Jeudi 28 mars, à l'aube, des activistes de Greenpeace ont projeté un immense message sur la centrale nucléaire de Fessenheim sur lequel on pouvait lire "Pourquoi seulement moi ?" Cette opération accompagne la publication d’un rapport qui révèle et analyse les cinq centrales nucléaires françaises à fermer en priorité : Blayais, Bugey, Fessenheim, Gravelines et Tricastin.
En avril 2011, Lyon Capitale avait publié un dossier sur les risques nucléaires en Rhône-Alpes, l'une des régions les plus nucléarisées du monde.
En voici un extrait.
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Dossier paru dans Lyon Capitale-le mensuel d'avril 2011.
Lyon est l’une des très rares métropoles de la planète à être cernée par autant de centrales nucléaires en activité. On compte, en Rhône-Alpes, une tranche nucléaire pour 430.000 habitants, l’un des taux les plus élevés au monde. Face au risque invisible et redoutable de l’atome, Lyon n’a pas d’autre choix que de vivre avec.
Face à l’onde de choc de l’accident nucléaire japonais qui s’est propagée en France, François Fillon a promis un audit du parc nucléaire français. Ces mesures de contrôle de la sûreté des centrales porteront particulièrement sur les risques d’"agressions externes" de type inondation, séisme ou canicule. La région, qui compte un quart des réacteurs français – fournissant 22% de l’électricité du pays –, devrait faire l’objet d’un suivi “approfondi” selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L’objectif est de répondre à des questionnements légitimes : les quatre centrales de la région sont-elles dimensionnées pour résister à un tremblement de terre ou à une montée des eaux ? Quels dégâts peut générer le crash d’un avion de ligne sur un réacteur ? Est-il dangereux d’habiter aux alentours d’une centrale ?
Risque sismique
La prise en compte du risque sismique dans l’industrie nucléaire se base sur le plus gros séisme qui a eu lieu dans la région d’implantation des centrales, à la magnitude duquel on rajoute 0,5. Ainsi, la centrale du Tricastin peut résister à un tremblement de terre de magnitude 5,2 alors que le séisme référent (1873) était de magnitude 4,7.
Selon Éric Debayle, sismologue à l’ENS Lyon, "en Rhône-Alpes, on s’attend à un séisme de magnitude 5 tous les trente ans et à un séisme de magnitude 6 tous les trois cents ans. Comparé au séisme japonais, ce sera vingt-sept mille fois inférieur".
Olivier Bellier, du Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege), explique le contexte local par le fait que les failles du sud-est de la France, dont certaines remontent en région, se déplacent "à des vitesses très lentes, de l’ordre de 0,1 mm par an", alors qu’au Japon les plaques bougent de 8,3 cm par an.
"Mais rien ne dit qu’un jour de plus gros séismes ne pourront pas se produire, tempère François Thouvenot, sismologue pour le réseau de mesures sismiques Sismalp, compte tenu du peu de recul que nous avons."
Dans l’émission C dans l’air du 7 avril 2009, le géophysicien Vincent Courtillot, directeur de l’Institut du globe, allait même jusqu’à dire qu’ "il y a quelques décennies, les organismes qui étaient chargés d’installer les centrales nucléaires étaient ceux qui payaient les géologues qui devaient leur dire s’il y avait des risques ou pas. Les géologues ont eu tendance à ne pas bien voir les failles".
Tous les experts sont néanmoins unanimes pour dire qu’un séisme de magnitude 9 comme celui du Japon est pratiquement exclu en France.
Pourquoi les centrales sont-elles dans des zones sismiques ?
"La vallée du Rhône (le couloir rhodanien) est une immense faille, très ancienne. Si le Rhône coule à cet endroit, c’est justement parce qu’il s’est "glissé" dans cette zone de faille, explique le sismologue François Thouvenot. Or, les centrales ont besoin d’énormes quantités d’eau pour refroidir leurs réacteurs. D’où leur proximité des fleuves."
