Emmanuel Macron et Gérard Collomb sont en déplacement à Calais ce mardi. Une visite qui a pour but d’évoquer la situation migratoire, face à laquelle les Calaisiens sont en première ligne.
Une visite pour apaiser les esprits. Les critiques pleuvent sur la ligne adoptée par le ministre de l’Intérieur, et le gouvernement en général, face aux migrants. Même si leurs cotes de popularité restent au beau fixe, Emmanuel Macron et Gérard Collomb ont tenté de calmer le jeu pour se défaire du manque d’humanité qui leur est reprochée. Même Jean Pisani-Ferry, très proche du candidat Emmanuel Macron, dont il a écrit le programme économique, a cosigné une tribune dans le journal Le Monde contre la politique migratoire du gouvernement.
En filigrane du discours présidentiel, s’est pourtant dégagée une grande fermeté, notamment sur "la durée maximale de la rétention administrative, de 45 à 90 jours", et sur le"renforcement du régime de l'assignation à résidence pour l'assortir de l'obligation de demeurer au domicile pendant une plage horaire".
Macron : "En aucun cas, on ne laissera se reconstituer une jungle"
Dans son discours, le président de la République a affiché sa volonté d’accélérer l’intégration des migrants. Alors que les procédures de demande d’asile prennent actuellement 18 mois en moyenne, Emmanuel Macron a souhaité voir passer ce délai à 6 mois. Le président de la République a également affirmé que le gouvernement allait désormais "prendre en charge la distribution de la nourriture et des repas". Avant de renvoyer les associations d’aide aux migrants à leurs responsabilités, et de dénoncer les "mensonges" colportés sur l’attitude répressive des forces de l’ordre.
Emmanuel Macron a ainsi demandé aux policiers de ne pas prendre leurs effets personnels aux migrants, assurant que tous manquements seraient punis. Une version officielle en opposition totale avec les comportements pointés du doigt par les associations venant en aide aux migrants, et dénonçant les mises à sac répétées des campements. À noter que la rencontre avec le président de la République a été boycottée par certaines associations, comme l’Auberge des migrants. Elles dénoncent un investissement gouvernemental de façade.
Faire pression sur le Royaume-Uni
L’enjeu des migrants devrait revenir sur la table lors du sommet franco-britannique, jeudi 18 janvier. Sur fond de négociation du Brexit, Emmanuel Macron et Theresa May devront fixer leurs lignes respectives concernant la question migratoire et la définition de la frontière entre nos deux pays, fixée à Calais depuis 2004 par les accords du Touquet. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé aujourd’hui dans la matinale de France 2 Les 4 vérités, qu'il allait demander au Royaume-Uni "d'aider Calais à se développer".
Emmanuel Macron a également laissé entendre qu'il faudrait simplifier le système de Dublin, qui permet de renvoyer les migrants dans le premier pays européen où ils sont arrivés. "Il souhaite que l'ensemble du système soit réexaminé, avec une convergence des systèmes dans l'UE, une plus grande solidarité avec les Etats de premier accueil et une répartition plus équitable des migrants qui arrivent dans l'UE", a expliqué l'Elysée à l'AFP.