de policiers devant les écoles. Soit la mairie centrale a décidé de durcir leur discours, soit ils appliquent le discours de la préfecture, donc celui de Gérard Collomb. En tout cas, la déclaration de Georges Képénékian est risible, car aucune occupation n’a entravé le bon déroulement des classes et de la veille sociale.” Selon lui, c’est “un rapport de force qui se joue actuellement” entre le collectif et les pouvoirs publics. “Ça fait des années que je suis dans le collectif Jamais Sans Toit, confie-t-il, et chaque année on les entend dire qu’ils sont “concernés”. Mais ce n’est pas vrai. Si on ne faisait rien, il ferait encore moins. Ça fait dix ans qu’ils sont surpris par l’arrivée de l’hiver !”
Pour le moment, aucun professeur ou directeur d’établissement n’a été sanctionné pour ces occupations. Des inspecteurs de l’académie sont passés dans certains établissements, dont un a été équipé de digicodes à carte nominative pour savoir quel personnel de l’établissement entre et sort. “Aujourd’hui, les parents ne peuvent plus rentrer dans l’école Doisneau (Lyon 1er) pour récupérer leurs enfants. Pour qu’aucun n’entre, il n’y a plus de réunion à l’intérieur de l’établissement et les aides aux devoirs ont été supprimées”, témoigne ce membre du collectif.