Risque d’inondation
Du fait de leur proximité avec le Rhône, toutes les centrales de la région sont soumises au risque d’inondation et donc potentiellement situées en zone inondable. En France, l’incident de référence est celui de la centrale du Blayais, en Gironde. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 1999 (la grande tempête), l’eau de l’estuaire de la Gironde avait franchi les digues et inondé les sous-sols de cette centrale, mettant hors d’usage des installations de sécurité. La moitié des pompes qui prélèvent l’eau de la Gironde avaient été noyées. Or, ce sont ces pompes qui permettent de refroidir l’ensemble du réacteur. Sans eau, le cœur du réacteur entre en fusion, pouvant conduire à la rupture de l’enceinte de confinement. Heureusement, on n’en est pas arrivé à ce stade. Pourtant, dès 1998, la nécessité d’une surélévation de 50 cm des digues avait été notifiée à EDF, qui avait repoussé les travaux, probablement en raison de leur coût.
Risque de radiation
Peut-on être irradié en habitant près d’une centrale ? La vérité est ailleurs... Du côté de l’Allemagne. Une vaste étude, commandée par le Gouvernement et portant de 1980 à 2003 sur des populations habitant dans un rayon de 5 km autour des centrales, est sans appel : "Le risque de développer une tumeur ou une leucémie augmente de manière significative en corrélation avec la proximité du lieu d’habitation et d’un réacteur."
Les enfants qui habitent à moins de 5 km d’une centrale ont un risque plus élevé de 60% de développer un cancer avant l’âge de 5 ans. Ce risque est accru de 117% pour ce qui est des leucémies. En ligne de mire : les radiations et les rejets d’effluents radioactifs dans l’air et dans l’eau en quantités réglementées. Des normes existent et sont généralement respectées. Mais cette étude rappelle que toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique. Au menu : cuivre, zinc, morpholine, ammoniaque, phosphates, bore, hydrazine, chlorure, etc., qui se retrouvent dans les nappes phréatiques.
Risque bactériologique
Inoffensives les vapeurs qui sortent des tours des centrales ? Question radioactivité, oui, ces vapeurs d’eau sont réputées inoffensives. Mais elles peuvent contenir un danger d’une tout autre nature : les légionelles. Des bactéries tueuses qui prolifèrent dans les eaux douces à des températures comprises entre 25 et 45°C et qui, inhalées, provoquent des troubles respiratoires. Les légionelles étaient si inquiétantes que l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) s’en est mêlée. L’Afsset a estimé que les seuils tolérés pour les tours aéroréfrigérantes des centrales étaient trop élevés (les tours permettent d’évacuer dans l’atmosphère, sous forme de vapeur d’eau, une partie de la chaleur produite par les réacteurs). Les centrales de Cruas et du Bugey sont concernées.
Risque de crash aérien
Une centrale peut-elle résister au crash d’un avion ? Oui, dit EDF. La structure des centrales nucléaires rhônalpines a été dimensionnée pour supporter l’impact d’un avion de type Cessna 210 de 1.500 kg (projectile "dur" et perforant) ou d’un biréacteur d’affaires de 5.700 kg (projectile "mou") de type Learjet 23. La vitesse d’impact prise en compte est de 100 m/s, ce qui correspond à 360 km/h. EDF estime la "probabilité de chute d’avion à 0,1 par an" sur une enceinte de confinement.
Quant au réacteur dit de troisième génération, l’EPR, dont plusieurs sont en construction à Flamanville (Manche), en Finlande et en Chine, l’association Sortir du nucléaire a créé la polémique en publiant, courant 2006, un document "confidentiel défense". Le document indiquait que l’enceinte, une double paroi en béton armé, avait été conçue avant le 11 septembre 2001, pour résister à une chute d’avion militaire mais pas à une chute d’avion commercial. Depuis mars 2010, Areva affirme sur ses plaquettes commerciales que le réacteur résisterait bien au crash d’un gros avion de ligne, "de type A380" précise Jean-François Carenco, préfet de Rhône-Alpes.
