Pédophilie : Mgr Barbarin reconnaît "des erreurs de gestion"

L'archevêque de Lyon s'est adressé ce lundi aux prêtres de son diocèse, réunis à sa demande, et à huis clos, à Écully pour évoquer les affaires récemment révélées et prendre des mesures pour lutter contre la pédophilie au sein de l'Église.

Le centre Valpré à Écully

Antoine Sillières
Le centre Valpré à Écully

Quelque 220 prêtres du diocèse ont assisté à la réunion à organisée ce lundi après-midi au centre Valpré d'Écully. A huis clos, le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, y a évoqué les affaires de pédophilie qui secouent le diocèse depuis plusieurs semaines. L'occasion pour lui de reconnaître certaines erreurs mais aussi de donner des gages de bonne volonté en engageant des mesures de lutte contre la pédophilie. Une transcritpion locale, en somme, des orientations données par la Conférence des évêques de France mi-avril.

"Des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres"

La teneur des échanges est restée secrète. Peu nombreux étaient les prêtres prêts à glisser quelques mots aux journalistes qui les attendaient. Et seules quelques bribes très lissées des conversations tenues dans le huis clos de la réunion ont fuitées. D'aucuns mentionnant des "imprudences" du diocèse dans certains cas, d'autres évoquant leur compassion pour les victimes. Le vicaire général, Yves Baumgarten a néanmoins indiqué qu'entre les murs du centre Valpré, "quelques prêtres ont adressé des critiques assez précises et assez sévères" sur la gestion de la crise par le diocèse.

Un prêtre quittant le centre Valpré d'Écully

Antoine Sillières
Un prêtre quittant le centre Valpré d'Écully

Le seul écart de langage dans cet océan de déclarations convenues est à mettre à l'actif du père Georges Favre, prêtre retraité. Interrogé sur sa position ce dernier à répondu : "Je n’ai pas violé beaucoup d’enfants, je suis assez clean à ce sujet-là. Heureusement, parce que vous auriez pu en faire partie, comme vous êtes très jeunes les uns les autres". Une sortie qui se veut en réalité ironique , comme on le comprend quand le prélat poursuit : "Finalement, c’est comme dans l’Éducation nationale, ça fait porter le soupçon sur toute une profession. Ça c’est regrettable, c’est un peu difficile à vivre".

Mgr Barbarin n'était pas présent au point presse tenu consécutivement à la réunion, à la maison Saint Jean-Baptiste, attenante à la cathédrale Saint-Jean. C'est son vicaire général, Yves Baumgarten qui a livré à la presse le contenu des échanges de l'après-midi. Comme mentionné dans le communiqué de l'évêché, il a indiqué que "le cardinal a notamment reconnu que le diocèse avait commis des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres". Se faisant la voix de son évêque, le vicaire a rappelé l'importance de faire la vérité et la justice pour les victimes.

Écoute, enquête et accompagnement

Mais cette réunion était aussi l'occasion de montrer l'engagement du diocèse et de son cardinal dans la lutte contre la pédophilie au sein de l'Église lyonnaise, comme l'a récemment fait la conférence des évêques de France (CEF) au niveau national. Les cellules d'écoutes annoncées par la CEF seront donc mises en place, avec un ligne téléphonique dédiée aux "victimes d'abus sexuels commis par des personnes placées sous la responsabilité de l'Église", a expliqué Yves Baumgarten. Des psychologues cliniciens seront mis à dispositon des victimes et de leurs proches et un accompagnement personnalisé "jusqu'au dépôt de plainte si nécessaire" pourra être organisé.

Yves Baumgarten à la Maison Saint Jean-Baptiste

Antoine Sillières
Yves Baumgarten à la Maison Saint Jean-Baptiste

Seconde mesure, la création d'un collège d'experts "composé d’un magistrat, d’un psychiatre, d’une psychanalyste, d’un médecin, d’un canoniste, d’une assistante sociale, d’un père et d’une mère de famille ainsi que du vicaire général modérateur chargé de présenter les dossiers", selon les termes du communiqué. Sa mission sera d'analyser les profils de prêtres, ainsi que de séminaristes, suspects. Des recommandations pourront être faites et un suivi psychologique et spirituel mis en place. Reste qu'il n'est pas fait mention d'éventuels signalements à la justice le cas échéant.

L'examen de ces dossiers doit être achevé pour le 30 juin afin que le processus de nomitions puisse être engagé. Le vicaire général a reconnu que par le passé le diocèse a pu "manquer à [ses] obligations d'investigations et de recherche de la vérité" et qu'une "connaissance partielle" des prélats a pu conduire à des erreurs. L'idée est donc pour de renforcer la connaissance des prêtres officiant sur le diocèse.

Enfin, dernière mesure, des "propositions d'accompagnement" seront faites au "personnel du diocèse et des paroisses" qui veulent bénéficier d'aide dans la gestion de la crise actuelle.

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