Alors que l'archevêque de Lyon a de nouveau présenté ses excuses aux victimes d'abus pédophiles par des prêtres de son diocèse le 18 novembre, un de ses fils-prêtre l'invite à démissionner pour prouver l'honnêteté de sa repentance.
Mgr Barbarin prêt à se "mettre à genoux devant chacune des victimes" de prêtres pédophiles. C'était vendredi 18 novembre à l'occasion d'une messe de réparation à l'attention des victimes en la cathédrale Saint-Jean. Le discours a bien changé depuis le printemps, lorsque le Primat des Gaules louait le seigneur que ces abus soient "prescrits" aux yeux de la loi des hommes.
Après les messes en hommage aux victimes de pédophile et les différentes salves de pardons, le diocèse poursuit ainsi sa stratégie d'apaisement et de réhabilitation, amorcée depuis le classement sans suite des poursuites à l'encontre de son archevêque. Mais ces excuses sont-elles crédibles ?
Pour l'association de victimes "La Parole libérée", la repentance paraît tardive, et intéressée. Ses fondateurs illustrent leur critique en pointant un dossier paru dans le magazine diocésain en octobre et intitulé "Affaire Preynat : ce qu'il faut savoir". Un dossier qui présente de nombreux biais selon l'association et qui vise à réécrire l'histoire plus qu'à s'en excuser.
"Gesticulations"
Mais la critique la plus acerbe est venue des rangs même de l'Église lyonnaise. Elle a été formulée par un prêtre du diocèse en mission à Madrid dans un billet de blog publié en début de semaine. La père Patrick Royannais, c'est le nom du prélat en question, y invite notamment le cardinal à la démission, comme preuve de sa bonne foi.
Pour ce prêtre en mission extra-diocésaine, les excuses du Primat des Gaules tiennent davantage de la "gesticulation", de la communication de façade. Il fait part de ses doutes quant à l'honnêteté de la démarche du cardinal. "Cette demande de pardon n’est-elle qu’une gesticulation de plus ?", se demande-t-il. "S’il s’est vraiment trompé et qu’il en est enfin convaincu, l’archevêque devrait présenter sa démission au Saint Père [...] Sans aucune de ces décisions, il sera évident que nous assistons à une manipulation de plus", écrit le père Royannais.
Joint par Lyon Capitale, Patrick Royannais explique qu'il invite tout simplement le cardinal à joindre les actes à la parole pour convaincre de sa valeur. "Sa demande de pardon me parait dire qu'il est prêt à démissionner", glisse-t-il. Et de préciser : "Je ne demande pas personnellement sa démission je dis simplement : 'Soit sa prise de décision du 18 (novembre NdlR) est sérieuse et il en tire les conséquences, soit ce n'est qu'une gesticulation de plus, sur le même modèle de gestion que depuis le début cette affaire, jurant ses grands dieux qu'il a toujours fait ce qu'il fallait".
"Les prêtres sont coincés"
Le prêtre en mission extra-diocésaine à Madrid regrette le comportement de son archevêque, autant aujourd'hui que tout au long l'affaire. "Deux ans de mensonges, de roueries où il promet d’agir et diffère sans cesse l’action, où il se moque des victimes et laisse son avocat les insulter. Deux ans de gesticulations médiatiques à jouer la victime lynchée par les méchants média qui ont eu comme seuls tords d’obliger l’archevêque à cesser de protéger un pédophile", déplore Patrick Royannais.
S'il reconnaît que des dispositions ont été prises suite aux révélations en cascades des cas d'abus sexuels dans l'Église, Patrick Royannais souligne que Mgr Barbarin n'en a pas été l'initiateur. "Qu'il y ait des décisions prises suite à cette affaire c'est évident mais, que je sache, ces prises de décisions ne sont pas le fait du cardinal". Le prêtre en mission à Madrid s'interroge par ailleurs quant à la mise en place de cellule d'écoute au niveau local. "Il est fort curieux qu'il y ait une commission spécialement lyonnaise. Pourquoi ? Pour que les affaires soient gérées ici sans remonter jusqu'à Paris ? Parce qu'il y a tant d'affaires que nous aurions besoin d'une cellule spécifique ?"
Le prêtre dit avoir eu "quelques retours" de la part de collègues de Lyon après sa critique, pas toujours d'accord avec ses positions. "Les prêtres sont incohérents dans leur attitude, coincés, ils n'arrivent pas à se libérer", déplore-t-il.
Retrouvez la carte interactive des affaires de pédophilie en France publié sur le site d'investigation LeLanceur.fr.
On connaît bien Patrick Royannais : curé à la Croix Rousse avant d'être écarté à Madrid pour des raisons qui n'ont pas à être publiées ici. Il fait carriere sur sa haine de Barbarin pour des raisons de remise en cause personnelle. Patrick n'a pas supporté que l'eveque le critique. Il est dans une impasse... Qu'il s'occupe de ses problèmes !