Si le doute existe pour l’EPR, il n’y en a aucun concernant les centrales de "deuxième génération" présentes dans la région : elles ne résisteraient pas au crash d’un avion de ligne. Dans le cas où cela se produirait, l’enceinte de confinement serait détruite, provoquant la libération de radioactivité. Surtout, la centrale pourrait exploser, et là...
Risque de canicule
De grosses chaleurs n’ont aucune influence sur le fonctionnement d’une centrale. À un bémol près. Il ne doit pas faire plus de 50°C dans le bâtiment qui abrite le réacteur nucléaire. Vu comme ça, on a du mal à imaginer la centrale muer en sauna. C’est pourtant ce qui est arrivé lors de la canicule de 2003, à Fessenheim, en Alsace. EDF a dû asperger les murs de béton de la tranche n°1 avec des brumisateurs, en pompant l’eau de la nappe phréatique voisine, à raison de à 5 m3 d’eau par heure.
Au-dessus de 50°C, les matériaux électriques se dégradent, ce qui peut entraîner d’importants dysfonctionnements dans la centrale. Enfin, quand les rivières sont basses, le cocktail chimique rejeté dans l’eau quotidiennement par les centrales a tendance à moins se diluer.
Risque Tchernobyl
Selon l’Académie des sciences de New York, qui a récemment publié le recueil le plus complet de données scientifiques concernant la nature et l’étendue des dommages infligés aux êtres humains et à l’environnement à la suite de l’accident de Tchernobyl, le nombre de décès à travers le monde attribuables à ses retombées, entre 1986 et 2004, est de 985.000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date. Des 830.000 "liquidateurs" intervenus sur le site après les faits, 112.000 à 125.000 sont morts. Les pays les plus touchés sont la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine.
Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont été contaminés des territoires habités par plus de 7 millions de personnes, dans un rayon de 100 km autour de la centrale et jusqu’à 500 km au nord-est de celle-ci.
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Centrale du Bugey (Ain)
FICHE D’IDENTITÉ
Situation : 45 km de Lyon
Commune d’implantation :Saint-Vulbas
Puissance : 4 réacteurs de 900 MW
Démarrage des réacteurs 2 et 3 : 1978
Démarrage des réacteurs 4 et 5 : 1979
Production : Fournit l’équivalent de 40% de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française. Un réacteur à uranium naturel graphite gaz, mis en service en 1972 et arrêté en 1994, est actuellement en cours de démantèlement.
Nombre de personnes employées : 1.200
Taxe foncière : 2,8 millions d’euros
Autres redevances : 62,4 millions d’euros
RISQUE SISMIQUE
Séisme de référence : 1822 (Bugey-Chautagne) – Magnitude 5,5
La commune de Saint-Vulbas, où est implantée la centrale du Bugey, se trouve en zone sismique modérée. Le dernier séisme a été enregistré le 11 janvier 2006, à 35 km du site nucléaire. Le tremblement de terre, de magnitude 3,5 sur l’échelle de Richter, a produit quelques dégâts très limités (chute d’une cheminée et de tuiles, fissuration du dallage de l’église) dans le village de Conand, sous lequel se situait l’épicentre (940 m de profondeur). Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, la centrale est dimensionnée pour résister à un séisme de magnitude 6. François Thouvenot, sismologue responsable du réseau Sismalp, une zone de failles "assez peu active" pourrait se situer sur le coude du Rhône, près de la centrale.
RISQUE D’INONDATION
Crue millénale de référence : 3 400 m3/s
"Initialement, le site du Bugey a été construit sur une plate-forme aménagée permettant de préserver le site en cas de crue millénale du Rhône", explique la centrale. Le scénario dimensionnant et majorant est celui d’une rupture du barrage de Voulgans (103 m de haut au-dessus de l’Ain, 605,7 millions de m3) sur crue centennale de l’Ain cumulée à cette crue historique du Rhône. Il y aurait alors une vague qui descendrait de la rivière jusqu’au fleuve.
