L’hôpital de la Croix-Rousse ne fonctionnera pas mercredi 13 décembre. L’ensemble du personnel médical a déclaré faire grève et ne laisser opérationnel que les urgences. Ils protestent contre la décision des Hospices Civils de Lyon de transférer le service de transplantation hépatique de Croix-Rousse à l'hôpital Édouard-Herriot.
Il s’agit d’une "erreur historique" selon le docteure Nicole Smolski, médecin anesthésiste réanimatrice à l’hôpital de la Croix-Rousse et déléguée générale de l’intersyndicale Avenir Hospitalier. Les mots sont fermes et le ton clair. La décision de la direction des Hospices Civils de Lyon (HCL) de délocaliser une partie du service de transplantation hépatique (foie) vers l’hôpital Édouard Herriot ne passe pas. Le blocage, dont l’intensité peut étonner, concerne autant la forme que le fond de cette restructuration. Interrogée lundi 11 à ce sujet, la directrice générale des HCL, Catherine Geindre, n’a souhaité faire aucun commentaire.
Le rapport IGAS
Officiellement, la décision des Hospices Civils de Lyon fait suite à un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Au vu des résultats de cette enquête, il fut donc établi par les HCL que la branche opératoire du service de transplantation hépatique de Croix-Rousse devrait être transférée à l'hôpital Édouard Herriot. Une décision vivement critiquée pour son "unilatéralité" et sa "brutalité".
Ce manque de concertation avec l’hôpital de la Croix-Rousse, Nicole Smolski le déplore amèrement. Elle dénonce une enquête "bâclée" et "manipulée" par la gouvernance des Hospices Civils lyonnais, sur fond de concurrence personnelle et de chantage.
Une décision sans pertinence
Le personnel médical de Croix-Rousse n’est en soi, pas opposé à un transfert vers Édouard Herriot. Alors pourquoi cette mobilisation ? Tout d’abord, ils dénoncent le manque complet de "pertinence médicale" de cette décision, "pénalisant les patients". Car la transplantation hépatique nécessite un suivi pré et post opératoire très important, impliquant la structuration de nombreux services (solutions alternatives, anesthésie, réanimation, chirurgie, etc.) autour d’elle.
Arracher la "colonne vertébrale" de la filière de cette manière entraînerait, selon Nicole Smolski, un déséquilibre logistique très sérieux. Les patients soumis à la greffe devront par exemple transiter régulièrement entre les deux hôpitaux, alternants opérations et soins, malgré un lourd traitement médicamenteux.
L’avenir incertain
Que signifie cette délocalisation pour les autres services se structurant autour ? Vont-ils suivre le mouvement vers Édouard Herriot ? Vont-ils devoir fermer ? Autant de questions pour le personnel de la Croix-Rousse, auxquelles les Hospices Civils de Lyon n’ont pas apporté de réponses pour l’instant. Une incertitude partagée par les médecins affectés au pôle de transplantation transféré, l’hôpital Édouard Herriot étant trop petit pour les accueillir.
L’hôpital se mobilise
Pour protester, l’ensemble du personnel médical a décidé de faire grève mercredi 13 décembre. À part le service des urgences qui restera bien entendu ouvert, toutes les interventions ont été décalées. Nicole Smolski l’assure, c’est une mobilisation d’une ampleur sans précèdent. Les syndicats ont appelé à la grève, et d’anciens patients ont rejoint le mouvement. Un cortège partant de l’hôpital à 15h se rendra au siège des HCL. Ils entendent défendre leurs revendications : l’annulation du transfert et la reconnaissance de la qualité de leur service de transplantation hépatique.
Nicole Smolski déplore les tentatives précédentes de discussions, n’ayant jamais été plus que des "dialogues de sourds". "On veut qu’on nous entende !", tonne-t-elle. Face au retour hostile des HCL face à la mobilisation, le docteur se révolte : "Penser qu’on se serait laissé faire, c’est mal connaître la Croix-Rousse !".