Policiers-faux-cégétistes à Lyon, le préfet demande l’ouverture d’une enquête

Dans l'édition de mercredi 27 octobre du journal Libération, le secrétaire général de la CGT a dénoncé les policiers “camouflés sous des badges syndicaux”, à Lyon, le 19 octobre. Le soir même, le préfet du Rhône a reconnu l’existence de ces policiers infiltrés “par tradition”. Il a toutefois demandé l’ouverture d’une enquête interne.

Ce mercredi soir, au cours d’une conférence de presse exceptionnelle sur le bilan des violences urbaines de la semaine dernière, le préfet du Rhône, Jacques Gérault, a tenté d’éteindre la polémique réactivée par les propos du secrétaire de la CGT sur les policiers déguisés en cégétiste, lors de la manifestation lyonnaise du 19 octobre.

Dans un entretien paru dans le journal Libération, Bernard Thibault n’a en effet pas mis de gants ce matin pour dénoncer certaines pratiques policières relevées par plusieurs témoins, en marge des manifestations parisiennes et lyonnaises contre la réforme des retraites. “La présence de policiers en exercice camouflés sous des badges syndicaux, à Lyon (…) ne fait aucun doute. (...) On a vu des policiers avec des badges CGT repérés par les nôtres, qui se réfugient dans un hall d’immeuble, et finissent par se faire exfiltrer par des CRS ”, a précisé le leader cégétiste. Une semaine après les scènes d’émeutes au centre-ville de Lyon, Bernard Thibault faisait référence à la scène que plusieurs témoins et un photographe de presse nous ont rapporté, au moment où pierres et grenades lacrymogènes commençaient à s’échanger place Bellecour, après l’arrivée de la manifestation intersyndicale sur les retraites (lire ici).

Mercredi soir, le préfet du Rhône a reconnu l’existence d’au moins “deux policiers qui avaient un écusson CGT”. Il s’agit de policiers qui travaillent en civil mais “ne sont pas de la BAC ”. Il a immédiatement justifié cette pratique : “c’est la tradition que des policiers soient infiltrés dans la population. Ils le font couramment”. Le préfet, qui dit ne l’avoir appris que hier matin, a toutefois “demandé une enquête pour savoir si c’était conforme à la déontologie ou pas. Une enquête menée par les instances normales de la DGPN (direction générale de la police nationale)”. Jacques Gérault a tenu à ajouter que “deux de ces policiers ont sauvé la vie de personnes lors de prise d’otages et ont eu la médaille pour les actes de courage et de dévouement

Au soir même des faits, Lyon Capitale avait pourtant interrogé Albert Doutre, le directeur départemental de la sécurité publique, patron de la police lyonnaise. Celui avait nié en bloc parlant de “mythomanie ” alors que nous lui faisions part de plusieurs témoignages concordant.

Une situation qui nous amène à re-publier le témoignage d’une manifestante, Lucie, non-syndiquée., enregistré le jour des faits. Elle était présente sur la place Bellecour mardi 19 octobre vers les 13h. Elle a raconté avoir vu : “une dizaine de policiers en civil qui portaient des autocollants de la CGT. Ils ont arrêté des manifestants, vers la librairie Privat. Ils ont pu stocker ces manifestants dans l’entrée d’un immeuble, au numéro 19. Pendant leur manège, des pompiers syndiqués à la CGT les ont vus et leur ont arraché les autocollants tandis qu’un attroupement se formait. Quelques minutes plus tard, les policiers en civil aidés par les CRS ont fait une sortie, poursuivis par des manifestants ”. C’est ce qui a contribué, selon Lucie, a échauffer les esprits place Bellecour, mardi 19 octobre.

Sur une vidéo postée sur le site Internet rebellyon.info, nous distinguons des hommes vêtus de noirs (les policiers en civil de la BAC, selon les témoins), l’intervention des pompiers et l’exfiltration par des gendarmes mobiles.

Dans son entretien à Libération, Bernard Thibault concluait mercredi matin : “des manipulateurs s’infiltrent et poussent au crime dans des piquets de grèves, des manifestations, des occupations de ronds-points, violentent les situations en fin de manif pour avoir des images chocs pour la télé et créer un climat de tension ”.

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