RISQUE BACTÉRIOLOGIQUE
La centrale est concernée par le risque de prolifération de légionelles dans l’air, occasionnée par ses quatre tours aéroréfrigérantes.
RISQUE DE CANICULE
Le problème des fortes chaleurs est le rejet dans le fleuve d’eau trop chaude, avec des conséquences sur la faune et la flore. Le 20 juillet 2003, la centrale a relâché des eaux supérieures de 0,9°C à la réglementation. Dix jours plus tard, la centrale a commis une infraction pendant 9 heures. La température mesurée n’a pas été révélée.
RISQUE TCHERNOBYL
Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale du Bugey, les départements du Rhône (1,7 million d’habitants), de l’Ain (560.000 habitants) et de l’Isère (1,26 million) seraient entièrement touchés.
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Centrale du Tricastin (Drôme)
FICHE D’IDENTITÉ
Situation : 175 km de Lyon
Implantation : Saint-Paul-Trois-Châteaux
Puissance : 4 réacteurs de 900 MW
Démarrage des réacteurs 1 et 2 : 1980
Démarrage des réacteurs 3 et 4 : 1981
Le réacteur n°1 est le premier réacteur français à avoir été prolongé de 10 ans.
Production : Fournit l’équivalent de 40 % de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française. Nombre de personnes employées : 1.500
Taxe foncière : 2,1 millions d’euros
Autres redevances : 18,9 millions d’euros
RISQUE SISMIQUE
Séisme de référence : 1873 (Tricastin) – Magnitude 4,7
Les 630 hectares du site nucléaire du Tricastin (1 centrale, 5 usines permettant de transformer l’uranium issu des mines en combustible pour les réacteurs, 1 usine de décontamination) sont à cheval sur deux départements (Drôme, Vaucluse) et trois communes (Pierrelatte, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Bollène). La zone est classée en aléa sismique modéré. Le Tricastin serait sur un segment nord de la faille des Cévennes. Pour Olivier Bellier, chercheur au Cerege, "la centrale se situe entre deux accidents majeurs français, la faille des Cévennes et la faille de Nîmes, non considérées comme des failles actives par la grande majorité des experts". Ce qui n’exclut pas de futurs séismes, les derniers de forte intensité (VII à VIII) datant de 1773 et 1873 – dégâts massifs avec destruction des habitations les plus vulnérables. Le dernier séisme enregistré par Sismalp remonte au 25 novembre 2008 : une magnitude de 2,1 à 10 km de Pierrelatte. Selon EDF, le Tricastin peut résister à un séisme de magnitude 5,2. Lors de la troisième visite décennale de l’ASN, EDF a investi 5 millions d’euros pour mieux se protéger en cas de séisme (renforcement de la structure de la salle des machines, supports de plancher en acier). Quant à l’usine d’enrichissement d’uranium Georges-Besse II, dont les travaux sont actuellement en cours, elle repose sur des appuis antisismiques.
RISQUE D’INONDATION
Crue millénale de référence : 11 910 m3/s
Lors de sa troisième visite décennale, l’ASN a estimé que "la protection de la centrale nucléaire du Tricastin en cas de crue millénale majorée n’est pas assurée à ce stade". EDF a jusqu’au 31 décembre 2014 pour réaliser des travaux portant sur l’aménagement hydraulique du canal de Donzère-Mondragon. La nouvelle usine d’enrichissement de l’uranium Georges-Besse II a été élevée 4 mètres au-dessus du niveau du sol pour éviter les inondations basées sur la crue millénale de référence majorée de 15%.
RISQUE DE CANICULE
Du 12 au 22 juillet 2003, la centrale nucléaire du Tricastin a dépassé à plusieurs reprises la température autorisée (27°C) du canal de Donzère-Mondragon, en aval du site, pour une durée totale supérieure à 44 heures et une température maximale atteinte de 28,8°C.
RISQUE TCHERNOBYL
Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale du Tricastin, les conséquences pourraient être encore plus désastreuses que sur les autres sites, compte tenu de la présence d’une usine d’enrichissement et de conversion de l’uranium. La radioactivité dégagée par les seuls réacteurs en fusion couvriraient l’Ardèche (230.000 habitants) et la Drôme (480.000).
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Centrale de Saint-Alban (Isère)
FICHE D’IDENTITÉ
Situation : 50 km de Lyon
Commune d’implantation : Saint-Alban-du-Rhône
Puissance : 2 réacteurs de 1.300 MW
Démarrage du réacteur 1 : 1985
Démarrage du réacteur 2 : 1986
Production : Fournit l’équivalent de 13% de la consommation électrique de Rhône-Alpes.
Nombre de personnes employées : 670
Taxe foncière : 5,5 millions d’euros
Contribution économique territoriale : 14,25 millions d’euros
RISQUE SISMIQUE
Séismes de référence : 24 juin 1878 (Villefranche-Lyon) et 9 septembre 1879 (Lagnieu) – Magnitude 4,7 et 5,1
Saint-Alban est en zone d’aléa sismique modéré, comme les trois quarts du territoire régional.
Un séisme de magnitude 2,1 a été enregistré le 24 juin 2010 tout près de Grenoble. La centrale iséroise peut, selon son concepteur, résister à un séisme de 5,5 sur l’échelle de Richter.
RISQUE D’INONDATION
Crue millénale de référence : 8.150 m3/s
Des travaux d’un montant de 1,5 million d’euros débutés en 2007 viennent de s’achever pour construire une digue et un muret au nord du site.
La digue a été construite pour résister à une crue de 9.370 m3/s (majoration de 15%).
Pour comparaison, le débit moyen du Rhône est de 1.600 m3/s.
RISQUE DE CANICULE
Le 14 juillet 2003, la centrale nucléaire a commis une infraction d’une durée de 4 heures et d’une valeur moyenne de +0,36°C au-dessus de la limite autorisée ; le 21 juillet suivant, une infraction en moyenne de +0,3°C, pendant 5 heures.
RISQUE TCHERNOBYL
Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale de Saint-Alban, il affecterait la moitié des départements de l’Ardèche, de la Drôme (dont l’agglomération de Valence qui compte 120.000 habitants), de l’Isère (dont l’agglomération de Grenoble et ses 400.000 habitants).
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Centrale de Cruas (Drôme)
FICHE D’IDENTITÉ
Situation : 140 km de Lyon
Communes d’implantation : Cruas et Meysse
Puissance : 4 réacteurs de 900 MW
Démarrage des réacteurs 1 et 2 : 1984
Démarrage des réacteurs 3 et 4 : 1985
Production : Fournit l’équivalent de 40% de la consommation annuelle électrique de Rhône-Alpes, soit 5% de la consommation française.
Nombre de personnes employées : 1.100
Taxe foncière : 5,5 millions d’euros
Autres redevances : 24,2 millions d’euros
RISQUE SISMIQUE
Séisme de référence : 8 août 1873 (Châteauneuf-du-Rhône) – Magnitude 4,7
La centrale de Cruas-Meysse est la seule centrale nucléaire française à avoir été construite sur des appuis antisismiques. La géologie locale y est pour beaucoup : les terrains durs propagent plus vite les ondes sismiques, alors que sur des terrains meubles les vibrations sont piégées. La centrale de Cruas se trouve non loin d’un segment au nord de la grande faille des Cévennes, pour laquelle certains experts suggèrent une activité possible. EDF a dimensionné cette centrale pour résister à un séisme de magnitude 5,2.
RISQUE D’INONDATION
Crue millénale de référence : 11.390 m3/s
Le 2 décembre 2009, l’arrivée massive de végétaux a bloqué l’arrivée d’eau dans une des stations de pompage de la centrale et a conduit à la perte totale du refroidissement de systèmes importants pour la sûreté du réacteur n°4.
RISQUE BACTÉRIOLOGIQUE
La centrale est concernée par la prolifération de légionelles occasionnée par ses trois tours aéroréfrigérantes.
RISQUE TCHERNOBYL
Si un accident identique à Tchernobyl se produisait un jour à la centrale de Cruas, les départements de l’Ardèche (230.000 habitants) et de la Drôme (480.000) seraient entièrement touchés par les rejets de radioactivité.
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REPÈRES
Exposition et effets des radiations
0,00009 mSV
Débit de dose horaire reçue par les Lyonnais, le 28 mars 2011, suite à l'accident de Fukushima. Soit 3 fois moins que la radioactivité naturelle reçue pendant un an. Il s'agit des rayons gamma, des ondes électromagnétiques émises par les atomes radioactifs lors de leur désintégration.
0,001 mSV
Dose reçue lors de notre visite de une heure dans l’un des réacteurs (à l’arrêt) de la centrale du Bugey.
0,007 mSV
5 heures de vol en avion.
0,1 mSV
Radiographie des dents.
1 mSV
Limite légale que peut recevoir le public (radioactivité non naturelle). Pour la Criirad*, cette dose n’est pas inoffensive, avançant le chiffre d’un mort pour 500.000 personnes.
2,45 mSV
Radioactivité naturelle.
10 mSV
Scanner du corps entier.
20 mSV
Dose annuelle maximale imposée aux travailleurs du nucléaire.
33 mSV
Exposition moyenne des personnes évacuées des zones hautement contaminées de Tchernobyl (expositions maximales de l’ordre de quelques centaines de mSV).
50 mSV
Exposition moyenne des personnes habitant dans les zones strictement contrôlées de Tchernobyl (exposition cumulée de 1986 à 2005).
70 mSV
Traitement thérapeutique de la thyroïde (dose moyenne sur tout le corps).
100 mSV
Dose annuelle à partir de laquelle la probabilité de développer un cancer augmente significativement.
117 mSV
Dose moyenne reçue par les “liquidateurs” de Tchernobyl.
400 mSV
Dose partielle reçue en une heure, mardi 15 mars, sur le site de Fukushima selon l’AIEA.
6 000 mSV
Tous les salariés ayant reçu cette quantité de radiations durant l’accident de Tchernobyl sont morts en un mois.
* Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité.
Un fait indéniable est que comparé au nombre de réacteurs dans le monde, le nombre d'accidents majeurs a été significatif (2 fusions de coeur en France, il y a longtemps certes, Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima). La question n'est pas de savoir 'si' mais de savoir 'quand'. Il faudrait m'expliquer comment les circuits de refroidissement fonctionneront quand une crue millénale voire 'grosse centennale' du Rhône balancera branches et troncs dans les pompes... les condenseurs suffiront ils?
très bon article, bien documenté ! Cela fera-t-il avancé le débat ? Les populations prendront-elles conscience des risques du nucléaire ou de leur proximité des centrales ? gros doutes !
'Une vaste étude, commandée par le Gouvernement et portant de 1980 à 2003 sur des populations habitant dans un rayon de 5 km autour des centrales' ... auriez vous le nom de l'étude? si les conclusions que vous avancez sont vrai, c'est un scoop! Mais à priori totalement délirant. Mieux vaut lire l'OMS.
L'étude allemande en question s'intitule :Epidemiologische Studie zu Kinderkrebs in der Umgebung von Kernkraftwerken : (KiKK-Studie).Elle est téléchargeable sur le site : http://doris.bfs.de/jspui/handle/urn:nbn:de:0221-20100317939.
D'autre part, en 2012 (un ant après la publication de l'article de Lyon Capitale), une étude française publiée dans l'International Journal of Cancer a confirmé l'étude allemande.L'étude a pris les 2 753 cas de leucémies de l'enfant diagnostiqués en France entre 2002 et 2007. Résultat : la maladie est environ deux fois plus fréquente chez les petits qui vivaient à moins de 5 kilomètres d'une centrale nucléaire lors de leur diagnostic.Référence : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22223329